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Pourquoi ce Naples-Francfort s'annonce particulièrement tendu ?

Par Tristan Pubert
6 minutes
Napoli-Eintracht : la haine est hors du pré

Facile vainqueur du match aller en Allemagne (2-0), le Napoli dispose d’un matelas plus que confortable avant la réception de l'Eintracht Francfort. Mais c’est bien en dehors du rectangle vert que cette rencontre s’annonce très tendue.

Le 21 février dernier, les accolades napolitaines sont chaleureuses sur la pelouse du Deutsche Bank Park. Il faut dire que le Napoli a plus que fait le job en Allemagne avec cette victoire, lui permettant d’aborder sereinement le match retour dans trois semaines. Tout le contraire des autorités italiennes, pour qui cette deuxième manche entre Italiens et Allemands inspire une véritable crainte. Venus soutenir leur fantastique équipe à « Mainhattan » (le surnom de la ville de Francfort), les près de 2800 tifosi napolitains ont surtout vécu quelques mésaventures en terre germanique. En effet, certains ont été pris à partie par des « supporters » de l’Eintracht, les minibus ont été dégradés, et une trentaine d’Allemands ont terminé leur soirée au poste de police. S’ajoutent à ce contexte des rivalités entre groupes d’ultras, ceux de Francfort étant proches de l’Atalanta, quand ceux du Napoli entretiennent des relations avec le Borussia Dortmund et Munich 1860.

Guerre de communiqués

Les autorités italiennes prennent donc ce problème très au sérieux. Jeudi dernier, le Viminale (le ministère de l’Intérieur italien) annonce dans un communiqué que les supporters de l’Eintracht ne pourront pas se rendre en Campanie, la région de Naples. « C’est une décision qui n’est pas prise à la légère, il y a un travail approfondi avec une évaluation des véritables risques », argumente parallèlement le conseil de la légalité et de la police municipale italienne, pour qui « la priorité reste avant tout la sécurité publique ». Une interdiction de déplacement pas vraiment du goût des supporters de l’Eintracht. En signe de contestation, des dizaines de trolls partisans s’acharnent sur les réseaux sociaux du Napoli en matraquant des images provocatrices à la gastronomie italienne : part de pizza trempée dans un verre de lait, des spaghettis au Nutella, une pizza au kiwi, ou encore un dessin avec écrit : « Love Italian food, hate Neapolitans ».

Dans la foulée, l’Eintracht Francfort lâche un communiqué salé dans lequel le dirigeant Philipp Reschke s’en prend vigoureusement aux autorités italiennes. « Le fait que cette rencontre, au vu des relations tendues entre certains groupes d’ultras, soit annoncée comme houleuse n’a pas été découvert du jour au lendemain. Le tirage au sort a eu lieu en novembre », avance le membre du conseil d’administration de l’écurie allemande. Il argumente : « Les autorités italiennes ont donc eu quatre mois pour préparer ce match, mais ne veulent pas ou ne peuvent finalement pas assurer la sécurité. C’est une honte, c’est inacceptable. » En conclusion, Reschke annonce saisir l’UEFA et « préparer une procédure administrative longue et difficile ».

Face à la pression exercée par les Francfortois, les autorités italiennes revoient leur plan. À moins d’une semaine du match, le Tribunal administratif régional (TAR) de Campanie s’oppose à la décision du ministère de l’Intérieur italien et autorise la venue des fans des Aigles : « Cette interdiction de ventes de billets aux supporters de l’Eintracht n’est pas justifiée et pas proportionnée », précisant tout de même « que le risque zéro n’existe pas ». Une décision qui va surprendre de l’autre côté des Alpes, à commencer par le syndicat indépendant de la police italienne (COSI). « C’est un manque de respect au travail fourni par nos enquêteurs sur les possibles risques de ce match », affirment les forces de l’ordre, précisant « qu’en cas d’affrontements et violences à [leur] encontre, des dommages et intérêts seront demandés ». Un constat partagé par le Napoli qui, bien évidemment dans un communiqué, argumente que « cette décision a été prise indépendamment des évaluations et des organismes mandatés à cet effet ».

C’est alors qu’intervient le clou du spectacle. À moins de 72 heures de ce huitième de finale retour entre Naples et Francfort, Claudio Palomba décide d’apporter une légère modification à la décision du TAR. Le préfet napolitain autorise la venue des supporters de l’Eintracht, « excepté ceux qui résident dans la ville de Francfort ». Une décision ubuesque dont l’auteur se justifie par la volonté de « contenir les risques concernant le maintien de l’ordre », puis explique que cela « vise à protéger la sécurité des supporters eux-mêmes ». Les habitants de Francfort-sur-le-Main ne sont donc pas autorisés à se rendre à Naples et l’Eintracht ne tarde pas à y répondre dans un communiqué, avec l’ami Reschke à la plume : « Ce nouveau décret n’est pas moins illégal, et sa justification est incohérente puisque deux tiers de nos fans viennent de la région Rhin-Main, pas uniquement de Francfort. » Par ailleurs, le membre du CA de l’Eintracht conseille aux supporters de ne pas se rendre à Naples, car « nous ne sommes pas réduits à des codes postaux » et précise que le club fera de nouveau appel de cette décision « pour le principe et l’avenir ».  Finalement, la TAR donnera la décision finale à moins de 48 heures du début du match et interdira la venue des supporters allemands. Les autorités transalpines souhaitent aussi éviter le scénario de décembre 2018. Lors de la venue de l’Eintracht à Rome pour y affronter la Lazio, de nombreux affrontements s’étaient déroulés dans la ville entre les deux clans.

Clash of clans

« On va être vigilant, si ça se trouve, ils ne nous laisseront pas entrer dans le stade », ironisait Olivier Glasner, l’entraîneur francfortois en conférence de presse d’avant-match. S’il vaut mieux en rire qu’en pleurer comme Herr Glasner, cette incohérence des autorités italiennes pourrait faire monter la tension, et n’empêchera pas la venue de certains supporters allemands : « Il y a presque 100 % de chances de voir des affrontements entre supporters du Napoli et de l’Eintracht ce mercredi. Nos supporters ne se laissent pas faire et une partie devrait se rendre à Naples, probablement en faisant une escale à Bergame pour rejoindre les amis de l’Atalanta », explique Christopher Ockomm, ultra des Aigles, à Calcio Napoli 24. Outre les événements survenus lors de la première manche en Allemagne, ce sont surtout les amitiés entre groupes de supporters qui inquiètent les autorités italiennes. « Nous ne devons pas négliger la potentielle venue de supporters allemands, même sans billets », avance même le préfet napolitain Claudio Palombo. En effet, près de 5700 Allemands sont attendus dans le chef-lieu de Campanie, et pas forcément pour admirer le duel entre Kvaratskhelia et Evan N’Dicka. Ils devraient même être soutenus par les ultras de l’Atalanta qui entretiennent des relations amicales avec les Allemands. Ce mardi, près de 400 ont déjà rallié la ville des 500 coupoles et ont été identifiés par les services de police dès la sortie de leur train à la gare Garibaldi. Autant dire que la tension ne fait que monter du côté des services de sécurité napolitains. D’autant plus que le vol d’une bâche romaine par certains ultras napolitains en février dernier vient ajouter de l’huile sur le feu. Mais ces derniers comptent bien accueillir l’amitié francforto-bergamasque comme il se doit. En effet, les ultras du Napoli devraient être soutenus par des groupes de supporters allemands, dont ceux du Borussia Dortmund et de Munich 1860, ainsi que ceux de Palerme, avec qui ils entretiennent une amitié historique. « Ils nous ont tout fait lors de notre venue chez eux le 21 février dernier », se rappelle un ultra du Napoli à La Repubblica, qui précise que « les Allemands qui souhaitent venir à Naples auront du pain sur la planche », précisant que « l’ambiance est loin d’être sereine ». Ça promet une belle bataille de dérangés.

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