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N’Guemo : « Je m’en sors bien au final »
C'est l'histoire d'un milieu défensif international qui devait lutter pour le maintien chez un promu et qui se retrouve à jouer le top 4 avec les Verts. Retour avec Landry N'Guemo sur quelques mois de galères.
C’est l’une des victimes collatérales d’Hafiz Mammadov. Landry N’Guemo, 29 ans, 39 sélections avec le Cameroun et près de 200 matchs au compteur en Ligue 1. En juillet dernier, en fin de contrat avec les Girondins, l’ancien Nancéien rejoint le promu lensois après une Coupe du monde en forme de fiasco (0 point, 9 buts encaissés) au cours de laquelle N’Guemo participe à la défaite des Lions face à la Seleção (4-1). Mais le 5 août, l’été pourri de Landry se poursuit. La DNCG interdit les Sang et Or de recrutement tant que l’actionnaire azéri ne verse pas les 4 millions d’euros attendus par le CNOSF. Douche froide pour N’Guemo qui s’engage tout de même à rester dans le Pas-de-Calais, en attendant que le RCL puisse de nouveau recruter.
Comme un élève modèle, le Camerounais s’entraîne avec la bande à Kombouaré. En attendant son heure. « Je m’entraînais même le week-end » indique-t-il. Pas facile en sachant que ses coéquipiers ont la carotte du match le samedi, contrairement à lui : « Justement, coupe le milieu de terrain. Je m’entraînais encore plus, car je savais que je n’aurais pas de match et qu’il ne fallait pas que je perde le rythme. Il me fallait encore plus d’entraînement. Ma motivation, c’était tout simplement de pouvoir rejouer. Mais il faut être costaud mentalement, ce n’est pas évident. » Pour qualifier ces quelques mois passés sans avoir le droit de fouler une pelouse de Ligue 1, le mot « galère » revient souvent dans la bouche de N’Guemo. « Le métier est parfois difficile, on va dire » , souffle-t-il.
Les fiançailles avant le mariage ?
La période, seul, est compliquée, sans sa famille restée à Nancy, et il croit voir le bout du tunnel à la mi-décembre. Le RC Lens peut de nouveau recruter, fait signer Benjamin Boulenger, ainsi que Samuel Atrous, mais pas N’Guemo. En effet, les deux parties ne s’entendent pas sur les émoluments du joueur. Du coup, pas de contrat et retour en Lorraine, à Nancy, là où le Camerounais a fait ses débuts en Ligue 1 sous les ordres de Pablo Correa en 2005. L’ancien Bordelais s’entraîne avec l’ASNL et reçoit « des offres pas très intéressantes » selon ses dires. « Mon agent était aussi en contact avec Saint-Étienne et quand Cohade se blesse, tout s’est accéléré. » Après la blessure du numéro 10 des Verts face au PSG en Coupe de la Ligue, le Camerounais, qui présente l’avantage d’être libre, contrairement à Digard ou Chantôme, signe le 16 janvier un bail de six mois dans le Forez. « Ce sont les fiançailles. Nous verrons s’il y a un mariage pendant l’été » , justifie Galtier dans L’Équipe pour expliquer ce contrat aussi court, tout en se félicitant de l’arrivée de son nouveau milieu : « Nous connaissons très bien ce joueur qui nous avait fait des misères, la saison dernière, avec Bordeaux » , explique le technicien stéphanois.
« Je ne me suis pas senti à la rue »
En stand by chez un mal classé du championnat, N’Guemo atterrit donc finalement chez un candidat au top 4. « J’aurais préféré rejouer plus tôt. Mais dans ma galère, je m’en sors bien au final, avoue-t-il. Cependant, ne pas jouer pendant cinq ou six mois, c’est une horreur, c’est terrible. Je me suis bien entraîné, mais rien ne remplace les matchs » , concède celui qui n’a pas été vraiment surpris de voir un club du calibre de Sainté faire appel à ses services : « Même si cela faisait six mois que je n’avais pas joué, je me disais « Ok, ils peuvent douter. » Mais par rapport à mes qualités, j’estime que je peux jouer et apporter quelque chose. Ils en sont conscients aussi. » Et chez les Verts, pas le temps de gamberger. Galtier compte sur lui, et vite : « Il a beaucoup d’atouts, estime le coach des Verts, toujours dans L’Équipe. Sa polyvalence lui permet de jouer devant la défense, mais également en relayeur. C’est un joueur qui connaît très bien notre championnat. Il va s’intégrer très rapidement. » Tellement rapidement que deux jours après sa présentation officielle, N’Guemo est dans le groupe qui se rend à la route de Lorient pour y affronter le Stade rennais.
Pendant 72 minutes, le ratisseur assiste à la purge, avant d’y participer, en lieu et place de Mollo. « Quand le coach me dit d’entrer, je n’ai qu’une envie, c’est jouer. Ce n’était pas un match facile, et il fallait être tout de suite dans le bain. Mais ça va, je ne me suis pas senti à la rue, c’est rassurant » , explique celui qui n’avait pas joué un match officiel depuis le Mondial. Dans un match plus que pauvre en occasions de buts « Tsafack » – une partie de son nom floqué sur son maillot – tente même sa chance, trouvant le mauvais côté du petit filet de Costil. Gratuit, frais et ayant tout à prouver afin de « conclure un partenariat à long terme » avec l’ASSE, N’Guemo rassemble les caractéristiques du joueur de devoir qui pourrait rendre quelques services à Galtier en l’absence de Cohade… même si sa vraie fausse arrivée à Lens lui a coûté sa place à la CAN : « C’est vrai que c’est un regret, mais c’est le destin. Et puis c’est magnifique les Verts ! » Alors, on dit merci Hafiz ?
AB