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Nasri au tournant

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Nasri au tournant

Laurent Blanc a donné le "la", et derrière, toute la France du foot a suivi, décomplexée : il y aurait désormais un problème Samir Nasri. Mais pourquoi tant de haine ?

Contre la Roumanie, il est entré un quart d’heure. Le temps de courir derrière une ouverture mal ajustée qui finira en six mètres. Mais l’important était ailleurs, Samir Nasri et Laurent Blanc se devaient de montrer qu’il n’y avait pas de problème, pas d’affaire, pas de polémique à rajouter. Autant être clair, le meneur de jeu, qui mérite son surnom de “petit prince de Marseille” chaque semaine en Premier League, a déçu lors de sa trêve en bleu. Il a d’abord déçu son sélectionneur, qui s’est servi des médias pour le lui faire comprendre. Et comme Nasri s’est, à son tour, épanché dans la presse avant de sortir un match pas folichon en terre albanaise, les supporters et le gotha médiatique français ont commencé, dès le lendemain, à écorner l’image de celui qui était présenté comme le sauveur il y a un an.

Le mythe du numéro 10

La vérité, c’est que la France n’a pas tout à fait soldé le souvenir de ses illustres meneurs de jeu, qu’ils s’appellent Michel ou Zinédine. Du coup, et la psychanalyse aiderait sans doute beaucoup à comprendre ce phénomène, l’équipe de France semble encore se chercher son homme providentiel, celui qui prendrait tous ses coéquipiers par la main. Un poids qui s’était par exemple abattu sur l’immense Philippe Vercruysse, après le règne de Platini. Plus de vingt ans se sont écoulés et, malgré les désillusions entre-temps (Micoud, Meriem, Ben Arfa), ce fol espoir renait, chaussant tour à tour les crampons d’un Yoann Gourcuff voire d’un Marvin Martin. Mais, au regard de ses dix-huit derniers mois en Premier League, c’est bien Samir Nasri qui s’est vu enticher de la sainte mission. Et bien sûr, pour le moment, en termes de statistiques, en dehors d’une passe décisive face au Luxembourg, on est loin du compte.

Alors, pour lui enlever de la pression, deux de ses défenseurs, Didier Deschamps et Rolland Courbis, ont un argument de poids : s’il n’exprime pas la pleine mesure de son talent, c’est simplement que l’ancien minot ne joue pas à son poste. D’accord, mais alors où faut-il écrire son nom au Velleda ? Là, les deux observateurs divergent. « Il faut seulement faire en sorte que chacun trouve ses repères dans un registre bien précis. Samir évoluait beaucoup sur un côté, à Arsenal. C’est là qu’il a commencé à Manchester City » explique l’entraineur de l’OM. Mouais, pas sûr que Malouda ou Ribéry l’entendent de cette oreille… D’où la proposition de Mister Courbis, désormais consultant pour CFoot : « Nasri ne joue pas au poste qui est le sien. Il devrait jouer un peu plus bas, il aurait ainsi plus de recul et il pourrait bonifier les ballons. Samir devrait être positionné comme Cabaye » . Mais en ce qui concerne Nasri, ce n’est pas qu’une simple histoire de costume trop grand ou de position à risque sur le terrain. Le joueur agace. Il agace le spectateur par son style de jeu, vite perçu comme nonchalant. Sa propension à tripoter le cuir, à multiplier les touches de balle tout en trottinant, parfois très bas sur le terrain, en fait enrager plus d’un. En effet, c’est dommage quand on connaît la force de percussion et la propension à créer le danger dans de petits espaces du bonhomme. Mais c’est peut-être aussi qu’autour de lui, en sélection, il ne retrouve pas le mouvement et l’animation qu’il a pu connaître à Arsenal et, le temps de quelques entrainements et d’un match, avec Manchester City…

Son rapport aux médias

Plus surprenant, ces derniers jours, le public a découvert une facette inconnue du marseillais de naissance. Celle d’un Nasri qui s’agace des journalistes autant qu’il les agacent. Si Samir Nasri n’entre pas dans le cadre du mythique du numéro 10 de la nation, celui qu’on aime tant louer en Une, c’est aussi qu’il n’est pas du genre à pousser la chansonnette au milieu des Enfoirés, bras dessus, bras dessous, avec Patrick Bruel. Il est incapable de feindre le mec ultra-gentil et disponible, à la Zidane en son temps. Et comme il est loin d’être bête, il ne peut pas non plus s’adjuger la compassion des ménages comme un “Ti’Franck” Ribéry savait le faire à ses débuts. Ne comptez donc pas trop sur lui pour faire la couverture d’un hebdo avec sa compagne Tatiana Golovin. Non, Nasri, visiblement, son truc, c’est le foot. Et rien d’autre. Il le connait par cœur, et sans doute mieux que pas mal de ceux qui l’interrogent. « Je pense que l’affaire est excessive. On est pour ou contre mais il faut reconnaître qu’il n’a pas été si catastrophique que ça, sinon l’équipe de France n’aurait pas gagné, elle ne serait pas première de sa poule, dédramatise Mourad Zeghidi, le reporter de Canal+ et Infosport. Il a une réflexion sur le foot en général, et aussi sur le jeu. C’est assez rare pour être signalé, il aurait pu être un Nantais de la grande époque. Mais le problème, c’est qu’il lui arrive aussi d’avoir des réflexions sur les autres… » .

Un nouveau statut

Parce que voilà, par moments, Nasri agacerait aussi ses coéquipiers. A Marseille, son comportement de petit chef avait fait des étincelles, notamment avec Karim Ziani. En équipe de France, il y a eu l’épisode du bus avec Thierry Henry, et ses débuts à Arsenal furent marqués par son clash avec William Gallas. Même en fin de saison dernière, il ne s’est pas vraiment montré irréprochable dans la fin d’exercice en roue libre des Gunners. Finalement, Arsène Wenger, qui ne vend jamais ses joueurs innocemment, a peut-être obtenu ce qu’il voulait en le voyant rejoindre City contre un bon chèque bien juteux. Car une statistique fait mal : sans Nasri, Arsenal a remporté plus de 60% de ses matchs… contre 49% avec son ancien numéro 8 ! A croire que son comportement crisperait ses partenaires. Pourtant, Samir Nasri a beau avoir été nominé pour le titre de meilleur joueur d’Angleterre la saison passée, à 24 ans, son palmarès demeure désespérément vierge. Et ça, quand on facture déjà sept années en pro, ça fait tâche.

En fin de compte, Samir Nasri est surtout en train de grandir. En même temps que ses responsabilités. Depuis quelques mois, il devient la star qu’il devait devenir. Dès lors, sa progression sportive et son nouveau statut, qui fait, notamment, désormais de lui le joueur français le mieux payé d’Angleterre, appellent inéluctablement des critiques, plus incisives et moins tempérées qu’auparavant, qui traduisent surtout une attente – parfois démesurée, la preuve après la victoire en Albanie –, face à l’ampleur du chantier auquel est confrontée l’Equipe de France dans son ensemble.

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