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Neymar au Barça, gare au rejet de greffe
Pour combattre sa routine et prévenir une fin de cycle, le Barça s’est offert un cocktail molotov avec une crête, répondant au nom de Neymar, qu'il compte présenter aujourd'hui au Camp Nou. Si certains parlent déjà d’une erreur de casting, d’autres voient le Brésilien comme le joueur capable de redonner le sourire à tout un club. Analyse.
Sandro Rosell, le président du Barça, a de quoi pavoiser aujourd’hui. L’homme qui avait convaincu Ronaldinho de rejoindre la Catalogne en 2003 va définitivement redorer son blason auprès des socios en présentant en grande pompe (à 18h15 au Camp Nou) celui que le monde entier s’arrachait : Neymar. En réalisant le premier gros coup du mercato, le Barça s’est aussi fait un bien fou à l’égo. Malgré une saison en demi-teinte et la baffe munichoise reçue en demi-finale de Champion’s par le Bayern, les Blaugranas semblent en effet tout rassurés de constater que leur pouvoir de séduction reste intact aux yeux de ceux qui ont l’étiquette de « cracks ». L’histoire retiendra ainsi que le jeune Brésilien aura repoussé à la dernière minute une offre supérieure du Real Madrid (les Merengue ont proposé 11 millions de salaire annuel au joueur ; le Barça « seulement » sept) pour signer chez les Catalans. Wagner Ribeiro, l’agent du joueur, très proche de la Maison Blanche et de son président (c’est lui qui a envoyé Ronaldo au Real) a pourtant tout fait pour que Florentino Perez, soit réélu cet été par les socios merengues. Sans succès : « Florentino est fan de Neymar. S’il avait été mon fils je l’aurais envoyé au Real, mais c’est mon client et j’ai fait ce qu’il m’a demandé. » Neymar da Silva Senior, le vrai père de l’ex-star de Santos, a révélé aux micros de O’Globo ce qui a réellement poussé son fils à opter pour le Barça : « Il a fait un choix sportif plus qu’économique car il a jugé que son style s’adapterait mieux à celui de sa future équipe. » Le raisonnement semble être d’une logique implacable. Reste à savoir si la greffe peut effectivement prendre entre le Brésilien et ses futurs coéquipiers.
Neymar, buzz sans lendemain ?
Une chose est sûre, en choisissant le sportif plutôt qu’un pont d’or pour sa première expérience européenne, Neymar a démontré qu’il est peut-être plus mature que sa vilaine crête laissait bien penser. Appelé à être le héros de toute une nation en 2014, Neymar aurait pu rester tranquille à Santos en attendant un coup de fil de ‘Felipao’. Au lieu de cela, il semble avoir écouté les conseils de ses illustres prédécesseurs, à commencer par son idole Ronaldo, qui lui recommandaient de traverser l’Atlantique pour s’aguerrir sur le Vieux Continent. Neymar a beau avoir dribblé le Brésil tout entier, il reste encore une véritable interrogation. Car ses exploits youtubesques rappellent beaucoup trop le buzz sans lendemain Robinho. Soucieux de se rassurer après des performances mitigées sur la scène internationale avec la Canarinha, Neymar aborde l’exil comme une véritable formation accélérée du plus haut niveau. Accessoirement, il aspire aussi à faire de son compte en banque le grand gagnant du prochain Mondial. Il lui reste un an pour développer son image à l’international et montrer aux annonceurs qu’il peut être le joueur bankable dont ils ont besoin pour leurs pubs.
Si Neymar a choisi de crédibiliser son image en arborant un logo Qatar Foundation sur le torse, ce n’est pas un hasard. Le Barça est peut-être le seul club au monde qui préfère la chasse à la prise. La manière au résultat. Les Blaugranas ne brillent pas vraiment pas leur pragmatisme et c’est sans doute en cela qu’ils sont uniques dans un univers où seuls comptent les trois points de la victoire. C’est un fait, les Catalans aiment la chantilly. Les Brésiliens du club sont d’ailleurs tous rentrés dans l’histoire en réalisant des gestes siglés du sceau joga bonito plus que par leurs titres. La cola de vaca de Romario sur Alkorta, le ciseau de Rivaldo contre Valence, le slalom de Ronaldo face à Compostelle et l’elastico de Ronaldinho sont encore présents dans tous les esprits. Messi a beau marquer 50 buts par saison, le Camp Nou et le jeu du Barça nécessite aujourd’hui quelques grammes de folie pure que Neymar est capable d’offrir. Il y a 10 ans, Ronaldinho avait réactivé un Barça moribond à base d’insouciance et de tours d’otarie. Aujourd’hui le Barça n’a pas besoin d’être rebooté mais plutôt de retrouver le sourire et une insouciance qui semble avoir disparu depuis l’arrivée de Vilanova sur le banc. Neymar est l’antidote idéal pour lutter contre la routine dans laquelle semble bercer l’actuel champion de Liga.
Messi jaloux de Neymar ?
Déséquilibrant, feinteur, ambidextre et capable de jouer sur tout le front de l’attaque, les qualités du soliste auriverde ne correspondent pourtant pas vraiment aux critères habituels de la maison blaugrana. C’est justement pour ça qu’il a réveillé l’intérêt du staff technique. Trop dépendant des fulgurances de Messi, le Barça s’est retrouvé grippé lorsque la Pulga s’est blessée. Reste à savoir quel accueil l’Argentin réservera au prodige brésilien. Pour Cruyff, la cohabitation entre deux joueurs de calibre est loin d’être gagnée : « Je ne mettrais pas deux capitaines sur un même bateau. Ce n’est pas bon » a-t-il affirmé au lendemain de la venue du crack. Messi, coupable pour certains du départ d’Ibrahimovic, d’Eto’o ou encore de Ronaldinho s’est pour l’instant montré très élogieux envers son futur partenaire. Les deux hommes se sont rencontrés pour la première fois, en 2011, lors de la finale de la coupe du monde de clubs dans laquelle le Barça de La Pulga avait laminé le Santos du Brésilien (4-0). Ce soir là, Neymar avait alors mesuré le chemin qu’il lui restait encore à parcourir pour atteindre le niveau de son rival : « C’est le meilleur joueur du monde et le Barça la meilleure équipe de tous les temps. On a reçu une belle leçon. » L’idée de côtoyer le quadruple Ballon d’or a d’ailleurs été déterminante dans le choix du brésilien. « Mon fils m’a dit que le rêve de jouer un match avec Messi était plus fort que de jouer toute une année avec Cristiano Ronaldo. » , a révélé le père au micro d’ESPN juste après l’officialisation du transfert. Neymar a déjà compris ce qu’il fallait dire pour se faire bien voir de ses nouveaux coéquipiers. Reste à savoir s’il saura se montrer tout aussi efficace sur le terrain.
Par Javier Prieto-Santos