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Neymar perd-il son temps au Brésil?
Monstrueux faces aux défenses sud-américaines souvent faiblardes, le minot à la crête peine à confirmer avec la Seleção face aux ténors du vieux continent. Question : le championnat brésilien est-il archi-faible ou bien Neymar est-il vraiment fort ?
Ah pour claquer quatre pions contre União Barbarense, il y a du monde ! Mais quand il faut se coltiner l’Angleterre, l’Italie ou la Russie avec l’équipe nationale, Neymar fait beaucoup moins le fier. A tout juste 21 ans, le prodige de Santos porte sur les épaules tous les espoirs d’une Seleção pas franchement sereine à un peu plus de deux ans de SON Mondial.
Dribbles chaloupés, adversaires aux reins brisés, ados hystériques… Le gamin de Santos met le pays à ses pieds et s’est déjà forgé un palmarès bien fourni. Trois championnats paulistes, une Coupe du Brésil et surtout, la Libertadores. En brillant contre les meilleurs clubs du continent, il a prouvé que son talent pouvait s’exporter à l’international.
La jurisprudence Lionel Messi
Le hic, c´est que dès qu’il sort de son cocon sud-américain, il devient transparent. Quand ils le voient galérer avec la Seleção, les plus optimistes citent l’exemple de Messi, qui a mis un bout de temps avant de reproduire avec l’équipe d’Argentine les prestations de haut vol qu’il a l´habitude de sortir avec le Barça. C´est vrai que comme Messi, Neymar est plus à l’aise avec Santos, un équipe où il a ses repères qui joue pour lui.
Cela dit, les Meninos da Vila ont montré leurs limites lors de la finale du mondial des clubs 2011, justement contre le Barça. Une dérouillée 4-0 avec un grand Messi et un Neymar tout petit qui dira après le match avoir reçu « une leçon de football » . OK, n’est pas le Bayern qui veut. Ce soir de décembre au Japon, les Catalans marchaient sur l’eau et le lutin argentin n’était pas sur une jambe. Malgré tout, Neymar s’est quand même pris une bonne claque et a compris la distance qui le séparait du haut niveau.
Pourquoi Pato et Forlan ne font pas de même ?
Dommage, quelques mois plus tôt, il s´était justement engagé à rester à Santos jusqu’en 2014. Depuis, de plus en plus de voix se sont élevées (Parreira, Mano Menezes, Ronaldo) pour clamer haut et fort que le diamant brut devait être taillé dans un grand club du Vieux Continent pour se frotter à des défenses plus rugueuses. En gros, ce n’est pas en faisant des slaloms contre des équipes de seconde zone que Neymar va progresser et se hisser au top niveau pour amener le Brésil aux sommets.
Pour autant, si Neymar fait le show tous les week-ends au Brésil, c´est aussi parce qu’il a un talent au-dessus de la moyenne. Si c´était si facile, les Pato, Forlan et compagnie passeraient leur temps à dribbler depuis le milieu de terrain. Neymar le fait, lui, et avec une classe insolente. Et pourtant, le Brasileirão regorge de défenseurs de qualité, comme Dédé, Réver ou l´ancien Valenciennois Gil, qui s’éclate aujourd’hui´hui à Corinthians. Ce qui fait la différence, c´est le rythme de jeu. Quand il affronte une équipe européenne, Neymar est souvent dépassé parce qu’il n´est pas forcément habitué à devoir lâcher le ballon en une demi-seconde parce qu’il a deux chiens de garde sur le râble.
Le Corinthians de Tite > Neymar
En dehors du Barça et des sélections du Vieux Continent, une seule équipe a vraiment su museler totalement Neymar : le Corinthians de Tite, certainement le meilleur coach du moment au Brésil, qui prône le pressing tout-terrain et dont la presse locale dit qu’il fait jouer son équipe « à l´européenne » . Pas étonnant que le Timão ait totalement étouffé Chelsea lors du dernier Mondial des Clubs. Quelques mois, plutôt, Neymar et compagnie avaient aussi été broyés par le rouleau-compresseur corintiano en demi-finales de la Libertadores.
Au niveau local, on remarque aussi que le seul titre qui lui manque est le championnat brésilien, sans doute le plus difficile. Le niveau est bien plus élevé que lors du premier semestre, quand il affronte des équipes toutes pourries lors du championnat pauliste dont le niveau ferait parfois passer notre CFA pour la Ligue des Champions. Le Brasileirão, c´est une autre paire de manches.
Un calendrier brésilien pas aidant
En plus, Santos n´est pas aidé par le calendrier absurde de la CBF, qui ne tient absolument pas compte des dates Fifa. Du coup, le môme est sélectionné à tour de bras, y compris pour des matchs amicaux bizarroïdes et sans intérêt, et son club ne peut l´utiliser qu’au compte-goutte. L´année dernière, entre les JO et les amicaux, il a raté près de la moitié des matchs de Santos en championnat. Et quand il est sur place, il passe un temps fou à faire des campagnes de pub pour rentabiliser l’investissement du club qui casse la tirelire pour le garder au pays.
En juin, Neymar passera à nouveau un gros test avec la Coupe des Confédérations, précédée de deux amicaux contre l´Angleterre au Maracanã et contre les Bleus à Porto Alegre. En attendant, la nuit (avant-)dernière face au Chili et avec une Seleção composée uniquement de joueurs du pays, Neymar et les siens n’ont pas vraiment rassuré, obtenant finalement un nul médiocre (2-2). Neymar a marqué le deuxième but mais pas le troisième, ni le quatrième et encore moins le cinquième. Comme contre União Barbarense.
Par Louis Génot, à Rio de Janeiro