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Naples veut marcher sur Londres
Vainqueur 3-1 au match aller, le Napoli débarque à Londres avec la ferme intention de ramener un billet pour les quarts de finale. Et les Napolitains ont de quoi faire peur : ils restent sur six victoires consécutives. Et peuvent compter sur l’indéfectible soutien de leur tifosi.
Juste avant le début de la saison, les supporters du Napoli avaient été confrontés à la réalité. Leur équipe, fraîchement qualifiée pour la Ligue des Champions, était venue rendre visite au Barça, en match amical, histoire de prendre la température. Au final, ils se sont mis le thermomètre là où personne n’aime le mettre. Une démonstration barcelonaise, une manita, et merci pour le déplacement. Même si Cavani avait inscrit un retournée d’anthologie (annulé pour hors-jeu), la constatation était la même : ce Napoli là semblait beaucoup trop fragile pour venir se frotter aux cadors européens. « Je suis sûr que cette défaite va nous être salutaire » avait alors déclaré le président du club, Aurelio De Laurentiis. Il ne croyait pas si bien dire.
Naples est rentré en Italie, s’est remis au boulot, et n’a pas tremblé lorsque les urnes de Nyon leur ont offert le Bayern Munich, Villarreal et Manchester City pour leur poule de Ligue des Champions. En quelques semaines, Naples grandit de plusieurs années et va d’exploit en exploit. L’équipe de Mazzarri tient d’abord en échec City sur ses terres, là où personne d’autre n’avait pris un point cette saison. Puis elle bat Villarreal, et obtient le nul face au Bayern, brisant l’invincibilité de Manuel Neuer. Puis les matches retour. Le faux pas face au Bayern, et, surtout, l’incroyable victoire contre Manchester City. En battant Villarreal la semaine suivante, le Napoli créé la sensation et décroche son pass pour les huitièmes. L’Europe comprend qu’un nouveau participant, un peu fou, vient de se hisser dans le Top 16. Et peut-être, bientôt, le Top 8.
Jamais six sans sept ?
En effet, Naples y croit. Il a bien raison. Au match aller, la formation azzurra a dominé son adversaire, pour une victoire 3-1 qui donne un certain avantage en vue du match retour. Même si la jurisprudence Milan AC laisse penser que des buts d’avance ne sont pas forcément synonymes de qualification assurée. Désormais sûr de sa force, le Napoli débarque à Londres pour faire un résultat, et certainement pas pour venir défendre ses deux buts. « Il faut oublier le résultat du match aller et rester serein, assure Paolo Cannavaro, capitaine du Napoli, sur Radio Marte. Après, pour ce que nous avons fait, il semble normal de dire que quoiqu’il se passe, ce sera un succès. Nous voulons continuer à avancer et poursuivre notre aventure en Ligue des Champions. Naples luttera au maximum. Ce n’est pas une question de peur, le match du Milan AC est un avertissement et nous savons ce qui nous attendra. Mais au niveau de l’intensité et de l’agressivité, nous serons là » .
Ca, on ne peut que le croire. Niveau intensité, le Napoli est toujours au rendez-vous. Et il suffit de regarder ses dernières prestations pour s’en convaincre. L’équipe sudiste vient d’enchaîner six victoires consécutives toutes compétitions confondues, stabilisant ainsi un record depuis son retour en Serie A. Pour retrouver six succès de rang, il faut remonter au mois d’août 2005, une époque où Naples enfilait trois victoires en Coupe d’Italie et trois en Serie C1 (D3). Les victimes s’appelaient alors Piacenza, Acireale, US Massese et Lucchese. Aujourd’hui, c’est la Fiorentina, Chelsea et l’Inter. Oui. Mister De Laurentiis a de quoi être fier, tant l’ascension de son équipe a été fulgurante. Ce soir, elle a l’occasion de franchir encore un nouveau palier, et de prouver que le Calcio ne se résume pas aux trois grandes équipes du Nord.
Lav-Cav-Ham, saint trio
« Cela va être une bataille, Stamford Bridge va être plein à craquer. Mais nous sommes prêts et concentrés, conscients d’avoir rendez-vous avec l’histoire » . L’incantation est signée Ezequiel Lavezzi. L’attaquant napolitain, auteur d’un doublé au match aller, vient d’inscrire six buts lors des cinq derniers matches, scorant au moins une fois à chaque rencontre. Il égale ainsi le record établi par Diego Maradona lors de la saison 1987-88. La preuve que le numéro 22 est actuellement en feu. Un peu plus, même, que ses deux compères de l’attaque, Edinson Cavani et Marek Hamsik. Le premier marque toujours avec autant de continuité (24 buts en 35 rencontres cette saison, soit 0,68 par match, sa moyenne de l’an dernier était de 0,70), le second a connu une période un peu compliquée, dont il semble être sorti vendredi soir, avec un match énorme contre Cagliari. Le trio offensif porte évidemment en lui tous les espoirs du peuple napolitain, qui va faire le déplacement en nombre dans la capitale britannique.
Ils seront à priori 3000 supporters à faire le voyage, mais pas tous munis d’un billet. Certains espèrent choper un billet sur place, même si Chelsea a déjà annoncé que le service de sécurité serait intransigeant. Paolo Cannavaro, lui aussi, monte au créneau. « Il ne faut pas blaguer, les normes sont très sévères. Il faut de la responsabilité et de l’amour propre pour ne pas avoir de problèmes en Angleterre. Le club a fait un communiqué pour protéger les supporters et il faut donc le suivre à la lettre » a-t-il prodigué. Mais qu’on se le dise, les tifosi napolitains ne montent pas à Londres pour foutre le bordel. Non. Eux veulent juste assister à un moment historique : la première qualification de leur Napoli adoré pour les quarts de finale de la C1. Et après la Serie C, la Serie B, et tout l’enfer qu’a vécu le peuple partenopei au cours des dernières années, ce serait là une vraie récompense. Une sainte récompense, même.
Eric Maggiori