Nasri, la possibilité d’un 8

Les différents schémas possibles pour l’EDF ont tous été utilisés, le tour de la question fait et refait, à coups de matchs de merde, en veux-tu en voilà. Maintenant, ouf, la purge est finie, on sait. Merci Yohan Gourcuff. Depuis l’émergence du “nouveau Zidane”, à croire qu’il fallait vraiment commencer par là, l’EDF joue, à nouveau, en 4231 ; c’est pratique, c’est inscrit dans son ADN. Du coup, fini les expérimentations, RayDo a enfin une équipe-type.

Plutôt cohérente d’ailleurs l’équipe-type, il faut bien le reconnaître. Reste maintenant à l’animer. Car, manifestement, quelque chose ne va pas. Thomas N’Jigol, lui-même, a bien cerné le souci : « Le problème de cette Équipe de France, c’est qu’il n’y a aucune impulsion. Le décalage entre les lignes ne se fait pas comme il a pu se faire autrefois avec Vieira » . Thomas a raison, il faut remplacer le soldat Vieira. L’EDF, c’était avant tout une colonne vertébrale Makélélé, Vieira, Zidane.

Aujourd’hui, Claude MC est remplacé, Lassana Diarra fait des merveilles au Real dans le registre, seul devant la défense ; Zidane est breton et s’appelle Yohan Gourcuff, même port altier, même club des débuts, mêmes responsabilités ; reste à trouver le remplaçant du grand corps malade. « Les milieux défensifs, aujourd’hui, ce sont des milieux défensifs, c’est tout, poursuit Thomas. Ils filent la balle à Gourcuff ou Ribéry qui font leur tambouille, mais l’équipe fait du surplace » .

Le travail défensif est certes plus qu’effectué par la paire Diarra Toulalan – encore heureux – mais leurs présences conjuguées vampirisent plus qu’elles ne complètent. En particulier offensivement. Aucun des deux ne sait vraiment aller vers l’avant, donner l’impulsion nécessaire, bousculer les lignes et les slips adverses. Du coup, les milieux offensifs reçoivent les balles toujours un peu emmêlés dans la nacelle adverse et tout le boulot reste à faire.

Ainsi servis, sans trop de solutions et avec tout le bloc adverse encore en place, il n’ont d’autre alternative que de forcer l’exploit individuel, forcément aléatoire, ou de tenter le coup en jeu direct et rapide, par à coups donc. D’où l’impression de gloubigoulba actuel et le manque cruel de collectif, de fonds de jeu sur lequel l’équipe peut s’appuyer quand les banderilles lancées au petit bonheur la chance n’atteignent pas le but adverse.

Alors il s’agit de casser cette paire et tant pis pour Jérémy. Qui alors pour venir en relais, s’intercaler entre les lignes, percuter dans l’axe, apporter le surnombre et permettre à Gourcuff de se décaler pour venir combiner sur les côtés ou se rapprocher des attaquants ? Qui pour donner vie à cette équipe, pour l’animer ? Qui en 8 ? Vikash Dhorasoo est hélas retraité et Xavi espagnol. Alors, Samir Nasri, pas con, a lancé un appel du pied à Raymond : « C’est un poste où on part de plus loin, on a le jeu face à soi, ça me plaît. On le voit à Milan, on le voit chez Arsenal, cela améliore la première relance et donne un peu plus de vie, de jeu. Est-ce que c’est épuisant de travailler dans les deux sens ? Ça dépend avec qui l’on est associé. Flamini – Fabregas, l’an passé à Arsenal, c’était très complémentaire, il faut que le deuxième ne monte pas souvent » . Un peu comme Lassana Diarra. La paire avec Nasri est alléchante.

Contre la Lituanie, impossible de dire si ça marcherait, mais ce serait chouette d’avoir l’occasion de le savoir. Si ça marche, c’est gagné. En cas d’échec, la vindicte populaire sera toujours moins virulente si la fine équipe de Raymond a envoyé du jeu. Enfin faut espérer. Au pire, il restera encore la possibilité Abou Diaby, tout simplement monstrueux avec Arsenal, en Vieira bis. Avec Lass pour Maké et Gourcuff pour Zizou, le mimétisme serait parfait.