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Nathaniel Atkinson, premier diable de Tasmanie
Avec ses 500 000 habitants, la Tasmanie voit pour la première fois un de ses joueurs disputer un Mondial. Et Nathaniel Atkinson pourrait bien se révéler un véritable diable pour les Bleus.
Lorsque l’on évoque la Tasmanie, ce n’est pas le football qui vient tout de suite à l’esprit. Le diable de Tasmanie, cette sorte de grosse souris, à la rigueur, ou encore Taz, célèbre personnage animé de Warner Bros, mais pas le foot. Pourtant, Nathaniel Atkinson va devenir le premier Tasmanien à participer à une Coupe du monde. « Je pense qu’ici, tout le monde est impatient de le voir ! On a eu quelques joueurs qui ont déjà représenté l’équipe nationale, mais Nathaniel est le premier à jouer un Mondial », se réjouit Jeremy Smith, aujourd’hui secrétaire du Riverside Olympic FC, premier club de l’Australien. Même s’il n’y a jamais eu de représentant de cette île de la taille du Sri Lanka à vivre une telle consécration auparavant, voir des gamins botter un ballon sphérique, sans la prendre dans les mains, y est pourtant assez commun. « Le foot est très populaire chez les enfants, détaille Jeremy Smith.C’est le sport le plus pratiqué en Tasmanie ! Malgré ça, le cricket et le football australien reçoivent la plupart des aides de l’État et l’attention des médias. Mais ça va mieux quand même ! Quand j’étais enfant, on n’en parlait pas du tout. Mais que l’Australie organise la prochaine Coupe du monde féminine et que les hommes aient participé aux cinq dernières éditions a fait du bien à la popularité du sport. »
Latéral moderne
S’il a changé d’hémisphère pour jouer désormais au Heart of Midlothian, en Écosse, c’est à Launceston, la deuxième ville de l’île au sud de l’Australie, que le latéral blondinet a tapé dans ses premiers ballons. Et il a vite tapé dans l’œil de ses éducateurs. « Quand il jouait en U14, en cours de saison, il a été surclassé en U16, tellement il était bon », se rappelle Jeremy Smith, vice-président adjoint lorsque Atkinson y évoluait. À 14 ans, le Tasmanien se fait repérer et est invité à rejoindre le centre de développement local. Il doit alors faire ses valises et bouger à Hobart, la capitale de l’île, à 200 bornes au sud de Launceston. « Ensuite, je crois qu’il a été repéré lors d’un match de U16 face à Melbourne City, où il a marqué trois buts. Puis il est allé à Melbourne ! », récite Smith. Dans le club de la capitale du pays, il gravit les échelons avant d’être lancé en pro par Warren Joyce, en 2017.
En juin 2019, Erick Mombaerts reprend les rênes de l’équipe appartenant au City Group et fait connaissance avec le Tasmanien. « C’est un garçon qui a beaucoup de qualités, notamment offensives. Il est déroutant et joue quasiment comme un ailier, capable d’éliminer facilement. Il a également un gros volume de jeu. On peut dire que c’est un latéral moderne. Il fonctionne bien dans un système flexible. Il défend en position de latéral, mais il peut rentrer à l’intérieur », se souvient l’ancien coach de Toulouse. En juin 2021, Atkinson ouvre le score et est même élu MVP lors de la grande finale d’A-League, face à Sydney, permettant aux siens de remporter le premier titre de leur histoire. Suffisant pour convaincre le club écossais de le faire venir en décembre 2021. Puis il étrenne la tunique des Socceroos en mars 2022, et s’impose directement comme titulaire.
Football total australien
Nathaniel Atkinson a finalement réussi à s’extirper de son île, où il retourne souvent voir ses potes et son club, pour briller au niveau national. Une tâche encore trop compliquée pour la plupart des enfants tasmaniens, alors qu’aucun club de ce petit bout de terre n’évolue en A-League, une compétition fermée. « On espère avoir un club en A-League dans les prochaines années. Mais pour l’instant, c’est très difficile pour nos joueurs », explique Jeremy Smith. Avoir une équipe dans le championnat majeur est pourtant une obligation pour s’intégrer au système de formation australien, encore balbutiant. « Leur formation est très inspirée des Pays-Bas. Les grands clubs commencent à bien structurer leurs centres et il y aura un élan du football australien dans les années à venir. Ça commence vraiment au niveau des clubs, mais toutes les équipes de A-League n’ont pas encore une académie bien structurée », précise Erick Mombaerts. À ce rythme-là, on pourrait bien avoir un football total australien d’ici 2026, avec un diable de Tasmanie en porte-étendard.
Par Léo Tourbe
Tous propos recueillis par LT.