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- PSG-Lyon (2-1)
N’enterrez pas trop vite Mauro Icardi
Son goût pour la viande grillée et son triste niveau depuis quelques mois en ont fait une cible de choix pour les supporters mécontents du PSG. Pourtant, ce dimanche soir, c’est bien Mauro Icardi qui a sauvé Paris des griffes lyonnaises. Malgré son inconstance, le bomber argentin n’a peut-être pas dit son dernier mot du côté de Paris.
Le Parc des Princes n’avait d’yeux que pour eux. Ángel Di María, Lionel Messi, Kylian Mbappé et Neymar, ceux que l’on aura bien vite fait de qualifier de « quatre fantastiques » du PSG, titularisés pour la première fois ensemble à l’occasion de l’un des plus gros chocs de la saison en Ligue 1, la réception de Lyon au Parc des Princes. Sur le banc, Mauro Icardi était presque passé inaperçu. Son entrée en jeu indigeste plus tôt dans la semaine (40 minutes disputés, 6 ballons touchés, 1 tir, 4 hors-jeu) l’avait officiellement relégué au rang de vilain petit canard de la surpuissante attaque parisienne. Lui qui avait été recruté à prix d’or et sous les hourras il y a deux ans, auteur de 20 buts lors de sa première saison à Paris, était tombé bien rapidement dans le déshonneur, à grands coups de matchs sans âme et de stories Instagram tête plongée dans le gril et les brochettes de viande. Son entrée en jeu, pour les dix dernières minutes face à Lyon à la place de Di María, a même sans doute fait sourire : ce n’était sûrement pas lui, incapable d’enchaîner deux pas le mercredi, qui allait changer quoi que ce soit au score de ce PSG-Lyon, bloqué à 1-1. C’était oublier une chose : Mauro Icardi n’a besoin que d’un ballon pour changer le cours d’un match, surtout quand le sablier se rapproche dangereusement des derniers grains. Saint-Étienne en savait quelque chose, l’OL est désormais également au courant.
Le renard s’est réveillé
Si on aura du mal à le voir bousculer la hiérarchie d’une attaque parisienne blindée de talents cette saison, Mauro Icardi a peut-être prouvé ce soir qu’il avait à jouer un rôle qui lui sied à la perfection : celui du supersub qui te sort des emmerdes au dernier moment. En une petite dizaine de minutes sur le terrain ce dimanche soir, Icardi a fait du Icardi : 3 ballons touchés, 2 passes, un tir, suffisant pour se muer en héros du soir et transformer sa seule tentative à la 93e minute.
En faisant parler deux de ses principales qualités : son sens du placement, et son jeu de tête, qu’il n’a pas eu à forcer sur le service délicieux de Kylian Mbappé. « Il fallait être là à ce moment-là, a-t-il débriefé après coup au micro de Prime Video. Cela dépend du mouvement, mais aussi de la décision du passeur. Honnêtement, ce n’est pas simple. Cela peut le paraître, mais cela ne l’est pas tant que cela. Il faut être présent et marquer sa tête. C’était important pour gagner le match. »
Un profil supplémentaire
À force de l’avoir vu jouer en Serie A et alors qu’il entame sa troisième saison sous le maillot du PSG en Ligue 1, on commence à le connaître, ce diable de Mauro Icardi. C’est un joueur qui peut avoir une véritable brillance sans ballon, dans le pressing notamment, comme il l’avait montré face au FC Barcelone au Camp Nou en Ligue des champions la saison dernière, mais qui n’a que très rarement montré ce niveau d’envie et d’implication. Au lieu de ça, il a prouvé à maintes et maintes reprises le véritable renard des surfaces qu’il pouvait être, avare en déplacements et pauvre en ballons touchés, mais capable de changer chacun de ceux-là en or massif.
Il n’y a pas vraiment trente-six issues possibles à la saison 2021-2022 de Mauro Icardi, qui a par ailleurs déjà inscrit son troisième but en Ligue 1 : s’il continue dans la dynamique de la saison dernière, il peut se faire avaler par la concurrence et ne se lèvera du banc de touche que pour cinq minutes par-ci, par-là ; s’il retrouve ses jambes et son envie, il a un véritable rôle à jouer dans un profil totalement différent de ce que peuvent proposer les quatre titulaires du soir, celui d’un véritable numéro neuf qui sera le réceptacle parfait des caviars distribués par les uns et les autres. Un cas de figure qui avait diablement bien fonctionné lors de sa première saison et, malgré l’accident industriel contre Bruges, son entrée en jeu victorieuse ce dimanche soir peut le requinquer. En attendant de prendre soit la pilule bleue, soit la pilule rouge, Mauro Icardi peut déjà savourer et se satisfaire d’avoir offert les trois points à un PSG bien embêté ce soir, et ce sera toujours mieux que rien. Pour fêter ça, petit asado ?
Par Alexandre Aflalo, au Parc des Princes