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Napoli, les doutes et Ancelotti
Passer de Maurizio Sarri à Carlo Ancelotti est une sorte de tremblement de terre nécessaire pour atteindre un nouvel équilibre. Surtout à Naples, où le pessimisme vit dans les yeux des supporters et dans une ambiance qui n’a jamais été connue pour avoir patience.
Le record de 91 points établi par le Napoli de Maurizio Sarri la saison passée va être difficilement battu cette année. L’adieu d’un des plus grands esthètes du foot moderne a bouleversé une ville entière amoureuse de son jeu. L’idée du président Aurelio De Laurentiis de faire un sacrifice économique pour miser sur un entraîneur gagnant comme Carlo Ancelotti est soit une tentative d’améliorer les résultats de l’équipe, soit une tentative de faire oublier l’ancien coach à ses supporters. Cependant, après un mercato plein de paris mais pauvre de coups de théâtre, nombreux sont les doutes sur le nouveau Napoli.
L’absence de meneurs de jeu
En premier lieu, le fait que l’équipe vient de perdre d’un coup ses deux meneurs de jeu. Il s’agit de Jorginho et Pepe Reina, celui qui commençait l’action depuis son but. Mais si le choix de laisser partir un gardien de 36 ans semble être plutôt logique, renoncer à un meneur de jeu classique comme Jorginho est un risque. Surtout, l’élu pour prendre sa place s’appelle Marek Hamšík, qui n’a jamais joué à ce poste. L’alternative Amadou Diawara ne donne pas la sureté de quelqu’un qui peut dicter le rythme du jeu avec continuité car son rôle est plutôt défensif.
Avec l’espoir Fabián Ruiz à gauche et Allan, le seul intouchable, à droite de la sentinelle, le centre névralgique du Napoli sera assez différent de celui de l’année passée, quand le ballon circulait rapidement et de manière fluide. En outre, dans ses dernières équipes, Ancelotti a toujours pu disposer d’un vrai meneur de jeu (Pirlo, Xabi Alonso, Motta..). Ce sera vraisemblablement Hamšík, le capitaine, qui devrait incarner le phare du jeu napolitain. Une décision contestable alors que le Slovaque vient d’écouler peut-être la pire saison de sa carrière et qu’il ne se sent pas trop à l’aise devant la défense.
Un seul vrai avant-centre
Après avoir prêté Roberto Inglese à Parme, Arek Milik sera le seul avant-centre du groupe. L’alternative au Polonais sera donc Dries Mertens, qui a impressionné tout le monde en tant que faux numéro 9. Cependant, sa présence oblige le Napoli à jouer autrement qu’avec Milik, le seul qui peut vraiment se faire respecter sur le plan aérien et dans les situations où il faut faire étalage de puissance physique dans la surface.
Le risque est alors évident : Milik doit encore démontrer qu’il a totalement surmonté ses blessures aux genoux alors qu’il sera le seul à devoir se battre dans la surface adversaire dans les moments compliqués. Au club, laisser Mertens à son nouveau rôle d’avant-centre est considéré comme un choix servant avant tout à éviter une rivalité avec Insigne sur le côté gauche.
Le poids lourd d’un stade vétuste
Dans le procès du changement à la recherche d’un nouvel équilibre, les paris du Napoli qui ont pour nom Meret, Ruiz, Verdi, Malcuit et Ounas – qui a une nouvelle chance à saisir après avoir fait banquette la saison passée – donnent des espoirs aux supporters. Mais pas de certitudes. Le saut qualitatif attendu n’est pas arrivé. Pour cacher tout ça, De Laurentiis a décidé de faire levier sur la figure d’Ancelotti, tout en apportant au club un crack d’expérience approprié pour améliorer les résultats.
Les choses n’ont toutefois pas bien démarré. Le problème principal est à la base du club : le stade San Paolo, mythique mais vétuste, est de plus en plus décadent. Les travaux en cours actuellement ont empêché le Napoli de jouer à domicile face à la Lazio, et personne ne sait si les nouveaux sièges seront installés avant le match face au Milan AC samedi prochain. Le présent du vice-champion d’Italie est donc imprévisible. Les supporters vont ainsi devoir faire preuve de patience. Le Napoli de Sarri, qui a irradié sa beauté partout, est mort. Il faudra faire confiance à Ancelotti. Et, surtout, ne pas oublier que même Sarri avait commencé avec une défaite et deux nuls lors de ses débuts avec l’équipe napolitaine.
Par Antonio Moschella