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Nasser Al-Khelaïfi, la tête dans les étoiles
Nasser Al-Khelaïfi va intégrer le Comité exécutif de l'UEFA. Une bonne nouvelle pour Paris qui va donc avoir des oreilles et une voix au sein de l'organisation européenne. Une belle ironie aussi puisque c'est cette même UEFA qui empêche Paris de dépenser des millions à tout-va.
Dans son bureau du Camp des Loges, Thomas Tuchel peut avoir le sourire : Leandro Paredes est enfin un joueur du Paris Saint-Germain. Et si l’entraîneur allemand a dû prendre quelques cheveux blancs tant il semblait inquiet de ne jamais recevoir son jouet, Antero Henrique, le directeur sportif du club parisien, a (dans la douleur) réussi à le lui offrir dans les temps. Habituellement concerné par les transferts, Nasser Al-Khelaïfi s’est fait discret sur ce sujet ces derniers jours. Il faut dire que le président du PSG avait une autre quête à mener. Et lui aussi a obtenu gain de cause en obtenant un siège au sein du comité exécutif de l’UEFA, où il remplacera Ivan Gazidis, ex-directeur général d’Arsenal transféré à l’AC Milan. Nasser Al-Khelaïfi a été élu par l’Association européenne des clubs (ECA), dirigée par Andrea Agnelli, et sera donc présent à l’UEFA en tant que représentant de cette ECA dont la mission est de défendre les intérêts des grands clubs européens.
La paix est déclarée
Le Paris Saint-Germain version qatarie a beau ne jamais avoir passé le cut des quarts de finale de Ligue des champions, il est donc considéré comme un grand club européen par ses confrères qui ont élu Nasser Al-Khelaïfi pour les représenter. Une élection qui surprend légèrement le spécialiste en géopolitique du sport Jean-Baptiste Guégan : « On aurait pu penser que l’ECA soit un peu anti-PSG. Or, visiblement, ce n’est pas le cas. Ce qui veut dire qu’il y a une normalisation des rapports entre le PSG et les autres clubs européens. » Désormais présent au sein du Comité exécutif de l’UEFA, qui comprend le président de l’UEFA, seize membres élus par le Congrès de l’UEFA, deux élus par l’ECA et un élu par l’association des Ligues européennes, Nasser Al-Khelaïfi va donc participer (et voter) à la ligne directrice de l’UEFA. Une très bonne nouvelle pour le PSG à écouter Jean-Baptiste Guégan : « Ça veut dire que Nasser et le club se trouvent au cœur de la machine de l’UEFA. Ils vont savoir ce qu’il se passe. Il y a quand même une vraie ironie dans l’histoire puisque l’un des principaux interlocuteurs de l’UEFA pour imaginer l’avenir de la gouvernance européenne est la principale cible du fair-play financier. »
Le fair-play financier dans toutes les têtes
Le fair-play financier justement. Déjà sanctionné par le passé, le Paris Saint-Germain est toujours sous le coup d’une enquête de ce fameux FPF. Est-ce que cela peut changer avec la présence de Nasser Al-Khelaïfi au sein du Comité exécutif de l’UEFA ? Pour Jean-Baptiste Guégan, cela n’est pas si évident que cela : « Je ne pense pas que cela va servir de levier d’influence, mais ça permet tout de même de ne pas être le dindon de la farce comme ça a pu être le cas. Il vaut toujours mieux être à l’intérieur des instances et avoir accès à l’information directement. Inviter le PSG à la table peut être un indicateur sur le fait que l’UEFA veut faire une reconstruction du FPF. Car tout le monde a intérêt à ce que le PSG et Manchester City investissent et que de nouveaux investisseurs arrivent. Ça va dans le sens de l’apaisement et c’est une bonne nouvelle pour tout le monde, car normaliser des relations évite des rapports de force. » Autrement dit, le Paris Saint-Germain devra donc attendre encore un peu avant de balancer 200 millions sur N’Golo Kanté et 300 millions sur Jadon Sancho.
La Ligue 1 mise sur lui
Si le club de la capitale peut sortir gagnant à court et long termes de la présence de Nasser Al-Khelaïfi au comité exécutif de l’UEFA, la Ligue 1 dans son ensemble peut aussi en tirer des bénéfices. À l’image de la Serie A qui a profité de la réforme de la Ligue des champions pour passer de deux clubs directement qualifiés en phase de groupes de C1 à quatre. Le tout grâce à une réforme en partie portée par le président de l’ECA et membre du Comité exécutif de l’UEFA : Andrea Agnelli, président de la Juventus. L’arrivée de Nasser pourrait-elle offrir une nouvelle place qualificative à la Ligue 1 qui n’en compte aujourd’hui que deux garanties ? C’est en tout cas l’avis de Jean-Baptiste Guégan qui rappelle que la voix de Nasser Al-Khelaïfi pèse bien plus que celle d’un président de club lambda : « Nasser peut être un ambassadeur de la Ligue 1 même s’il ne va pas à l’UEFA pour ça. Il ne faut pas oublier que lorsque Nasser représente le Qatar, un diffuseur avec beIN Sports et une grosse force d’investissements via le PSG et les sponsors comme Qatar Airways. Sa voix est donc entendue. Et c’est une chance pour la Ligue 1. D’autant plus que je crois Nasser suffisamment bon négociateur, car il saura être poli comme il a su le faire en France tout en restant ferme. » Rangez donc vos Leandro Paredes, Gelson Martins ou Mario Balotelli, le transfert le plus sexy de mercato hivernal pour la Ligue 1 n’est autre que celui de Nasser Al-Khelaïfi au comité exécutif de l’UEFA.
Par Steven Oliveira
Propos de Jean-Baptiste Guégan recueillis par SO.