Ndiawar Diongue et le rêve accompli de la Beaujoire : « Je dois apprendre l’hymne nantais »

Ndiawar, depuis jeudi soir, tu n’es plus le même homme puisque tu as réalisé l’un de tes rêves : voir jouer Nantes à la Beaujoire. En plus, ça se finit par une victoire sur le fil. C’était comment ?Sur le chemin du stade, beaucoup de supporters m’ont reconnu et sont venus vers moi pour discuter et prendre des photos, c’était déjà incroyable. J’ai réalisé que je ne passais pas inaperçu, j’entendais partout : « C’est Ndiawar, le supporter sénégalais ! » Au moment d’entrer dans le stade, j’ai eu des frissons. La Brigade Loire m’a impressionné pendant le match. J’ai chanté avec elle, mais je ne maîtrise pas encore par cœur l’hymne nantais. Je dois l’apprendre.

Comment as-tu réagi sur le but de Ganago à la 94^e, qui a donné la victoire à Nantes ? J’ai crié à perdre ma voix parce que c’était vraiment magique. J’ai porté bonheur à l’équipe.

Cette soirée, c’était comme tu imaginais dans tes rêves ? C’était comme j’imaginais depuis toujours en regardant les matchs à la télévision ou sur l’ordinateur, sauf que cette fois j’étais présent en réalité et pas en virtuel. J’ai ressenti beaucoup d’émotions. C’est un des meilleurs moments de ma vie.

Il y a une vidéo où on voit des supporters t’accueillir près d’une buvette avant le match et lancer des chants pour toi…Thierry Tissot (président de l’association Activ Nantes Supports, NDLR) m’a fait une surprise. Il m’a amené à la buvette, et quand je suis arrivé, des supporters ont commencé à chanter pour moi. J’ai chanté avec eux, j’ai dansé, j’ai crié. Je me suis senti plus nantais que jamais au milieu d’eux. Au Sénégal, je suis l’un des seuls de ma génération à supporter ce club. Les équipes de Ligue 1 les plus populaires là-bas, ce sont l’OM, largement, et le PSG depuis le Qatar.

Du côté de chez Marie…@ndiawzo2 dans l’ambiance pic.twitter.com/RuZFmlUow9

— Le druide (@DeuffGwenole) October 27, 2022

C’était un peu étrange de te retrouver au centre de toutes les attentions ?Oui ! Dans mon quartier aussi, tout le monde me connaît, mais ce n’est pas du tout la même chose. Ici, beaucoup de gens sont venus me parler pour me féliciter, me dire que j’étais ici parmi les miens.

L’histoire a commencé quand le twittos nantais @Kerzadarian a relayé un message où tu évoquais ton parcours. Des supporters ont directement voulu t’aider à venir à Nantes pour réaliser ton rêve. Ils t’ont accompagné dans les démarches administratives et ont monté une cagnotte. Comment réagissais-tu en voyant tous ces gens se mobiliser pour toi ? Un supporter nantais expatrié à Dakar qui avait vu le tweet m’a proposé de passer le voir, j’ai pris un taxi et je suis allé directement chez lui. Il a créé la cagnotte le jour même, et ça a commencé à monter. Il me disait : « Regarde, les supporters nantais font des choses incroyables pour toi. » Dans la journée, on avait un logeur, une cagnotte bien remplie, la visite de la Beaujoire, le maillot de Pallois… Tout s’est fait très vite. J’ai réalisé la force des supporters de ce club et de leurs valeurs. Ça me touche vraiment beaucoup. Ce que cette communauté a fait pour moi, c’est incroyable. Ça restera gravé à vie.

De ton côté, tu as ramené des maillots du Sénégal à offrir aux supporters pour les remercier, c’est ça ?Exactement. Et ici, on m’a offert un maillot dédicacé de Christophe Pignol, l’un des derniers maillots qu’il avait chez lui. C’est un joueur que j’apprécie tout particulièrement, c’était un super arrière gauche. J’ai de la chance.

Tes proches au Sénégal suivent-ils ton aventure à Nantes ? Oui, tous mes amis au Sénégal suivent mon séjour et relaient tous les articles et vidéos où j’apparais. Quand je suis entré du stade hier, je me suis connecté et j’ai vu que tous mes amis parlaient de moi sur les réseaux. J’avais une tonne de messages.

Tu racontes à ta famille ce que tu vis à Nantes ?J’envoie des vidéos et des photos à ma mère, mes frères, ma sœur et quelques amis au quartier. Ils sont super contents de voir que ça se passe aussi bien pour moi. Ils disent que je le mérite, parce que je les tanne tout le temps avec Nantes, Nantes, Nantes… alors que Nantes n’est pas une bonne équipe. (Rires.) Parfois, ils en ont un peu marre que je parle tout le temps de Nantes. (Rires.)

pic.twitter.com/QEnv4DmFUS

— Michel Kerzadarian (@KerZadarian) October 27, 2022

Justement, comment es-tu devenu supporter du club ?C’était lors de la saison 1994-1995, j’avais 8 ans et demi. Un ami de mes grands frères, qui habitait dans notre rue, était fan du FC Nantes. C’est lui qui m’a initié. Il avait des posters dans sa chambre, il m’apprenait les noms des joueurs : Makélélé, N’Doram, Loko… Et quand je suis parti de chez moi mercredi avec ma valise, c’est la première personne que j’ai croisée dans la rue. Il était heureux pour moi, il m’a dit : « Je t’ai transmis cette passion et tu n’as jamais lâché, bravo. »

Comment suis-tu les matchs du club depuis Dakar ?Ceux qui passent sur Canal, je peux les voir à la télé. Sinon, c’est en streaming sur l’ordinateur. Je regarde tous les matchs. Même si je suis dans un bus ou en train de marcher dans la rue, je regarde sur mon téléphone. Les jours de match, je demande à mes parents s’ils ont besoin de quelque chose avant que ça commence, parce qu’après je suis concentré. À Dakar, tout le monde m’appelle « le Nantais » . Alors, quand j’ai récupéré mon passeport à Dakar lundi et que j’ai vu que c’était ok pour le visa, je me suis dit : « Enfin, mon rêve va se réaliser. »

Tu retournes à la Beaujoire ce dimanche contre Clermont. Que peut-on te souhaiter de mieux que la victoire d’hier ? Dimanche, incha’Allah, on va gagner contre Clermont et ce sera un voyage à 100% victorieux. Je serai en tribune Loire pour pousser l’équipe et profiter avec les supporters. J’ai appris que Nicolas Pallois et le jeune Gor Manvelyan voulaient me donner un maillot. J’espère que cela pourra se faire.