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Néva: « Une vie en short-claquettes »
Formé à Laval où il passe cinq saisons, Samuel Néva, 30 ans, a d'abord traîné sa bosse en Ligue 2 (Le HAC et Grenoble) avant de partir en Belgique pour atterrir en2009 à l'Apollon Limassol. Sans savoir qu'il débarque dans le club le plus populaire de Chypre.
Tu as été formé à Laval, tu es passé par la Belgique. Comment t’es-tu retrouvé à l’Apollon Limassol à Chypre ? Un peu par hasard en fait. J’étais en fin de contrat avec une équipe qui s’appelle Dender en première division belge. Je suis resté deux mois au chômage et un agent en France m’a appelé pour me dire qu’il avait un contact ici à Chypre via un autre agent qu’il connaissait. C’est un peu compliqué mais ça c’est fait comme ça. À partir de là, j’ai eu mon premier contact avec le club qui m’a demandé de rester quelques jours. C’est ce que j’ai fait et ça s’est très bien passé. J’ai eu un très bon contact avec l’équipe et le coach. Ça c’est fait naturellement, je me suis tout de suite senti bien.
Passer de la Belgique à Chypre, ça fait un choc ? C’est pas du tout la même ambiance… La mentalité n’est pas du tout la même. Le climat n’est pas du tout le même non plus mais je suis très content d’être là. Je ne m’attendais pas forcément à un tel niveau. Il y a un bon petit niveau ici à Chypre.
Par rapport à la France c’est comment ? Je dirais que ça vaut un bon Ligue 2 sauf pour certaines équipes comme l’APOEL (Nicosie, ndlr) qui font tous les ans la Ligue des Champions, là c’est niveau Ligue 1. On peut vraiment s’éclater ici, franchement je ne m’attendais pas du tout à ça.
Tu es titulaire ? La première saison j’ai tout joué. La deuxième saison un nouveau coach est arrivé donc j’ai loupé les quatre premiers mois et après j’ai tout joué. Là je vais renouveler à l’Apollon. Pour un an, je pense.
Et niveau salaire, c’est comment le championnat chypriote ? Là ça commence à être la crise. (Rires). Depuis cette année, les salaires ont diminué de 20-25%. Moi quand je suis arrivé, il y avait de bons salaires, mais maintenant les clubs ne fonctionnent plus du tout pareil. Ils font attention à leurs moyens.
Donc la crise grecque touche Chypre ? Elle commence à toucher Chypre oui. Pas autant que la Grèce mais les Chypriotes anticipent et commencent à faire attention à leurs dépenses
C’est comment de vivre sur une île en crise au jour le jour ? Les prix des produits alimentaires augmentent sensiblement et l’électricité est quand même assez chère ici mais bon à côté de ça il y a un cadre de vie quand même assez exceptionnel.
Justement, c’est comment la vie à Chypre ? La vie ici c’est en short-claquettes neuf mois sur douze, et du soleil onze mois sur douze. Les gens sont très gentils. Franchement je suis content d’être là. Déjà pour le foot mais aussi pour ma femme et mes enfants.
Ça leur plaît Chypre ? Oui ça leur plaît vraiment beaucoup. Il y a pas mal de choses à faire comme de très bons clubs de basket et vu que ma femme joue au basket, ça tombe bien. Bon après comme sur toutes les îles, les gens sont un peu coupés du monde c’est normal. Ils ont des idées assez arrêtées quoi… Ils ne sont pas très ouverts sur le monde et sur l’Europe. Mais à part ça je n’ai à dire de négatif sur les Chypriotes.
Sinon le foot à Chypre c’est important ? Le football à Chypre ? C’est comme une religion ! Je pense que c’est comme la Grèce. Les supporters c’est des fous furieux. Mais même s’il y a une très grosse ambiance au stade, entre supporters et joueurs, ça c’est toujours bien passé.
Combien y a-t’il de spectateurs à chaque match dans ton stade ? À peu près 8000 je crois.
Il paraît que vos supporters font partie des meilleurs d’Europe. Tu savais ? Non mais ça ne m’étonne pas. Ce qui m’a le plus marqué quand je suis arrivé ici c’est pas tellement le nombre de supporters à domicile. C’est le nombre de supporters lorsqu’on joue à l’extérieur. C’est magique.
Tu avais déjà connu ça ? Non jamais avec des supporters aussi fanatiques et qui poussent autant leur équipe. Ils font toujours des nouveaux chants et des nouveaux slogans. C’est vraiment des bons supporters.
En 2010, vous avez gagné la coupe non ? Oui, on l’a gagnée en 2010 et en 2011 on a fait la finale.
Tu avais déjà gagné un titre avant ? Non c’est mon premier titre. Ça m’a marqué.
Tu penses que tu aurais vécu ça en restant en France ou en Belgique ? Je ne sais pas, je ne réfléchis pas comme ça. Je suis parti et ça m’a plutôt bien réussi. Mais je n’ai pas de plan de carrière j’ai juste été assez ouvert pour voyager. L’année dernière puisqu’on a gagné la coupe, on est allé en tour préliminaire de l’Europa League mais bon on perd au premier tour.
En fait tu n’as jamais joué en Ligue 1 en France, mais tu as joué l’Europe. C’est pas commun ça non ? Franchement je peux dire merci à l’Apollon parce que sans eux je n’aurais peut-être jamais connu tout ça…
Et un retour en France un jour ça te tenterait ? Je ne sais pas parce qu’à un moment les clubs français savaient que je cherchais et je n’ai jamais eu aucun contact avec eux. Maintenant ça fait presque cinq ans que je ne suis plus en France, peut-être qu’ils m’ont oublié. C’est comme ça c’est, le foot mais je ne vais pas me plaindre.
Propos recueillis par Raphaël Cosimano
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