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Naples, dernier train pour la gloire

Par Adrien Candau
Naples, dernier train pour la gloire

Leader de Serie A, le Napoli accueille l'ogre turinois ce vendredi au San Paolo, dans un sommet décisif pour la course au Scudetto. Le Scudetto, un rêve qui a grandi en même temps que le Naples de Sarri, dont la croissance pourrait cependant bien être arrivée à saturation cette saison. Une raison de plus de triompher pour les Azzurri, dont l'apogée ne sera pas éternelle.

Malheureusement, les miracles ne durent qu’un temps. Et celui que Maurizio Sarri entretient à Naples est déjà sacrément tenace. Alors que le Mister Azzurro dispute sa troisième saison dans la cité napolitaine, son bilan a déjà quelque chose de monumental : record de points du club successivement battu en 2015-2016 puis 2016-2017, plus grand nombre de buts marqués en Serie A la saison dernière (94) depuis 1959 et un jeu qui fait briller les mirettes comme celui d’aucune autre équipe en Italie. Un tableau idyllique, auquel il manque seulement une touche finale de perfection. Celle d’un Scudetto, pour lequel les Napolitains devront batailler comme jamais, afin de brandir le trophée dans le ciel du San Paolo au terme de la saison. Après, il sera peut être trop tard.

Limites économiques

Sous la présidence d’Aurelio De Laurentiis, Naples a grandi par paliers, se stabilisant dans le peloton de tête de la Serie A avec Mazzarri puis Benítez, avant de s’envoler une bonne fois pour toutes grâce au football prôné par Sarri – fraîchement élu meilleur technicien de Serie A par l’Association italienne des footballeurs, alors que c’est Massimiliano Allegri qui continue d’empiler les trophées avec la Juventus. Signe que les acteurs du football italien savent que le gourou napolitain a réussi à conduire les siens vers des hauteurs insoupçonnées.

Une apogée qui commence cependant à se heurter aux limites de la structure napolitaine. Le dernier mercato estival des Partenopei en atteste. De Laurentiis n’avait alors débloqué que vingt millions d’euros pour le recrutement. Tout simplement parce que Naples, avant de songer à se renforcer, a dû batailler pour éviter de s’affaiblir : pour s’assurer de la fidélité de ses stars, Mertens et Insigne, la direction a dû gonfler leur salaire, de 1,2 à 3,6 millions d’euros pour le premier et de 1,7 à 3,5 millions pour le second. De quoi faire enfler une masse salariale déjà boursouflée par les renouvellements de contrats d’Hysaj, Callejón, Koulibaly et Hamšík, qui avaient vu leurs émoluments augmenter à l’été 2016. De fait, la charge salariale du Napoli semble avoir atteint ses limites. Selon la Gazzetta dello Sport, elle s’élève à 81 millions d’euros et représente à elle seule 52% des 155 millions du chiffre d’affaires du club. À titre de comparaison, les masses salariales de la Juventus, de la Roma ou de l’Inter, qui affichent un chiffre d’affaires nettement supérieur à celui du Napoli, ne représentent respectivement que 42%, 29% et 34% de leurs recettes annuelles.

Sur-performances sportives

En plus de devoir composer avec ce plafond de verre économique, les Partenopei semblent aussi au summum de leurs possibilités sur le pré. Le onze type napolitain, à l’exception d’Higuaín parti chez l’ennemi turinois, est identique à celui aligné par Sarri lors de ses débuts au pied du Vésuve. Pour faire progresser les siens, le Mister est parvenu à pousser à leur maximum les automatismes collectifs de ses joueurs. La coordination de son bloc équipe n’est ainsi pas sans évoquer les équipes de Pep Guardiola, pour qui Naples est « l’un des trois meilleurs clubs d’Europe en matière de qualité de jeu » .

Sarri a aussi réussi à sublimer le talent de certains de ses poulains, comme Lorenzo Insigne. Celui qui était, il y a encore trois ans, un joueur frisson irrégulier, incapable de dépasser la barre des cinq buts en Serie A, s’est mué en élégant meneur excentré, aux statistiques irréprochables (déjà huit buts et quatre passes décisives à son actif en championnat et C1 cette saison). Plus impressionnante encore est la mutation de Dries Mertens, transformé en numéro neuf vorace, aussi à l’aise à la construction qu’à la finition des actions. Autant de curseurs individuels et collectifs que Sarri semble avoir optimisés à la limite du possible, comme le souligne son attaquant belge : « Ces douze derniers mois ont été fous. Je sais que je ne pourrai pas m’améliorer beaucoup plus que ça… Je ne me vois pas comme un joueur de classe mondiale. »

Le talent des joueurs napolitains n’est en effet pas extensible à l’infini, même pour Sarri. Un constat qui vaut aussi pour ses défenseurs. Guardiola encore : « L’équipe défend à quarante mètres de sa surface… La façon dont ils jouent quand ils n’ont pas le ballon est aussi fantastique. » Fantastique collectivement, sans doute, mais moins individuellement. Ces dernières années, le club n’a pas pu investir pour recruter de grand nom derrière et quatre des cinq joueurs titulaires derrière (portier compris) l’étaient déjà quand Rafael Benítez était à la tête des Partenopei. Certains, comme Pepe Reina et Raúl Albiol, semblent sur la pente descendante et ont tendance à piocher quand le niveau s’élève, notamment en C1.

Un signe ultime que Sarri ne pourra pas éternellement tirer sur la corde pour permettre à son Napoli de maintenir un tel niveau d’excellence. Bonne nouvelle, cette saison, la concurrence semble abordable. La Roma entre dans une nouvelle ère sous le mandat de Di Francesco, le Milan accuse un retard à l’allumage, l’Inter doit confirmer sur la durée et, surtout, la Juve a encore du mal à digérer le départ de Bonucci. Aux Partenopei d’en profiter en triomphant de la Vieille Dame ce vendredi. Au bout de leur chemin, le Scudetto est une promesse tangible. Peut-être pour la dernière fois avant plusieurs années.

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