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Naples/Lazio : le jugement dernier
Ce soir, le goal average particulier tranchera cette question : qui aura le droit à la grande Europe ? C'est cruel mais ce sont les règles. Un supplice pour la Lazio. Une aubaine pour le Napoli.
Qui l’eut cru ? Qui aurait pu imaginer une seule seconde qu’un dénommé Mapou, auteur de l’une des plus belles punchlines envers un journaliste, serait celui qui mettrait la Lazio dans cette situation ? Incroyable, et pourtant… À la 85e minute du derby romain, Yanga-Mbiwa s’envole au point de penalty. Comme si ce coup franc frappé par Pjanić avait été pensé pour lui. Pour qu’il décroise sa tête. Le ballon est cogné, piqué, lancé en direction du second poteau et rebondit une fois avant de finir dans le petit filet de Marchetti. La Roma repasse définitivement devant la Lazio. Et pendant que l’ancien Montpelliérain court comme un enfant dans les bras de ses coéquipiers, les Biancocelesti se prennent la tête entre les mains. Ils comprennent ce qui leur arrive : malgré une fin de saison en hyperbole, ils joueront leur place en Ligue des champions contre le Napoli. Ils pourront tout (ou beaucoup) perdre sur un match. À une différence de buts particulière près.
Le syndrome Bielsa
Car oui, la Lazio a laissé filer le match aller face à Naples. Celui qui compte. C’était le 18 janvier dernier, et ce jour-là, le Napoli avait été plus intelligent, réfléchi et patient. Un but d’Higuaín à la 18e minute avait suffi à leur bonheur. Et ce que disent les règles, c’est qu’en cas d’égalité de points, c’est la différence de buts particulière qui départage les deux équipes. Donc, en cas de défaite de la Lazio ce soir, cette seule réalisation de Pipita aura peut-être raison du goal average global de la Lazio, pourtant largement supérieur à celui des Napolitains (+31 contre +18). Un cauchemar pour eux, surtout si l’on considère leur fin de parcours. Deux mois, de la mi-février à la mi-avril, et huit victoires de rang de la 23e journée à la 30e journée. Presque parfait.
Presque, car la Lazio a également ce gros défaut. Le même que Bielsa avec l’OM. Celui de perdre contre ses adversaires directs. Face au Napoli, à la Juve et à la Roma, ses trois rivaux pour le podium, elle n’a pris qu’un seul petit point en cinq rencontres. Un seul match nul face à la Roma. Sinon, que des défaites. Forcément, quand on vise la troisième place, c’est emmerdant. Plus qu’un défaut, c’est un véritable handicap. Et la Lazio nous l’a encore prouvé dernièrement, en finale de Coupe ou lors du derby retour : elle a tendance à craquer au moment décisif.
La peur de gagner
Le réel argument en sa faveur, c’est l’avantage qu’elle a sur le Napoli. Un ascendant comptable d’abord. Il lui suffit d’un nul pour accéder à la C1. C’est d’ailleurs ce que Stefano Pioli a essayé de faire comprendre à ses joueurs après la désillusion du derby : « On a le choix : resté déçu ou réagir » . En gros : il ne leur reste qu’un petit effort à fournir. Deuxième argument et pas des moindres : le Napoli n’est pas beaucoup mieux non plus en ce moment au niveau psychologique. Une défaite en demi-finale de Coupe face à cette même Lazio. Une autre face au Dnipro en Ligue Europa. Et encore une autre face à la Juve la semaine dernière. Un bilan final désespérant. Comme si le Napoli ne pouvait pas, n’arrivait pas à conclure. Preuve de cette lose maladive : Benítez a annoncé son départ jeudi : « Je remercie le président, le club et les supporters après ces deux années, car mon expérience avec Naples s’arrête ici. Mais je voudrais finir sur une victoire. » Et il a raison de terminer sur cette note d’espoir, car tout n’est pas non plus à jeter. Le Napoli est quatrième au classement et pour toutes ses bonnes actions cette saison, il a le droit, comme la Lazio, à une dernière chance. Pour se racheter. Pour accéder au plus beau jardin d’Europe. Un match pour passer d’une saison médiocre à une saison réussie. Vous aussi, ça vous démange d’appeler ça un match couperet ?
Par Ugo Bocchi