- Ligue 1
- J6
- PSG-OL (2-0)
Ndombele, torse bombé
Débarqué à l’OL lors des dernières heures du mercato, Tanguy Ndombele s’est enfilé une deuxième prestation majuscule au Parc des Princes, un peu plus d’un mois après avoir déjà crevé l’écran avec Amiens. Décollage réussi.
Au-delà des images et des mots, le foot est aussi une histoire d’odeurs. Au moment de ressortir le dossier Tanguy Ndombele de ses placards lors d’un entretien pour Le Progrès, Philippe Lemaire, actuellement capitaine du navire AGL-Drapeau Fougères Football (National 3), ne s’est pas planqué : « Ce gamin sent le jeu. Il pue le foot. » Malheureusement, à Guingamp, en 2014, l’inspecteur Lemaire avait été le seul à détecter les effluves, et le jeune Ndombele obligé de faire ses bagages. Direction Amiens, à 17 ans, où l’un de ses anciens coachs, alors à la barre de l’équipe réserve, lui propose de faire un essai. Puis, l’inversion de la courbe : un premier contrat pro signé en octobre 2016, une saison pétillante en Ligue 2 et un déclic qui lui permet de rentrer « dans la peau d’un adulte » , arrachant dans le même temps un masque d’ado introverti et marqué par la claque reçue en Bretagne quelques mois plus tôt. Tanguy Ndombele conduit aujourd’hui à toute allure, avec l’insouciance de ses 20 ans entre les dents et les pieds relâchés d’un mec qui sait où il veut aller.
Révélé aux yeux du grand public le 5 août dernier, au Parc des Princes, lors d’un après-midi dont certains n’ont conservé en mémoire que le visage plastique de la poupée Neymar, le natif de Longjumeau a depuis rejoint l’Olympique lyonnais et est donc revenu dimanche soir à Paris avec sa nouvelle équipe, pour en repartir avec la même addition (2-0), mais peu importe. Car pour sa première représentation en Ligue 1 avec l’OL, quatre jours après avoir avalé un quart d’heure de C3 à Nicosie (1-1) et douze après une première cape avec les Espoirs, Ndombele a une nouvelle fois attrapé les projecteurs du Parc avec son style. Celui d’un joueur qui peut changer la face d’une équipe, le cours d’une saison, l’issue d’une rencontre grâce à de la percussion, des lignes cassées, de l’impact, une intelligence rare, et même des flèches précises, à l’image de celle qu’il a lâchée sur la barre d’Alphonse Areola dimanche soir alors que le milieu relayeur a avoué, après la rencontre, qu’il souffrait de crampes à cet instant.
Essien et la « pleine éclosion »
Alors oui, il est tôt et Tanguy Ndombele n’a rendu qu’une copie complète depuis son arrivée à l’OL. Détail : on ne rend pas deux dissertations aussi bien écrites lors de l’épreuve PSG en un peu plus d’un mois par hasard. Cette histoire a tout de la bonne pioche, surtout pour une dizaine de millions d’euros. Arrivé à Lyon il y a quinze jours, l’ancien Amiénois, en qui Aulas voit « un nouvel Essien » , a déjà pris la concurrence (Ferri, Diop, Martins) entre ses doigts et semble être en mesure de s’installer dans la durée aux côtés de Lucas Tousart, se positionnant parfaitement dans la succession de Tolisso. Au moment de son départ le dernier jour du mercato, son coach en Picardie, Christophe Pélissier, avait d’ailleurs pointé la dynamique d’un gamin « en pleine éclosion(…), un peu bougon, qu’il faut savoir prendre » . Mieux : il a débarqué dans le Rhône en affirmant « qu’être à l’OL n’est pas une fin en soi » , balançant son humilité et justifiant son choix de rester en France alors que les courtisans étaient nombreux (l’Inter, la Sampdoria, Stoke, et surtout Hoffenheim). Son histoire lyonnaise ne fait que démarrer, mais elle pourrait déjà devenir aussi belle que le chantait le roi Michel Fugain : soit une romance d’aujourd’hui, avec une insouciance débordante.
Par Maxime Brigand, au Parc des Princes