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Neymar, le chemin de la poisse

Par Mathieu Faure
5 minutes
Neymar, le chemin de la poisse

Une prolongation qui ne demande qu’à être officialisée, des retrouvailles avec le FC Barcelone que tout le monde attendait, une histoire d’amour qui commençait à prendre avec le public parisien et puis la routine est venue balayer tout ça d’un revers de la main. Comme en 2018, 2019 et 2020, Neymar s’est blessé avant une échéance importante de Ligue des champions avec le PSG. Cette fois, le Brésilien pourrait manquer la double confrontation face aux Catalans. Tout sauf une surprise.

Le karma. L’ADN. La force de l’habitude. Avec le recul, les supporters du PSG, enfin, certains, ont sans doute trouvé ce clin d’œil du destin presque amusant. Après le métatarse en 2018 et son come-back en 2019, la douleur costale de 2020, voici la lésion aux adducteurs pour Neymar Jr. Moralité, le Brésilien, joueur le plus cher de l’histoire, devrait manquer la double confrontation face au FC Barcelone en Ligue des champions. Une sale habitude puisque le numéro 10 avait déjà zappé le match retour contre le Real Madrid en 2018 et la double confrontation face à MU en 2019 pour blessure.

L’an dernier, il avait effectué son retour de justesse lors du match aller face à Dortmund en étant dans un état physique déplorable. Contre Barcelone, rebelote, le PSG devra composer sans son maître à jouer, touché contre Caen, mercredi soir. Mais pourquoi diantre a-t-il joué contre une équipe de Ligue 2 coachée par Pascal Dupraz en Coupe de France à six jours d’un huitième de finale aller ? Parce qu’il revenait, déjà, de blessure (la cheville courant décembre), et avait manqué le début d’année civile ainsi que la réception de Nîmes (suspendu) et le déplacement à Marseille où une gueule de bois/gastro l’avait cloué sur le banc des remplaçants. Un Neymar sans rythme est un Neymar sans vie (cf Dortmund en 2020, Madrid au Bernabéu en poule en 2019, etc.), il y avait donc un besoin nécessaire de lui donner du rythme pour qu’il monte en puissance, ce que semblait confirmer son début de match en Normandie.

Faire la fête, la normalité

Alors que l’officialisation de la prolongation de son aventure pour quatre ans du côté de la capitale n’est plus qu’une affaire de communication, se pose la question existentielle : comment faire pour miser autant d’argent, autant de temps, sur un joueur aussi génialement doué, mais constamment blessé ou en reprise ? La semaine dernière, le Brésilien a longtemps veillé face à une émission de téléréalité brésilienne. Ce n’est pas une nouveauté. Le travail invisible, souvent indispensable pour combattre les blessures musculaires, n’est pas franchement l’ami du numéro 10.

Un péché mignon qu’il ne cherche même pas à cacher. «  Qui n’aime pas faire la fête ? Tout le monde aime s’amuser. Moi, je sais quand je peux et quand je ne peux pas faire la fête, même si certains disent que je suis immature et que je ne sais pas ce que je fais, lâche-t-il dans 7 à 8 sur TF1 fin janvier. Cela fait plusieurs années que je suis au top et, si on est focalisés à 100% sur le football, moi je pense qu’on finit par exploser. La fête, c’est l’occasion de se relaxer, d’en profiter. Donc c’est une chose à laquelle je ne renoncerai jamais.  » Difficile de faire plus clair.

L’aimer malgré ses défauts ?

Il faut prendre Neymar comme il est, en quelque sorte. Accepter ses défauts pour mieux apprécier son talent. Mais un joueur moins doué, moins fantasque, moins fort, mais plus fiable, ne serait-il pas un meilleur atout sur la durée pour le PSG ? La question se pose, car depuis sa signature au PSG en août 2017, le Brésilien n’a disputé que 103 des 191 matchs joués par son club. À titre de comparaison, Ángel Di María en a joué 155, Kylian Mbappé 151, Marquinhos 141 et Marco Verratti, pourtant lui aussi réputé comme fragile, 130. En somme, le PSG a décidé de confier les clés de sa bagnole à un conducteur qui est absent une course sur deux. C’est trop. Surtout quand les absences se répètent aussi souvent. À une telle récurrence, difficile d’invoquer la malchance, le hasard ou l’accident de parcours.

Alors certes, d’aucuns parleront de l’arbitrage qui ne «  protège  » pas assez le Brésilien, certains parleront de l’impact physique limite de certains joueurs de l’Hexagone, d’autres parleront même de la qualité des terrains, comme si la Formule 1 brésilienne s’abîmait à rouler dans un bac à sable. Mais on en revient toujours au même point : le Brésilien fait-il tout ce qu’il faut, en dehors des terrains de football, pour être l’égal de Cristiano Ronaldo et Lionel Messi qui, à 36 et 33 ans, enchaînent les saisons frénétiques sans connaître de blessures majeures ? A priori non.

S’en remettre à Dieu

Du coup, on fait quoi ? Car le PSG va sans doute lier son avenir au Brésilien pour quatre saisons supplémentaires, alors que le poids des ans, des blessures et des kilos se voient de plus en plus à l’œil nu. En attendant, c’est tout le PSG qui se met à vaciller à cinq jours de retrouver un club qui l’a déjà éliminé trois fois depuis 2013 et avec lequel la dernière double confrontation avait donné lieu à la fameuse remontada. Avec Neymar, en procès avec son ancien club, l’espoir était de mise au moment du tirage au sort en décembre. Sauf qu’en une semaine, les Parisiens ont envoyé Ángel Di María et Neymar à l’infirmerie et que la psychose commence à s’installer. Pourtant, le FC Barcelone n’est pas très fringant, mais le PSG sait se déstabiliser tout seul, comme un grand.

Sans compter que la course au titre en Ligue 1 n’a jamais semblé aussi incertaine et qu’est évoquée, ici et là, une saison sans titre de champion de France. À chaud, il semble délicat de trouver un semblant de logique dans cette saison très particulière, notamment physique, mais le PSG doit aussi se poser la question dans la manière de mieux encadrer son meilleur joueur quand il est livré à lui-même et ses démons 2.0 dans sa villa de Bougival. Hier, le Brésilien a imploré le Très Haut sur Twitter après sa blessure. Et souvent, quand Neymar s’en remet à Dieu, c’est que ça sent le roussi. Au PSG, on commence à en avoir l’habitude, mais la même sensation s’invite systématiquement à la lecture des communiqués médicaux concernant son meilleur joueur : ça casse les couilles.

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