- Europe – NextGen Series
NextGen Series, la mini-Ligue des champions
Depuis le début de saison se déroule la deuxième édition des NextGen Series, première compétition européenne de clubs consacrée au moins de 19 ans. Le concept, qui a déjà séduit 24 des meilleurs clubs du continent, dont l’OM et le PSG, doit permettre aux jeunes en fin de formation de faire connaissance avec le rythme et l’intensité des joutes internationales. Et c’est loin d’être une idée à la con.
« Le projet est né en 2005, quand on s’est rendu compte qu’il n’existait pas vraiment de compétition pour les joueurs des centres de formation, en tout cas pas au niveau européen. » Justin Andrews est un petit malin. Producteur télé de métier, touchant pas mal sa bille en business du foot, il s’associe avec son pote Mark Warburton, ancien responsable du centre de formation de Watford et actuel directeur sportif de Brentford, avec pour projet de lancer une compétition inédite, regroupant les meilleures équipes de jeunes du continent. L’idée est loin d’être conne, car permettant d’offrir aux gamins un moyen d’exprimer leur talent hors du cadre national, d’enchaîner les matchs le week-end et en semaine comme les pros et leur donner l’habitude des voyages, parfois lointains. Et puis bien sûr les confronter à d’autres footballs, d’autres tactiques. Les NextGen Series en gros, c’est une Ligue des champions pour les jeunes, une sorte de formation en alternance, avec l’opportunité de goûter au terrain avant l’heure en jouant des équipes du calibre du Barça, de la Juve ou de Chelsea.
Les juniors du Barça à White Hart Lane devant 9 000 spectateurs
A se demander pourquoi personne n’a eu l’idée avant. Pour sa toute première édition l’an dernier, la compétition a d’ailleurs tout de suite séduit 16 équipes, dont une française, Marseille. Les minots de l’OM, avec Abdullah, Omrani et Gadi notamment, sont parvenus à se hisser jusqu’en demi-finales, battus par l’Inter, futur vainqueur. Cette saison, c’est carrément 24 équipes qui se sont engagées, dont une deuxième française, le PSG. Initiées par les Anglais, les NextGen ont su rapidement s’internationaliser, avec un total de 13 nations représentées. Concrètement, chaque équipe inscrite puise dans son centre de formation pour constituer un groupe de 18 joueurs. Tous doivent avoir moins de 19 ans, sauf trois qui peuvent avoir 20 ans au plus. Les matchs ont lieu en semaine, avec d’abord une phase de poules classique, puis une phase à élimination directe sous forme de tournoi, qui devait initialement être organisée dans un pays du Moyen-Orient mais qui finalement a lieu en Angleterre. Du moins pour l’instant.
Débutée en août, la deuxième édition affiche une belle crédibilité, avec un niveau relativement homogène, exception faite des Norvégiens de Molde, qui enchaîne les tôles. Certains clubs offrent même la possibilité aux petits jeunes se s’exprimer dans un grand stade, comme le Sporting au stade José Alvalade de Lisbonne, l’Athletic Bilbao à San Mamés, Aston Villa à Villa Park ou Tottenham à White Hart Lane. Dans cette dernière enceinte, la rencontre entre les Spurs juniors et leurs homologues du Barça s’est déroulée en septembre devant près de 9 000 spectateurs tout de même. Les gamins français n’ont en revanche pas cette chance : le PSG dispute ses matchs au stade d’entraînement du Camp des Loges et l’OM au stade Marcel Cerdan, qui accueille les matchs de Cassis-Carnoux.
Andrea Stramaccioni, merci les NextGen Series
Avec même pas deux éditions dans les jambes, difficile de juger si les NextGen Series sont une totale réussite amenée à s’installer durablement au calendrier. Ce qu’on peut dire, c’est que la compétition semble avoir tout de suite trouvé son rythme de croisière autant que sa légitimité. A l’Inter par exemple, l’entraîneur Andrea Stramaccioni, vainqueur de la première finale de l’histoire disputée le 25 mars dernier, a été promu dès le lendemain 26 mars au poste d’entraîneur de l’équipe première. Un poste qu’il occupe toujours aujourd’hui. A priori, gagner les NextGen constitue donc une ligne sur le CV pas dégueulasse du tout…
Au niveau des joueurs aussi, il y a d’ores et déjà de belles réussites. Tony Watt, leader de l’attaque des jeunes du Celtic la saison dernière, a été décisif lors du match de Ligue des champions – la vraie – face au FC Barcelone au début du mois. Autre exemple, Mushaga Bakenga a profité de ses performances avec les jeunes de Rosenborg pour aller en Jupiler League belge, où il cartonne depuis quelques semaines. D’autres révélations des NextGen Series première du nom ont depuis intégré l’effectif pro dans leur club : Raheem Sterling à Liverpool, Viktor Fischer à l’Ajax, Marko Livaja à l’Inter… Cette saison c’est pareil, quelques talents semblent profiter de la scène européenne pour se révéler plus vite que prévu, notamment le milieu du Barça Sergi Samper, les attaquants de Tottenham Alex Pritchard et Shaquile Coulthirst et celui d’Arsenal Chuba Akpom. Ils sont les stars de demain et se préparent déjà à l’être.
Par Régis Delanoë