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Ndombele, l’étoile filante
Il y a 18 mois, il évoluait en CFA2. Il y a 8 mois, il vivait une montée en Ligue 1 avec Amiens. Et depuis septembre, Tanguy Ndombele s'est installé sereinement dans le milieu de l'Olympique lyonnais et de l'équipe de France espoirs. Et demain ?
Mi-septembre, il a célébré sa première titularisation d’une minasse de trente mètres sur la barre d’Alphonse Areola, tout penaud sur l’action. Car Tanguy Ndombele est comme ça : il passe les paliers sans attendre ni se poser de questions. Alors ce n’est pas le fait de débuter en Ligue 1 au Parc des Princes contre Neymar and co qui va l’impressionner. Du moins pas plus qu’une joute engagée de Ligue 2, genre un déplacement à Bourg-en-Bresse. Pari de Jean-Michel Aulas à la toute fin du mercato d’été 2017, si bien que l’on avait pu penser à un « panic buy » , l’ancien Amiénois est encore sous contrat avec le club picard. Mais nul doute que l’OL, où il a fait son trou, va aligner les 8 millions d’euros nécessaires pour lever l’option d’achat accolée à son prêt pour 2 millions. Dix millions au total qui faisaient office de grosse dépense pour un mec avec 30 matchs de Ligue 2 dans les pattes il y a huit mois, mais qui apparaissent désormais bien maigres au vu du potentiel entrevu depuis qu’il a changé d’univers.
La succession de Corentin Tolisso
« C’est une autre dimension. Il y a plus d’exigence. La notion de résultat est très importante. On joue pour gagner, gagner tout le temps. La remise en question est très importante, que ce soit dans les bons moments ou les moments plus difficiles. À Lyon, c’est la culture de la gagne. On veut tout gagner » , expliquait récemment le milieu dans le Courrier Picard, en amont des retrouvailles avec Amiens. Depuis qu’il a quitté le Stade de la Licorne, Ndombele a enquillé les lignes sur son CV : 21 titularisations en Ligue 1, 10 matchs de Ligue Europa, une seconde performance haut de gamme contre le PSG en janvier, six passes décisives toutes compétitions confondues, un but européen contre Villarreal et une installation sereine en équipe de France espoirs avec Sylvain Ripoll.
Avec un petit festival technique contre la Slovénie en éliminatoires de l’Euro U21. Sergi Darder poussé dehors, Jordan Ferri sur le banc à long terme, Tanguy Ndombele s’est donc imposé en mode express comme le successeur de Corentin Tolisso dans les plans de Bruno Génésio : un milieu box to boxpuissant, technique, et donc capable de jouer les détonateurs des offensives rhodaniennes. Et surtout de jouer aussi bien comme pur relayeur en 4-3-3, que pendant plus offensif de Lucas Tousart à la récupération dans un 4-2-3-1.
Marquer plus pour aller encore plus haut
Révélation de la saison, il donne surtout l’impression d’avoir une énorme marge de progression, en particulier dans la finalisation des actions. Un point d’amélioration qu’il a souligné lui-même en conférence de presse ces dernières semaines : « Il me manque d’être plus décisif. Je dirais que la plupart des relayeurs marquent. Je dois passer un cap là-dessus et m’améliorer. » Marquer, la chose probablement la plus difficile en football, mais aussi la plus valorisante, avec la régularité, à vraiment manquer à celui qui il y a dix-huit mois encore n’était qu’un espoir déchu du centre de formation guingampais et joueur de CFA2.
Les médias ne se privent plus de le comparer à Essien par-ci, Kanté par-là, quand sur d’autres aspects il pourrait même nous rappeler le glorieux Patrick Vieira, quand il avait inspiré à Roger Lemerre le concept du « dépassement de fonction » . S’il parvient à placer ses frappes de mule cinq centimètres plus bas tout en continuant à casser des lignes balle au pied, ce ne seront plus seulement les journalistes qui lui parleront de l’équipe de France A en conférence de presse, mais bien Didier Deschamps qui pourrait lui passer un coup de fil en direct. A priori, ce sera un peu juste pour une place en Russie, mais à la vitesse où la carrière de Ndombele avance, il ne faudrait pas s’étonner d’une nouvelle promotion prématurée.
Par Nicolas Jucha