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Ndombele-Aouar, une autre paire de manches
Après un match aller décevant, la paire Aouar-Ndombele va devoir se mettre au niveau au Camp Nou pour emmener l'OL vers un exploit et les quarts de finale de la Ligue des champions. Moins souverains en 2019, les deux pépites lyonnaises doivent garder la tête froide et accepter de continuer leur apprentissage.
Tout le monde passe par ce moment gênant, voire intimidant, un jour. La fameuse rentrée au lycée, là où les choses sérieuses commencent, après quatre années passées au collège. L’arrivée dans la cour des grands, où tout paraît plus difficile, plus stressant, plus important. La paire Ndombele-Aouar a vécu un événement similaire, le 19 février dernier. Un huitième de finale aller de Ligue des champions à la maison contre le Barça, « le plus grand match de ma jeune carrière » , selon les mots balancés par Aouar avant la rencontre. Sauf que le duo ne s’est pas montré à la hauteur, malgré le 0-0 accroché par l’OL au coup de sifflet final. Une perte de balle grossière chacun dans les premières minutes, un manque de justesse surprenant dans les transmissions et beaucoup trop de faiblesse dans les duels (59% remportés à eux deux) pour répondre aux exigences du très haut niveau.
Oui, les deux gamins sont très talentueux, mais ils sont encore en plein apprentissage. Et cette première manche face aux Catalans aura eu le mérite de le leur rappeler. Comment ? Ndombele (22 ans) et Aouar (20 ans) n’ont rien pu faire pour empêcher le monstre Busquets (30 ans) de jouer dans un fauteuil. À lui tout seul, l’international a donné une leçon aux deux pépites lyonnaises (11 ballons récupérés contre 8 pour le duo, 73% de duels gagnés). Un monde d’écart se justifiant aussi par l’expérience : quand Busquets rentrait dans le cercle très fermé des joueurs à dépasser les cent apparitions en C1, Aouar et Ndombele jouaient tous les deux leur dix-septième match européen. Peu importe le fossé, un exploit de l’OL au Camp Nou passera forcément par un réveil du duo au milieu.
Au bout du rouleau
Le mauvais match de la doublette contre Barcelone a-t-il été une surprise ? Pas vraiment au vu des récentes performances d’Aouar et Ndombele. Étincelants en début de saison, et notamment lors des deux rencontres face à Manchester City, les deux joueurs connaissent un début d’année 2019 difficile. Résultat : ils sont moins influents dans l’entrejeu lyonnais, beaucoup moins réguliers et surtout moins décisifs (une passe décisive chacun depuis janvier). Ainsi, après la défaite logique à Monaco (2-0), trois jours après Barcelone, et une nouvelle prestation décevante du binôme, Bruno Genesio avait choisi de rassurer ses deux poulains, mais aussi de les prévenir : « C’est un passage obligé dans une jeune carrière. Il y a des périodes fastes et d’autres plus difficiles. J’ai envie de faire passer un message : on croit en eux, on a confiance en eux. Mais il faut qu’ils entendent, comprennent et progressent. Ça doit leur servir de leçon et les faire grandir, parce qu’ils en ont besoin. »
Un message envoyé en conférence de presse, mais aussi dans le coaching ces derniers temps : non, le duo n’est pas indéboulonnable au milieu de terrain. La preuve, le technicien rhodanien a pris l’habitude de faire tourner, donnant du temps de jeu à Tousart et Diop et cassant parfois la paire qui faisait le bonheur de l’OL cet automne. Ainsi, Aouar est resté sur le banc, sans entrer, lors des deux seules victoires lyonnaises (5-1 contre Toulouse en L1 et 3-1 face à Caen en CDF) depuis le match aller contre Barcelone. « J’ai connu un creux physiquement. J’ai un peu accusé le coup, après avoir enchaîné tous les matchs en cette première partie de saison. Il y a donc eu un peu moins de tonicité et de flamboyance dans mon jeu » , a admis l’international espoir en début de semaine sur le site officiel du club. Au-delà de la fatigue, une autre question peut se poser avant le déplacement à Barcelone : un milieu à trois avec une pointe basse ne pourrait-il pas permettre aux deux joueurs d’exprimer plus librement leurs qualités ? Possible, mais en attendant, ils doivent s’adapter et Aouar en est conscient : « J’ai encore beaucoup de choses à améliorer. Je dois notamment pouvoir m’adapter à des postes qui ne me sont pas familiers comme jouer à gauche ou milieu récupérateur. »
Attention au melon !
Et si Aouar fait plutôt dans l’humilité, ce n’est apparemment pas toujours le cas de Ndombele. Après la leçon donnée par Busquets le 19 février, Jean-Michel Aulas s’est permis de tirer quelques oreilles trois jours plus tard dans un tweet sèchement publié après la défaite à Monaco : « Ce match contre Monaco nous montre tout le chemin à parcourir pour atteindre tous nos objectifs. Certains joueurs sont très au-dessous de leur potentiel, ceux qui pensent pouvoir réaliser de gros transferts en fin d’année se trompent. Il faut moins parler et donner beaucoup plus. » Une cartouche visant plus particulièrement Ndombele, à en croire les informations de L’Équipe, dont l’attitude laisserait à désirer en interne depuis quelques mois. Il faut dire que l’ancien Amiénois plairait beaucoup à plusieurs cadors européens, dont Manchester City et la Juve, et pourrait partir à un prix d’or l’été prochain. Ça tombe bien, un match XXL pourrait lui permettre de s’ouvrir les plus belles portes. Mais qu’il se le dise, l’OL n’a pas l’habitude de laisser partir ses joyaux après une poignée de bons matchs. Liés au club jusqu’en 2023, Aouar et Ndombele ont tout intérêt à ne pas brûler les étapes, apprendre et continuer à progresser dans la cour des grands, avant d’envisager rejoindre les géants de l’université.
Par Clément Gavard