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Nelly Viennot : « Bibiana Steinhaus, un exemple pour les autres pays »

Propos recueillis par Thomas Vennin
Nelly Viennot : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Bibiana Steinhaus, un exemple pour les autres pays<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Le 10 septembre dernier, le monde du foot a vécu un moment historique : en tenant le sifflet du match de Bundesliga entre le Hertha Berlin et le Werder Brême, Bibiana Steinhaus est devenue la première femme à diriger un match dans un grand championnat européen. Ça valait bien un entretien avec une autre grande dame de l'arbitrage : la légendaire Nelly Viennot.

Bibiana Steinhaus vient d’officier en tant qu’arbitre central dans un match de Bundesliga. Qu’est-ce que cela vous inspire ?Je trouve que c’est très bien. En plus, en Allemagne, c’est peut-être encore plus compliqué qu’en France au niveau des mentalités. L’Allemagne et l’Italie sont pour moi des championnats encore plus difficiles à arbitrer qu’en France. J’admire ce qu’elle a fait. Elle a démontré une grand force de caractère et beaucoup de volonté dans ses performances. Je trouve que c’est une super évolution. Il faut que ça reste un exemple pour les autres pays.

Fatma Samoura, secrétaire générale de la FIFA, évoque « un message fort pour le reste du monde » . Vous êtes d’accord ? Tout à fait. En Suisse, Nicole Petignat avait été la première femme à faire un match au centre en Coupe d’Europe. En France, on a la chance d’avoir Stéphanie Frappart qui est en Ligue 2 et que j’aimerais voir gravir le dernier échelon. Mais c’est vrai que c’est très compliqué, car en plus des prestations sur le terrain, il y a aussi les tests physiques, les tests vidéo…

Ces tests sont-ils un frein à l’émergence de l’arbitrage féminin ?Oui, lorsqu’on est compétitrice dans un niveau, on passe les tests du niveau auquel on appartient, homme ou femme. Quand j’ai débuté en France, on ne passait que des tests féminins, mais petit à petit on essayait de se rapprocher des tests des hommes. À l’étranger en revanche, je passais déjà les mêmes tests que les hommes, donc ce n’est pas nouveau. Et puis les choses ont rapidement évolué en France. Mais de nous-mêmes, déjà, on essayait de se mettre au niveau des hommes pour leur montrer que nous aussi, nous pouvions y arriver.

Vous mesurez 1,52m. Bibiana mesure 1,81m et elle est fonctionnaire de police. Sans vouloir tomber dans le cliché, ça doit aider, non ?Sincèrement, même si j’étais petite, je n’ai jamais eu de souci avec les joueurs. Ils m’ont toujours respectée. Alors, c’est vrai que je n’étais qu’à la touche, mais on a aussi un rôle important à jouer. Ceci dit, la carrure et les qualités athlétiques de Bibiania sont certainement de sérieux atouts pour elle.

Auriez-vous pu être arbitre au centre ?J’ai arbitré jusqu’au plus haut niveau de Ligue (en DH) et ensuite j’ai eu l’opportunité de me retrouver à la touche lorsque la FIFA a créé un corps d’arbitre féminin et que la Fédération m’a proposé d’être assistante. À l’époque, Corinne Lagrange, Florence Guyot et moi formions le trio d’arbitres féminin au niveau national, et on nous a demandé si on souhaitait faire de la touche au plus haut niveau. Mais c’est difficile de dire si j’aurais pu être arbitre central en D1, puisque l’opportunité ne s’est pas présentée.

Le football féminin est en pleine expansion, mais concernant l’arbitrage, en revanche, les choses semblent tout de même aller assez lentement. Pourquoi ?Déjà, il y a moins d’effectif. Il y a beaucoup moins de femmes que d’hommes qui se présentent aux examens. Pour la théorie, il n’y aucun souci, les filles sont au niveau, mais on rencontre un peu plus de difficulté au niveau physique. Le gros point noir, en France, ce sont vraiment les tests physiques. Depuis l’an dernier sur la ligue Grand Est, nous avons créé un pôle féminin, et cette année, nous allons commencer à leur faire prendre conscience de l’importance des tests physiques si elles veulent aller plus loin. Il y a encore trop d’échecs chez les féminines.

Y a-t-il des filles qui ont le potentiel pour arriver prochainement sur les terrains de Ligue 1 ?Pour l’instant en Lorraine, les filles sont encore trop jeunes, mais on va travailler avec elles pour les emmener au plus haut niveau chez les filles ou, si elles ont le potentiel, chez les garçons. C’est aussi l’avantage des arbitres féminins : elles peuvent postuler chez les femmes et chez les hommes, alors qu’un homme n’aura jamais le titre d’arbitre fédéral féminin. Même quand une fille n’a pas les moyens d’arriver chez les hommes, elle peut quand même arbitrer au plus haut niveau chez les femmes.

Quand on imagine une femme arbitrer un match d’hommes, on a tout de suite l’impression que ça doit être terrible. Mais finalement, à part cette histoire de pétard*, tout le monde était plutôt sympa avec vous, non ?Ah oui ! Ça s’est super bien passé ! Ce qui va faire la différence entre un excellent arbitre et un arbitre moyen, c’est la capacité à se protéger, à se mettre dans une bulle et réussir à se concentrer pendant 90 minutes. Il faut arriver à oublier tout ce qui se passe autour pour éviter de faire des erreurs. Après, nous restons des êtres humains, les erreurs existent, mais le but, c’est d’en faire le moins possible.

Justement, puisqu’on parle du pétard, comment va l’oreille ?J’ai quand même perdu vingt-cinq décibels que je ne récupérerai jamais, mais comme c’est sur les aigus, ça ne me gène pas vraiment pour les conversations.

Vous êtes réserviste citoyenne de l’éducation nationale. Ça consiste en quoi exactement ?J’interviens en tant que bénévole dans les lycées ou les collèges lorsque les proviseurs ou professeurs ont besoin d’une personne pour parler d’un sujet en particulier. Moi, je parle plutôt du respect. Par exemple, il y a deux ans, j’ai fait une intervention dans un collège près de Nancy où j’avais parlé de ma carrière en mettant en parallèle le respect dans la vie courante, dans la cour de l’école, au sport. C’était génial, les enfants ont beaucoup aimé, les professeurs aussi, et du coup, j’ai arbitré le petit tournoi de foot en salle qui a suivi. Ils m’ont demandé de revenir arbitrer le tournoi cette année, c’était vraiment génial.

Vous êtes aussi observatrice pour l’arbitrage féminin.Oui, pour la Fédération française et aussi pour la FIFA. J’observe et je note les quatre arbitres féminins sur certains matchs, puis je fais un rapport en fonction de certains critères. Je reviens d’ailleurs des îles Féroé où j’ai observé un match de qualification pour la Coupe du monde 2019 en France.

Une image qu’il vous reste de votre carrière ?Impossible d’en choisir une seule. Ça a vraiment été une super expérience. Je n’ai absolument aucun regret, mis à part bien sûr l’expérience du pétard et le fait que les gens me reconnaissent surtout grâce à ça, alors que je pense que ma carrière, c’est autre chose. J’ai arbitré pendant vingt-cinq ans, dix ans en première division et treize ans en tant qu’internationale. Je suis heureuse aussi de pouvoir le transmettre aux arbitres que j’observe aujourd’hui. Et puis j’ai eu la chance d’avoir Michel Vautrot qui m’a lancée et que je ne voulais pas décevoir. Avec Eric Poulat et Daniel Bequignat, nous formions une très belle équipe. On s’entendait très bien sur le terrain et à l’extérieur. Le fait d’avoir été en trio pendant huit ans, c’était une expérience magnifique.

* Le 21 décembre 2000, lors du match Strabourg-Metz, Nelly Viennot est touchée par un pétard provenant des tribunes et est évacuée du terrain sur une civière. Le match sera arrêté et Strabourg aura match perdu 3-0 sur tapis vert.

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Propos recueillis par Thomas Vennin

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