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Naples, maître de la régularité, mais pas des détails

Par Florian Porta
4 minutes
Naples, maître de la régularité, mais pas des détails

Revenu en Serie A en 2007 après être passé par la case dépôt de bilan, Naples pourrait valider sa place sur le podium face au Genoa ce dimanche, pour la huitième fois depuis cette remontée. Une régularité qui place les Partenopei parmi les cadors du championnat italien, mais qui laisse aussi la place à pas mal de regrets. Comment le club d'Aurelio De Laurentiis fait-il pour systématiquement laisser échapper un Scudetto au moment où il lui tend les bras ?

Quelques semaines avant que leurs chemins ne se séparent, Lorenzo Insigne et Naples tenteront d’aller définitivement conquérir une place sur le podium face au Genoa ce dimanche après avoir dû, comme trop souvent ces dernières années, faire une croix sur leurs derniers espoirs de Scudetto. Encore dans la course à l’arrivée des beaux jours, les Partenopei ont vu la Fiorentina, la Roma et Empoli venir briser leur rêve. Tant et si bien qu’à trente ans, le capitaine napolitain ne succèdera pas à Diego Maradona, le dernier à avoir permis au Napoli de remporter le titre en 1990.

Mental combat

Une disette longue de plus de trente piges à laquelle les Napolitains ont pourtant eu de nombreuses occasions de mettre fin ces dernières années. 2011, 2013, 2014, 2016, 2017, 2018 et 2019, autant de saisons qui ont vu les hommes d’Aurelio De Laurentiis (ADL) finir sur le podium (quatre fois deuxièmes et trois fois troisièmes). Avec en point d’orgue cette fabuleuse année 2018 où, emmené par Maurizio Sarri, Naples, 91 points au compteur, voit pourtant la Juventus lui souffler le titre. « L’équipe de cette année-là a joué le plus beau football de l’histoire du club, et sa façon de jouer était bien meilleure que celle de la Juve », témoigne Marcello Calvano, journaliste pour la radio Kiss Kiss Napoli. Seulement voilà, à quelques encablures de la fin, la Vieille Dame, battue par son rival du sud la journée d’avant, s’en sort après une partie houleuse face à l’Inter. Le lendemain, à Florence, Kalidou Koulibaly prend un rouge après six petites minutes et le Napoli, fessé par la Fio, laisse filer la Juve. « Mentalement, l’équipe s’était effondrée après avoir vu ce qui s’était passé à San Siro la veille », se remémore le journaliste.

Un peu comme cette saison où « Milan et l’Inter n’ont pas montré qu’ils étaient meilleurs que Naples » selon Vincenzo Credendino, journaliste de la chaîne de télévision Calcio Napoli 24, qui résume ensuite : « À chaque fois, on pense que c’est la dernière occasion pour qu’ils soient champions, et pourtant le club parvient toujours à se retrouver en position de l’être. C’est une preuve qu’il travaille plutôt bien. » Alors comment expliquer qu’une équipe qui tutoie parfois des sommets en matière de jeu ne parvienne pas à aller chercher enfin un titre de champion ?

Pas de fibre, seulement de l’AD(S)L à Naples

« Si différents entraîneurs et différents joueurs connaissent les mêmes problèmes, c’est sans doute qu’il faut chercher ce qui ne va pas au sein du club, admet encore celui qui travaille pour la petite lucarne. Là où Milan, l’Inter et la Juve ont Maldini, Zanetti ou Nedvěd, Naples n’a pas de manager général. » Il faut dire que le président De Laurentiis prend beaucoup de place.

Le vice-président n’est autre que son fils, Edo, et Cristiano Giuntoli, le directeur sportif, ne fait que du repérage pour qu’ensuite ADL mène les négociations. Un président plutôt discret cette saison, mais qui a fini par venir mettre la pression à ses hommes quand il a senti que… la Ligue des champions pouvait leur échapper. « C’est important pour lui parce que cela ramène de l’argent », rappelle Vincenzo Credendino. Une fois cette qualification officiellement validée, « toute la ville était triste d’avoir perdu le Scudetto, mais lui, et le club, étaient contents d’être de retour en C1 la saison prochaine. »

Un manque d’ambitions qui pourrait expliquer pourquoi le Napoli a su aussi rapidement intégrer le haut du classement, sans jamais parvenir à arriver au sommet. D’autant plus qu’un autre élément perturbe le journaliste italien. « Quand Ancelotti était le coach de Naples, en 2019 pour sa deuxième saison, le club a ordonné aux joueurs d’effectuer une mise au vert après un match. Les joueurs ont refusé et Ancelotti leur a dit :« Vous faites ce que vous voulez, mais moi, je serai au centre d’entraînement comme on nous l’a demandé. »Tous les joueurs sont retournés chez eux, sans aucune sanction sur le moment, et depuis, le club a une attitude bizarre. » Naples a ainsi attaqué Allan et Nikola Maksimović en justice une fois que les deux joueurs ont quitté le Sud de l’Italie. « C’est ce qui va arriver aussi à Insigne une fois qu’il sera à Toronto, prévient Vincenzo Credendino. Les deux seuls qui ont été épargnés sont Piotr Zieliński, parce qu’il a prolongé, et Arkadiusz Milik qui était plus ou moins indésirable. » Une attitude qui pose problème et surtout qui place le club en ennemi des joueurs, alors que les deux parties devraient avancer ensemble. Le même phénomène est survenu plus récemment lorsque Luciano Spalletti a annoncé une mise au vert à la suite de la débâcle contre Empoli avant d’être déjugé par le club le lendemain. Autant de détails qui font qu’encore aujourd’hui, le Napoli court après un Scudetto qui lui échappe depuis 1990. Et qu’à l’époque, comme le rappelle Vincenzo Credendino, « pour gagner le titre, Naples avait eu besoin du meilleur joueur de l’histoire ».

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Par Florian Porta

Tous propos recueillis par FP.

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