- C1
- Quarts
- Bayern-PSG (2-3)
Neymar a mené le Bayern par le bout du nez
Double passeur décisif face au Bayern mercredi soir, Neymar a mystifié par séquences la défense bavaroise, en ponctuant son match d'inspirations qui flirtent avec l'irrationnel. La marque d'un joueur que personne n'arrive décidément à lire ou à comprendre, pour le meilleur et pour le pire.
On ne sait plus vraiment si cet homme-là veut être aimé. Face à Lille, samedi, Neymar, de retour sur les prés après plusieurs semaines d’absence, avait franchi une nouvelle ligne rouge en se frittant avec Tiago Djaló. Bilan : un carton rouge, plusieurs matchs de suspension et des images navrantes pour le PSG, dont le narcissisme enfantin de sa superstar brésilienne devient franchement embarrassant. Bien souvent, le numéro 10 francilien est une frustration permanente, comme le sont les promesses non tenues ou les œuvres inachevées. Sauf certains soirs, comme ce mercredi à Munich, où l’ancienne pépite de Santos a décidé de ne plus faire les choses à moitié.
Créateur d’irrationnel
Parce que le PSG n’a presque pas eu le ballon face à des Munichois trop dominateurs pour partager la gonfle, Neymar ne pouvait exister que par séquences lors de ce quart de finale aller de C1. Pour être royal, il fallait saisir à la volée les quelques instants de répit, les éphémères pointes de rébellion que Paris pouvait opposer à l’hégémonie bavaroise. Ces moments-là, le Brésilien les a façonnés à son image, dans son style à lui, écœurant de verticalité et de simplicité, face aux trésors d’ingéniosité collective que le Bayern a dû développer de son côté pour marquer. Sa percée puis sa passe décisive pour Mbappé sur le premier pion parisien sont irrésistibles, et marquées d’une forme d’inévitabilité qu’Alaba et compagnie n’ont pas su conjurer. Son second service express pour Marquinhos, auteur d’un enchaînement contrôle-tir de toute beauté, a comme quelque chose d’irrationnel, d’injuste, pour un adversaire qui ne pouvait pas sérieusement anticiper un geste comme celui-ci. Sur son mauvais pied, à la suite d’un dégagement anodin de la défense adverse, Neymar a trouvé le bon angle, la bonne inclinaison, le bon dosage, pour que sa passe traverse la forêt rouge, et servir ainsi son capitaine dans la surface.
L’Affranchi
C’est une forme de logique sportive que le Brésilien, secondé par Mbappé, a renversé lors de cette rencontre. 15 corners à 1, 31 tirs contre 6, 66% de possession contre 34% : le PSG a joué comme une petite équipe ce mercredi. Une petite équipe dont le plus grand joueur s’affranchit d’un peu tout : des bonnes manières, de l’évidente supériorité adverse, de l’impossible que les joueurs normaux apposent à des actions anodines, où lui sait voir des opportunités que les autres n’imaginent pas. Comme si le football de Neymar était aussi insondable et illisible que son comportement. Et si, finalement, il ne fallait plus chercher à comprendre cet homme-là ? Certaines nuits de football, il faut savoir aussi être hédoniste. Ranger les statistiques au placard, oublier les systèmes de jeu, se libérer des carcans de l’analyse froide et purement rationnelle. Ces nuits-là sont souvent celles des joueurs comme Neymar. Ce mercredi, c’est son football, anormal, imprévisible et déraisonnable qui a déréglé la meilleure équipe du monde. Reste à voir si le Brésilien pourra prolonger ce grandiose illogisme au match retour.
Par Adrien Candau