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Rudi Garcia, un volcan à dompter
Tancé après une série de trois matchs sans victoire, le technicien français est parvenu à traverser sa première minitempête à la tête du Napoli et à garder le cap. Si bien qu’au moment d’accueillir le Real Madrid (20h45), ses joueurs n’ont jamais été aussi prêts depuis le coup d'envoi de la saison.
Il y a parfois des semaines qui donnent l’impression de durer un an, voire deux, et c’est relativement ce qu’a dû se dire Rudi Garcia ces derniers jours. Dimanche 24 septembre, à la suite d’un nul à Bologne marqué par un penalty raté de Victor Osimhen suivi d’une réaction agacée du buteur nigérian lors de sa sortie, tout le monde se demandait à Naples où était passé le légendaire « mojo » de la saison dernière. Sur les réseaux sociaux, on a même recommencé à voir apparaître des « #GarciaOut », des messages d’insultes à l’encontre de l’ancien coach de Lille, Lyon, Marseille et la Roma, comme si la parenthèse enchantée de la saison du troisième Scudetto était déjà terminée. Mais c’était compter sans un réveil collectif, un électrochoc qui a totalement changé la donne et qui galvanise Naples avant son premier choc européen de l’année au Maradona face au Real de l’ancien coach du Napoli, Carlo Ancelotti.
Y a du soleil à Naples
On dit souvent qu’il est plus difficile de prendre en main une équipe qui est au top qu’une autre qui galère. Garcia peut en témoigner, lui qui s’est pris en pleine poire les quolibets des tifosi napolitains excédés de voir le coach français oser sortir Kvaratskhelia ou Osimhen lors de rencontres pas encore pliées. Parfois, il faut se montrer juste, certaines critiques étaient justifiées : face à la Lazio (1-2), les Partenopei sont apparus sans idée. Sur la pelouse du promu Genoa (2-2), Matteo Politano a arraché un nul aux allures de défaite, et même si Naples a triomphé de Braga dans la douleur en C1 (2-1), la nouvelle contre-performance face à Bologne (0-0) a terminé d’attiser les braises. Briquet en main, le community manager du compte TikTok a foutu le feu en publiant deux vidéos dégradantes pour Osimhen, d’abord moqué pour son penalty raté à Bologne puis comparé à une noix de coco. Résultat, les agents d’Osimhen menaçaient d’attaquer le club en justice, l’ancien bomber de Lille n’a même pas salué ses coéquipiers à l’entraînement le lendemain de la publication de ces vidéos… Bref, rien n’allait et l’ambiance était un poil glaciale du côté de Castel Volturno, le centre d’entraînement napolitain.
Napoli are being criticised, after their TikTok account posted a video mocking Victor Osimhen for missing a penalty.
Napoli's TikTok account also posted a video mocking him,and tagging a coconut 3 days before that.
Osimhen has deleted Napoli related pictures from his Instagram. pic.twitter.com/iVVaQfXiHb
— Africa Facts Zone (@AfricaFactsZone) September 27, 2023
Preuve de la tension palpable qui régnait dans le microcosme du club phare de Campanie, la Gazzetta dello Sport annonçait qu’un ultimatum était déjà posé pour Garcia : il aurait alors trois matchs ainsi que la réception du Real pour amorcer la remontée du Napoli. Il faut croire que le message a été compris : Naples est redevenu Naples et l’Udinese (4-1) puis Lecce (0-4) ont fait office de victimes expiatoires en l’espace de trois jours. Kvara (1 but et 3 passes décisives) et Osimhen (2 buts) ont à chaque fois brillé, mais plus largement, c’est l’expression collective des Azzurri qui a été retrouvée. D’un point de vue purement comptable, le début de saison du champion en titre se retrouve totalement changé : en championnat, Naples est troisième à seulement quatre unités du duo Inter-Milan et bien dans ses pompes en Ligue des champions. Pour couronner le tout, Osimhen a publié de sa main un communiqué de paix rappelant son attachement pour la ville aux 500 coupoles et à ses tifosi. Une belle façon d’éteindre un début d’orage au-dessus du Vésuve.
Les gros arrivent pour le Napoli
Peut-être qu’après une saison où il paraissait intouchable, le Napoli avait besoin de ça : titiller le fond, se retrouver un peu dos au mur, de manière à se ressaisir et aller de l’avant. Peut-être aussi que le départ de Kim Min-jae, indéniablement le meilleur défenseur de la Serie A l’an dernier, a aussi plus pesé que ce qu’il n’y paraît. Reste que si le taux de critique était anormalement élevé à ce stade de la saison, Rudi Garcia a bien évidemment encore tout à prouver.
Jusque-là, le calendrier ne lui a offert que des adversaires à sa portée et la grosse partie du menu arrive fin novembre : entre le 25 novembre et le 12 décembre, le SSC Napoli va se coltiner l’Atalanta, l’Inter et la Juve en championnat sans oublier Braga et le Real en C1. Les Madrilènes, justement, font office de premier mastodonte à faire flancher pour la bande de Di Lorenzo qui avait réalisé un carton plein en phase de groupes l’an dernier en collant des branlées à Liverpool, à l’Ajax et aux Rangers. « Nous avons nos chances, nous sommes forts dans tous les domaines. Mais pour gagner, nous aurons besoin d’humilité et d’être à 120% de nos qualités », rappelait ce lundi Rudi Garcia devant la presse. Celui qui a commencé à coacher à Corbeil-Essonnes en 1994 et qui entame sa dixième campagne européenne commence à en avoir l’habitude : si jamais les nuages commencent à revenir, il y aura du monde pour prendre sa place peu après la foudre.
Par Andrea Chazy