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Nasser Al-Sarkozy
Au milieu du tourbillon dans lequel le PSG est actuellement plongé, une rumeur est venue ajouter de la pagaille à la pagaille : le Qatar aurait proposé à Nicolas Sarkozy le job de Nasser. Passer de la présidence de la République à celle des Républicains, puis à celle du PSG, une trajectoire peut-être pas si farfelue.
L’un serrait les mâchoires, l’autre le poing. La colère assise à côté de la victoire. Samedi dans les travées du Roudourou, les traits tirés de Nasser, terrassé, contrastaient avec le visage émerveillé de Bertrand Desplat, en train d’admirer ses Guingampais noyer Paris. Au moment du coup de sifflet final, le Qatari n’avait pas traîné. Mr. President s’était levé, avait serré quelques paluches histoire de montrer qu’on peut être dans l’œil du cyclone, mais poli malgré tout, et avait quitté fissa le stade en emmenant sa petite cour derrière lui, Patrick Kluivert en tête. Une jolie brochette d’hommes en pleine tourmente. Qui gardera sa place dans l’organigramme du PSG ? Depuis l’arrivée des grosses pointures de QSI, le club de la capitale pensait sans doute avoir tiré un trait définitif sur les sempiternelles crises d’automne. Raté. Le monde du football adore placer les hommes forts d’un club sur un siège éjectable, et pour la première fois en quatre ans, Nasser découvrait la position de celui qui est sur la sellette. Mais que les Parisiens soient rassurés. Si couper des têtes pour un oui ou pour un non a toujours été une spécialité française, le pays au drapeau bleu-blanc-rouge a une autre grande passion : l’homme providentiel. Qu’il s’agisse de réels héros comme Charles de Gaulle, de pétards mouillés comme le général Boulanger ou d’erreurs de casting à la Philippe Pétain, tout a été tenté, et c’est aujourd’hui au tour du PSG de connaître son miracle. Et d’après le magazine GQ, Paris a déjà trouvé son Napoléon : Nicolas Sarkozy.
Quand je serai grand, je serai président
Le site de GQ a lâché cette info un peu démente vendredi soir, en se permettant de titrer l’article au conditionnel pour prendre des pincettes – « Nicolas Sarkozy serait le prochain président du PSG » –, mais en étant assez sûr de sa source pour l’introduire par un « d’après nos informations » du plus bel effet. Les photos datant de la fin des années 70 montrant le jeune Nicolas Sarkozy assis à côté de Jacques Chirac lancé à la poursuite de l’Élysée font aujourd’hui sourire. Trente-cinq ans plus tard, l’ancien maire de Neuilly avait bouffé tout cru tous ses rivaux et s’était installé dans le fauteuil présidentiel auquel il pensait depuis le début, en ayant pourri la fin du deuxième mandat de Chirac par son hyperactivité. Mais depuis la fin du séjour élyséen de Sarkozy, chaque week-end, les supporters du PSG ont droit à la même image, immanquablement captée par les caméras, celle de Sarkozy assis à côté de Nasser Al-Khelaïfi dans la tribune présidentielle du Parc des Princes. L’ancien chef de l’État est-il en train d’offrir un bis repetita, en rejouant la même scène après avoir simplement remplacé Chirac par Nasser ? Sarkozy a une qualité indéniable : il ne cache jamais ses ambitions, et on le voit venir de loin. Les témoignages de membres de son entourage l’ayant entendu affirmer qu’il serait un jour président de la République alors qu’il n’était qu’un blanc-bec en politique sont légion, et son élection en 2007 était la conclusion d’une ambition qui remontait probablement à son enfance. Pour le trône du PSG, Sarkozy est plus ou moins dans le même registre, puisque dès 2010 il fanfaronnait devant des journalistes : « Plus tard, je serai président du PSG. » Sarkozy ne sait jouer qu’en mettant toutes ses cartes sur la table.
Le vrai président du PSG
Une déclaration loin d’être isolée, puisque Paris Match rapporte qu’en 2013, alors qu’il ruminait sa défaite et qu’il préparait son come-back, il gardait le PSG dans un coin de sa tête : « Si je ne suis pas réélu en 2017, je deviens président du PSG. » En 2014, face à ses lieutenants, il jetait une nouvelle pierre : « Les journalistes me demandent souvent si je veux devenir président du PSG. Mais les mecs n’ont pas compris : je suis déjà président du PSG ! Ils n’ont qu’à venir voir au Parc, Nasser me place systématiquement à côté de lui, juste à côté du président du club adverse. Le vrai président du PSG, c’est moi ! » L’annonce de GQ s’inscrit donc dans une longue lignée, et même si le clan de Sarkozy et le PSG ont nié en bloc, l’idée fait sens. Car au-delà de la mauvaise passe actuelle de Paris, dans le fond, les grands brûlés de la politique n’ont jamais su quoi faire de leur peau. Une défaite présidentielle est un traumatisme puissant, lourd. Et le « Il est donc temps pour moi d’aborder une vie avec plus de passions privées, et moins de passions publiques » de Sarkozy du 20 novembre dernier était allé se perdre à côté du « Au revoir » de Giscard, du « J’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions en me retirant de la vie politique » de Jospin, et des autres paroles des vaincus. Les tentatives de retour des bêtes blessées ont toujours foiré, et la présidence d’un grand club de football est un sort respectable. Puis la première réforme de Sarkozy président du PSG est toute trouvée : renommer la tribune présidentielle du Parc des Princes, qui s’appelle actuellement « tribune Philippe Séguin » . Oui, Philippe Séguin, le mentor de François Fillon.
Par Alexandre Doskov