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Neymar, l’amour dure trois ans

Par Antoine Donnarieix
6 minutes
Neymar, l’amour dure trois ans

Symbole d'un Barça convalescent, Neymar paraît en bout de course depuis un mois. Une situation lassante que le Brésilien ferait mieux de corriger le plus vite possible.

Le Camp Nou retient son souffle, puis s’incline devant ce condensé de talent. En cette soirée du 8 novembre 2015, l’exigeant public barcelonais trouve son bonheur dans les dribbles chaloupés et les voltes d’un joueur au-dessus des autres : Neymar da Silva Santos Junior. Contre Villarreal, les Culés mènent déjà 2-0 quand un contre se lance à cinq minutes de la fin du match. Servi côté gauche, Luis Suárez accélère et remet en une touche la balle à son compagnon, bien placé pour engendrer une occasion de but. Où se trouve Lionel Messi ? Dans les tribunes. La Pulga est blessée depuis bientôt deux mois, et ce soir, Luisito et Ney assurent le spectacle sans leur troisième force. Sandro Ramirez est à la rue, le Brésilien fait donc parler la magie. Un contrôle rapide des abdominaux, un sombrero suivi d’une demi-volte pour se jouer de Jaume Costa, puis une reprise de volée imparable pour Alphonse Areola. 3-0. Dans un style capillaire classique et sans chichi, Neymar jubile, mime la folie avant d’aller s’empaler dans les bras de Suárez. Tout va trop vite pour le monde réel, et même sans son M, la SN mène un train d’enfer. Le Barça prend trois points d’avance sur un Real Madrid en péril à Séville, puis s’apprête à jouer le premier Clásico de la saison dans la peau du leader de Liga. Le Barça va coiffer le Real, parce que Neymar le vaut bien.

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Consonne abandonnée

Si le scénario est idéal côté Barça, il date déjà d’hier. Une partie de la peau de l’ours était vendue après avoir laminé les Blancos au match aller, cela semblait presque légitime. Cinq mois plus tard, les dynamiques se sont inversées. Certes, les Blaugrana sont encore devant au classement et gardent l’avantage de la différence particulière sur ses deux rivaux, mais l’élimination en quarts de C1 contre l’Atlético constitue un tournant dans sa saison. Depuis ces deux matchs à enjeu, la tension se lit davantage sur les visages des têtes d’affiche, à commencer par la MSN. En baisse de forme notable depuis les matchs éliminatoires pour le Mondial 2018, le M tend à refaire surface sans s’avérer décisif. Le S donne tout, garde son impact offensif et reste irréprochable. Et le N ? Une âme en peine, à la recherche d’un but depuis un penalty qu’il avait obtenu après simulation lors du match retour contre… Villarreal, le 20 mars dernier (2-2). D’ailleurs, cette rencontre jouée il y a tout juste un mois sonne comme le début des ennuis pour le Barça, après s’être fait remonter de deux buts en seconde période. La suite ? L’annonce du décès de Johan Cruyff, l’hommage émouvant du Nou Camp, la perte du Clásico, la victoire de Suárez contre un Atlético réduit à dix, la malédiction d’Anoeta, les deux banderilles assassines de Griezmann et, cerise sur le gâteau ce dimanche, une défaite à domicile contre le quatorzième du championnat. Une sacrée spirale négative, dans laquelle Neymar est tout de même parvenu à s’illustrer.

« Ferme-la, je touche dix fois plus que toi ! »

Habitué aux joutes verbales à chaque fois que son chemin croise celui de Juanfran, Neymar est cette fois-ci tombé sur un os. Au courage et à la ruse, le défenseur droit s’est amusé de l’ailier auriverde, bien aidé par la capacité de celui-ci à réagir de façon très vive à la moindre altercation. Certes, Neymar prend des coups. Certes, son jeu incite à venir provoquer l’adversaire. Mais sans utiliser sa matière grise et son sang-froid, Ney se condamne tout seul à entrer dans des jeux de vilains où il ne sera jamais le meilleur. Mercredi dernier, Diego Godín et le tout jeune Lucas Hernandez se sont fait des petits plaisirs à défier la star du regard, à venir lui faire des caresses de compassion… Comme trop souvent, Neymar est tombé dans le panneau, à proférer des insultes qu’il aurait mieux fait de garder bien enfouies dans son esprit. En clair, dès qu’il sort de son match, les défenseurs gagnent désormais la bataille. Et tant que Neymar ne grandira pas sur cet aspect comportemental, sa dynamique ne changera pas. Le week-end dernier, sa nouvelle altercation avec Antonio Barragan, la quatrième en une semaine donc, est là encore symbolique. L’origine de la brouille entre les deux hommes remonte à l’écrasante victoire du Barça contre Valence en coupe, le 3 février dernier (7-0). Ce soir-là, Neymar s’était adressé au latéral droit des Chés avec une petite danse en prime. « Ferme-la, je touche dix fois plus que toi ! » Dimanche, c’était donc l’heure de la revanche pour Barragan : « Hé, maintenant tu ne danses plus et tu n’insultes plus, pas vrai ? » Fragile, Neymar répond par un lancer de bouteille d’eau, mais pour le bien de tout ce beau monde, son habileté manuelle est restée inefficace. Toujours est-il qu’en période de mini-crise au Barça, Neymar ne trouve rien d’autre à faire que de créer davantage de zizanie. De quoi agacer.

La porte ouverte à Paris ?

Étant donné la dynamique actuelle et les effets secondaires au sein du Barça, l’éventualité d’une saison sans titre devient plausible. Si tel est le cas, des changements seront à prévoir, au-delà de changer l’entraîneur ou de renforcer le banc de touche. L’un de ses changements, aussi fou soit-il, serait la vente de l’une des trois lettres offensives du Barça, histoire de démarrer un nouveau cycle. Intransférable, Lionel Messi va rester au Barça jusqu’à son départ pour l’Argentine. Depuis un an et demi, Luis Suárez s’est rapproché de son pote sur le terrain comme en dehors, et semble être le plus heureux des hommes où son homonyme Ballon d’or 1960 s’est mis à briller. Nouveau quid de Neymar ? Depuis l’affaire de sa visite au mémorial Johan Cruyff avec comme attirail des lunettes de soleil et une casquette à l’envers, La Vanguardia dévoile que le style de vie du joueur, souvent amené à connaître le monde de la nuit, commence à déplaire aux dirigeants du Barça. Une couverture médiatique qui fait écho au départ pour le Milan AC d’un certain Ronaldinho Gaucho, en 2008. Même si, bien entendu, des hic sont visibles : Neymar est âgé de 24 ans contre 28 pour son aîné, son contrat court jusque juin 2018 et sa clause libératoire est fixée à 190 millions d’euros. Une somme encore astronomique, c’est vrai. Mais pour combien de temps encore ? Quand on sait que Marquinhos cire encore le banc de touche du PSG, il y aurait sûrement matière à s’arranger. Si c’est le prix pour entrer dans la cour des très grands…

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