ACTU MERCATO
Négocier pendant l’Euro, pas de soucis ?
Michy Batshuayi à Chelsea, Thomas Meunier à Paris, Samuel Umtiti au Barça, Steve Mandanda à Crystal Palace... Plusieurs joueurs engagés à l'Euro n'ont pas hésité à concrétiser des opportunités de transfert. Sans perturber leur implication dans l'événement ?
« Je trouve ça top que des joueurs soient occupés à finaliser leur transfert plutôt que de passer cinq heures au téléphone. Cela montre qu’ils ont bien travaillé. Ce sont des contrats qui assurent une vie et celle des enfants. C’est important. Ils peuvent faire un pas en avant. C’est bien pour eux. Je préfère des joueurs ambitieux qui préfèrent avancer que de rester dans un fauteuil. L’équipe nationale a boosté tout le monde. Quand tu as ce type d’objectif, ce sont des rêves. » Mercredi en conférence de presse, Marc Wilmots s’est réjoui de voir deux de ses hommes, Michy Batshuayi et Thomas Meunier, être occupés à négocier leurs transferts. Ce qui avait été refusé à Zlatan Ibrahimović par son sélectionneur Erik Hamrén au début de l’Euro, le technicien se revendiquant opposé à une escale de l’attaquant à Manchester United.
Une position quelque peu « vieille école » en 2016, et qui fait penser à la posture d’Aimé Jacquet avant la Coupe du monde 1998, remportée par la France.
Alors décrié par une partie de la presse, il avait imposé à ses joueurs de régler la question de leurs transferts avant ou après le Mondial. « Sauf qu’entre 1998 et aujourd’hui, on n’a quasiment 20 ans d’écart » , souligne l’agent Dominique Six. « En 20 ans, beaucoup de choses ont changé dans le milieu, et notamment les outils technologiques à disposition des agents pour échanger avec les clubs et avec leur joueur. » La méthode de travail aussi est différente, car « aujourd’hui, l’agent sait exactement ce que veut son client et ce qu’il peut raisonnablement négocier pour lui en fonction de chaque club demandeur, donc on n’est pas obligé de solliciter le joueur toutes les cinq minutes ou de l’emmener aux négociations. »
« Pouvoir ensuite évoluer l’esprit libre »
Via Samuel Umtiti, en partance pour le FC Barcelone, ou Steve Mandanda, qui va jouer la saison prochaine à Crystal Palace, l’équipe de France a également ouvert la porte aux « mutations » pendant l’Euro. « Parce qu’un sélectionneur comme Didier Deschamps n’est pas idiot, il sait qu’en laissant le joueur régler la question de son avenir, il pourra ensuite évoluer l’esprit libre » , résume Dominique Six. Ce que confirment les propos de Marc Wilmots à propos de Meunier : « Il est allé avancer sur un dossier. Il m’a même demandé une rallonge pour dormir sur place et que tout soit réglé. Je préfère qu’il ait l’esprit tranquille. » La chose est possible en 2016 parce que les clubs se sont aussi adaptés : Batshuayi a passé sa visite médicale à Bordeaux, Mandanda au sein même de Clairefontaine.
« Deschamps n’aurait pas toléré qu’il parte à Londres pour ça, mais là si le club se donne les moyens de se déplacer pour ne pas perturber la sélection, il n’y a pas à hésiter » , estime Six. D’autant que pour l’agent, un transfert est une étape positive dans la vie d’un joueur, « car on parle de gens qui peuvent doubler ou tripler leur salaire dans certains cas, s’ouvrir de nouveaux horizons, donc cela peut leur donner un surcroît d’énergie positive » . Quand d’autres en dépensent pour eux dans la négociation. « Dans le cas d’Umititi, c’est son frère Yannick et Jean-Michel Aulas qui travaillent avec le Barça, donc lui ne sera pas perturbé avant d’affronter l’Islande. Au contraire, après le match, on peut lui annoncer qu’il va signer le contrat de ses rêves dans l’un des meilleurs clubs du monde. Alors là, normalement, il sera chaud bouillant s’il y a une demi-finale derrière. »
Par Nicolas Jucha
Propos de Dominique Six recueillis par Nicolas Jucha