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Nasser-t-il encore à quelque chose ?

Par Mathieu Faure
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Nasser-t-il encore à quelque chose ?

Deux ans après le fiasco du Nou Camp, le PSG a remis ça face à la troisième équipe de Manchester United en s’inclinant à la maison après s’être imposé dans le nord de l’Angleterre. Dans la capitale, rien ne change quand arrive le printemps et c’est bien ça le problème. Après avoir utilisé tous les fusibles évidents depuis 2013 – coach, directeur sportif, mercato –, Nasser Al-Khelaïfi, le président parisien, est-il toujours l’homme qu’il faut à la tête du PSG ?

« Je ne comprends pas. » Voilà globalement la réaction de Nasser Al-Khelaïfi à la sortie de la nouvelle élimination honteuse du PSG en Ligue des champions dans un scénario que seuls les Parisiens sont capables d’écrire sur la scène européenne. Sept printemps de suite que l’homme fort du PSG en France ne comprend pas pourquoi son équipe n’est toujours pas capable de rivaliser avec les grands d’Europe malgré des investissements colossaux. Voilà trois ans que le club le plus riche de France et l’un des cinq plus imposants financièrement en Europe n’a pas éliminé la moindre équipe en confrontation directe de Ligue des champions. Pis, les Parisiens en sont arrivés à ne plus savoir gérer le moindre match retour, surtout quand l’aller leur est favorable (Chelsea 2014, Barcelone 2017, Manchester United 2019). Le karma, la malchance, les absences, les blessures, l’arbitrage, la VAR, la cruauté, les erreurs, on pourrait disserter des heures sur les raisons des échecs à répétition du PSG, mais il va bientôt arriver l’heure des conclusions et il faut rendre des comptes.

Ras-le-bol général

Autant en 2017, la plèbe demandait la tête de l’arbitre Deniz Aytekin, autant depuis le gag de United, le peuple parisien en a marre, lassé des explications de l’homme qui incarne son projet depuis 2011 : Nasser Al-Khelaïfi. Au PSG, on a tout essayé depuis 2013 pour se hisser dans le dernier carré européen : changer de coach, recruter des joueurs phares, évoluer dans un nouveau schéma tactique, switcher son directeur sportif, muscler son mode de communication, jouer sur l’ordre des matchs, on en revient au même point : rien ne fonctionne. Et si rien ne marche au cœur de la machine parisienne, c’est peut-être que le capitaine du navire dirige son Titanic dans la mauvaise direction. Alors il est grand temps de se poser la question : Nasser est-il encore l’homme idoine ?

Se poser la question, c’est déjà y répondre. Oui, Antero Henrique, le directeur sportif dont Thomas Tuchel souhaite ouvrir le bide à la petite cuiller est, aujourd’hui, le fusible le plus évident à faire sauter. Cela changera-t-il quelque chose dans le fonctionnement du PSG au quotidien ? On a la naïveté de penser que non. Après tout, l’exemple vient toujours d’en haut, et un club comme le PSG a besoin d’un président à plein temps, présent au quotidien et investi à 100% sur le club le plus bordélique de France. Or, sur son CV, NAK jongle avec beaucoup trop de casquettes pour être efficace sur chaque dossier : président et directeur général de beIN Media Groupe, président de Qatar Sports Investment, président de la Fédération de tennis du Qatar, vice-président de l’Asian Tennis Fédération for West Asia, membre du comité d’organisation de la Coupe du monde 2022 et, accessoirement, président et directeur général du PSG football et handball.

Qui fait quoi et pourquoi ?

D’ailleurs qui fait quoi, réellement, au sein du PSG entre NAK, l’émir, Jean-Claude Blanc, Antero Henrique et Thomas Tuchel ? En confortant Henrique dans ses fonctions peu de temps avant le match retour dans les colonnes du Parisien, NAK n’a pas placé son coach dans les meilleures conditions de travail. Pourtant, à la sortie du fiasco mancunien, le patron a été clair : « On va écouter ce que veut Thomas Tuchel. On a confiance en lui. » Cocasse quand on sait que Tuchel demande publiquement et de façon répétée un milieu défensif à son club depuis sa prise de fonction. Autre exemple, pour la C1 le PSG n’a pas couché 25 noms sur sa liste A (faute de monde) et s’est payé le luxe d’y mettre Lassana Diarra, Adrien Rabiot et Kevin Rimane. Le premier a pris sa retraite début février, le second est tricard à la suite d’une gestion calamiteuse de sa prolongation de contrat et le troisième a été prêté en Croatie en février. Ubuesque. Cela démontre à quel point le PSG est un bordel permanent et qu’il est grand temps d’arrêter les frais.

Aurier, le point de départ du déclin

On parle d’un club où le joueur qui insulte publiquement son coach sur les réseaux sociaux se retrouve titulaire en quarts de finale de C1 un mois plus tard, se voit proposer une prolongation de contrat un an plus tard et voit son propre président se présenter à un match de l’équipe réserve – où il ne vient pourtant jamais – pour l’observer dans ce qui est normalement une sanction. L’affaire Aurier a symbolisé la faillite de NAK dans la gestion de l’équipe première. Président câlin, limite bisounours, Nasser a perdu toute légitimité dans cette histoire au fur et à mesure que l’entité club se couchait devant la valeur financière de ses propres joueurs. Un club Med. Incapable de résister à Aurier, comment le PSG pourrait se montrer plus fort que Neymar ? Impossible. Aujourd’hui, NAK est à la croisée des chemins. Après avoir utilisé trois directeurs sportifs depuis 2016, trois coachs en quatre ans et acheté pour plus de 500 millions de joueurs en 18 mois, Paris n’a pas bougé d’un iota sur l’échiquier européen. Cet été, c’est Doha qui a fait le choix de Thomas Tuchel. Tout sauf anodin, car on n’a pas oublié dans la capitale qatarie que NAK avait prolongé Laurent Blanc deux mois avant que QSI ne décide de s’en séparer moyennant des indemnités XXL.

Au lendemain du plus grand fiasco sportif du club sur la scène européenne, le PSG doit prendre son temps avant d’envisager des changements nécessaires et vitaux. Les pistes sont peu nombreuses : changer de capitaine, vendre ses actifs les plus précieux pour régénérer son groupe, mettre en place une politique sportive cohérente, mieux préparer les matchs couperets en évitant de ne voir la réussite d’une saison que par le prisme de la C1, arrêter de prolonger tout le monde à des salaires indécents. Bref, les mêmes pistes de travail depuis le début. Alors il serait peut-être temps de changer de président, tout simplement. Ce matin, le bilan du Qatari sur la scène européenne – l’ambition avouée du club – depuis 2013 est un fiasco. Alors qu’il rêvait de faire du PSG un grand d’Europe, le big boss parisien a fait du club une malédiction annuelle et la risée de l’Europe. Le PSG est devenu un club incapable de dribbler le moindre doute même quand les conditions sont ultra-favorables. La remontada pouvait être assimilée à un accident. Mais quand les accidents se reproduisent à intervalles trop réguliers, le hasard n’est plus à blâmer. Il est donc grand temps de s’attaquer aux hommes. Sans vergogne. Sans pitié. Car le peuple souffre et réclame une tête. C’est la vie.

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