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Neal Maupay : « La Ligue 1 n’est pas un sujet tabou »
Loin de Nice, Neal Maupay se refait une beauté à Brest, à qui Saint-Étienne l’a prêté l’été dernier. En Bretagne, le jeune attaquant vingt ans a déjà marqué 10 buts et retrouvé avec Jean-Marc Furlan le temps de jeu qui lui manquait chez les Verts. « Parce qu’il fallait que je puisse m’exprimer », explique celui qui tentera, ce soir face à Bourg-Péronnas, de s'emparer de la première place du classement des buteurs de Ligue 2 actuellement occupée par le Troyen Adama Niane (11 réalisations).
Suivez-vous d’un œil attentif tout ce qui se passe à Nice ?Bien sûr. Nice, c’est ma ville. J’y ai grandi, mes parents, ma famille, mes amis y vivent. L’OGCN, c’est mon club formateur, celui qui m’a donné la chance d’évoluer au niveau professionnel. C’est mon club de cœur. Et je regarde ses matchs à chaque fois que j’en ai la possibilité, car j’ai encore des amis qui y jouent, comme Hassen, Cardinale, Eysseric, Koziello… L’équipe joue bien. On sent qu’il se passe quelque chose. C’est vraiment beau ce qu’ils font.
Vous êtes surpris ?Pas vraiment. Cela fait des années que le club a un projet. Les dirigeants voulaient amener Nice le plus haut possible. Grâce aux actionnaires sino-américains, l’OGCN a des moyens financiers qui lui ont permis d’attirer Ben Arfa la saison dernière, Balotelli, Dante et Belhanda cette saison. Nice est l’une des équipes les plus intéressantes à voir jouer. Lucien Favre fait vraiment de l’excellent travail. Mais déjà, la saison dernière avec Claude Puel, ça jouait vraiment bien.
Nice champion de France, vous y croyez ?Je l’espère… J’y crois, en tout cas. Ça se jouera entre Nice, Monaco et le PSG. Et ces deux clubs ont peut-être des effectifs plus fournis pour tenir sur la durée. Il faudra voir également comment l’OGCN va gérer les absences de Seri ou Belhanda pendant la CAN…
Vous parliez de Claude Puel… Ce n’était pas le grand amour avec lui, paraît-il…
C’est un excellent coach. Je n’oublie pas qu’il m’a fait débuter en Ligue 1. J’ai appris avec lui. Mais il avait un projet et je n’en faisais pas partie. Il n’y avait pas de conflit avec lui, même s’il nous arrivait d’être en désaccord.
Parlons de vous. Leader avec Brest, deuxième meilleur buteur de Ligue 2, c’est une première partie de saison qu’on n’attendait pas forcément…Moi non plus. Et je crois que même au sein du club, ce n’était pas prévu. Il y a eu beaucoup de changements au niveau de la direction, du staff technique, de l’effectif. On ne s’attendait pas vraiment à ce que ça marche aussi vite et aussi bien. Les résultats sont là, l’équipe joue bien, on prend un maximum de plaisir. La Ligue 1 n’est pas un sujet tabou. On en parle, c’est vrai. Même si on sait que c’est loin d’être fini. En ce qui me concerne, je vis six premiers mois vraiment intéressants. Je joue, je marque… C’est ce dont j’avais besoin après une saison à Saint-Étienne où je n’avais pas beaucoup joué.
Partir était devenu indispensable ?Il fallait regarder les choses en face : si je restais à Saint-Étienne, je risquais d’avoir un temps de jeu très limité, au vu de la concurrence et de l’effectif. J’avais besoin d’être sur le terrain. J’en ai donc discuté avec Christophe Galtier et nous avons estimé qu’un prêt était la meilleure solution. J’ai eu des contacts avec des clubs de Ligue 2, mais j’ai choisi Brest, après avoir eu une discussion avec Jean-Marc Furlan. Et c’est ce qui a tout changé.
Que vous a-t-il dit ?Il voulait vraiment que je vienne. Il ne m’a pas parlé de ma saison précédente à Saint-Étienne. Ce qui l’intéressait, c’était l’avenir. Il m’a dit que mon profil correspondait au projet de jeu qu’il voulait mettre en place. Que s’il me faisait venir à Brest, c’était pour être titulaire. Mais comme c’est quelqu’un de cash, il s’est également montré très clair, car c’est quelqu’un d’exigeant. Il m’a dit que si je ne faisais pas les efforts nécessaires, il n’hésiterait pas à me sortir de l’équipe. Et puis, de mon côté, je connaissais Jean-Marc Furlan de réputation. On sait qu’il aime que ses équipes jouent de manière offensive.
Vous avez vite trouvé vos marques ?Oui, alors que je suis arrivé bien après le début de la préparation estivale. Le coach dialogue beaucoup avec les joueurs, et on sait ce qu’il attend de nous.
Il parle collectif, il parle jeu, possession de balle, technique, importance des déplacements. J’apprends beaucoup avec lui. Je suis épanoui, même si je peux vous assurer qu’être attaquant dans son système de jeu, c’est beaucoup de boulot défensif également. Il aime que son équipe ait la maîtrise du jeu. Je progresse énormément depuis que je suis là. J’avais déjà beaucoup appris avec Puel et Galtier. Mais là, j’ai l’impression de franchir un cap. Je me retrouve parfaitement dans cette philosophie de jeu.
Partir en Ligue 2 n’a pas été un choix trop compliqué ?Pas du tout. Entre jouer dans un bon club de Ligue 2, ambitieux, et être remplaçant en Ligue 1, le choix était vite fait.
Je m’étais renseigné sur Brest auprès de Nolan Roux. Il m’avait dit que Brest était un bon club, que les supporters étaient passionnés, sympas, et que la ville allait me plaire. Ce qui est le cas. Je suis niçois, donc j’ai tendance à dire que Nice, c’est mieux que tout. (Rires) Mais franchement, je me suis senti tout de suite très à l’aise à Brest. Dans le club comme dans la ville.
Vous êtes également réputé pour être un peu fougueux. L’air marin, ça aide à s’assagir ?(Rires) Il le faut bien. J’en ai discuté avec le coach. C’est vrai que j’ai tendance à râler, à être un peu chaud sur le terrain. Cela vient sans doute de mes origines argentines, par ma mère… Mais j’ai compris qu’il fallait que je sois plus calme. Les cartons jaunes, cela me dessert, mais cela dessert aussi l’équipe. Je dois me canaliser. C’est mon caractère, j’ai toujours été comme ça. Je dois avoir une autre attitude.
Puisque vous êtes d’origine argentine, vous savez qu’un des meilleurs buteurs d’Europe, né à Brest, est argentin ?Oui, Gonzalo Higuaín… On m’en a souvent parlé ici. Mais la comparaison s’arrête là… (Rires) On parle de l’un des meilleurs attaquants du monde !
Propos recueillis par Alexis Billebault