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Naples, les yeux dans les cieux
Fantastique, génial, sublime, les adjectifs sont difficiles à trouver pour qualifier ce Napoli 2022-2023. Un nul à Udine ce jeudi soir a ainsi suffi aux Partenopei, qui sont officiellement champions d’Italie et remportent donc le troisième Scudetto de leur histoire après 1987 et 1990.
« Nous avons entendu 33 ans pour remporter de nouveau un Scudetto, alors on peut encore attendre quelques jours », calmait la légende napolitaine Ciro Ferrara au micro de DAZN, après le match nul de Naples à la maison dans le derby face à la Salernitana (1-1) le week-end dernier. Alors que tout était prévu pour que la ville fête son titre de champion à la maison devant ses tifosi, il aura finalement dû attendre ce nul à 842 kilomètres plus au nord, à Udine, pour célébrer. La dernière fois que le trophée d’Ettore Calvelli avait trouvé refuge au pied du Vésuve, c’était en 1990 et aucun joueur actuel de ce Napoli n’était né. Autrement dit, une éternité. Avant de voir la cité méditerranéenne en liesse pendant des jours (voire des semaines), revenons sur les étapes de cette saison cinq étoiles d’Osimhen & Co.
Trouver un nouvel élan
« L’échec est le fondement de la réussite ». Abraham Lincoln n’était pas à Empoli en ce dimanche 24 avril 2022, mais sa maxime y a trouvé un écho. Sereins, les Partenopei pensaient d’ailleurs taper une promenade de santé en Toscane, après avoir rapidement pris le large en menant 2-0 à l’heure de jeu. Ils étaient loin de se douter de l’enfer qui les attendait. En sept minutes chrono, Empoli inscrit trois buts et réalise alors une remontée des plus inattendues. En parallèle, l’AC Milan et l’Inter s’imposent, laissant définitivement le Napoli sur le bas-côté. Les rêves de Scudetto partent alors en fumée, et comme souvent, quand ça explose, ça explose : « Le club a décidé que dès le début de la semaine prochaine, l’ensemble du groupe sera en ritiro. » Dans un communiqué, les dirigeants napolitains annoncent que l’équipe part en mise au vert. Une décision ahurissante, mais qui caractérise parfaitement le mindset de la ville. Luciano Spalletti verra donc son semblable au crâne rasé, Stefano Pioli, remporter le titre de champion avec Milan.
Pas grave, l’ancien Romain prépare déjà l’avenir. À l’été 2022, l’heure est à la révolution de palais dans la ville aux 500 coupoles. Et après avoir grandement contribué à la réussite du club durant les saisons précédentes, Lorenzo Insigne, Kalidou Koulibaly ou encore Dries Mertens sont priés de plier bagage. Naples souhaite se relooker et ça tombe bien, un génie géorgien (Khvicha Kvaratskhelia) et une muraille sud-coréenne (Kim Min-jae) sont disponibles pour moins de 30 millions d’euros. Pallier les départs de ses anciens cadres, mais aussi et surtout forger un effectif complet. Pour remporter un Scudetto, avoir uniquement un onze titulaire flamboyant ne suffit pas, le banc doit aussi être compétent. Aurelio De Laurentiis fait alors chauffer la carte bancaire : Mathías Olivera, Giacomo Raspadori, Giovanni Simeone ou encore Tanguy Ndombele débarquent. Chef Spalletti dispose d’excellents ingrédients, à lui maintenant de faire parler ses talents de cuistot. « Nous allons faire retomber amoureux les tifosi de leur équipe », teasait juste avant la saison le viticulteur à ses heures perdues.
Hit Machine
Dès les premiers matchs, Naples montre d’emblée ses ambitions. Un succès 5-2 sur la pelouse du Hellas, suivi d’une démonstration délivrée devant son public face à Monza (4-0). Durant ce match, les tifosi font notamment la rencontre de leur futur chouchou – Khvicha Kvaratskhelia – auteur d’un doublé. L’excitation monte tout doucement, mais après la rencontre, Spalletti se veut, comme à son habitude, mesuré : « Il fait un bon match, mais il doit encore soigner quelques erreurs techniques. » Message entendu. Pour son retour en Ligue des champions après trois ans d’absence, le Napoli reçoit alors le dernier finaliste de la compétition, Liverpool. Dans un stade Diego-Armando-Maradona gonflé d’bloc, la bande d’Osimhen délivre une prestation fantastique et balaye les Reds 4-1. L’occasion pour celui qui va devenir « Kvaradona » d’humilier en mondovision la défense anglaise avant de servir Giovanni Simeone pour le troisième but du match. « C’est l’équipe la plus forte d’Europe », avouera quelques semaines plus tard Jürgen Klopp.
La machine est lancée. À la suite de ce succès, s’enchaînent onze victoires consécutives (dont un 6-1 sur la pelouse de l’Ajax et un précieux 2-1 face au Milan) et ne regarderont jamais dans le rétroviseur. Solides défensivement avec une paire Rrahmani-Min-jae infaillible, dégageant une impressionnante maîtrise grâce à son milieu à trois d’une grande complémentarité (Zielinski-Anguissa-Lobotka) et sans peine lorsqu’il s’agit de martyriser les défenses adverses avec un duo Kvara-Osimhen au sommet de son art, les Azzurri sont sur un nuage et semblent intouchables. Juste avant la trêve, les hommes de Spalletti comptent déjà huit points d’avance sur leur dauphin rossonero. La Coupe du monde passe et le bilan ne faiblit pas. Le 13 janvier 2023, Naples gifle sans concession la Juve 5-1 et De Laurentiis se lâche : « Cette soirée sera inoubliable, notre équipe est fantastique. »
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Sur la côte méditerranéenne, l’excitation monte crescendo, même s’il était jusqu’à ce jour interdit de parler de titre. « Personne ici ne le dira, on sait qu’avant de se coucher, le voisin demande à San Gennaro de lui offrir ce Scudetto. Mais personne ne peut sortir le fameux mot de sa bouche », philosophait, en février dernier, Michele, secrétaire et membre actif du groupe Napoli Club Arezzo O’Sarracino, en amont du duel Napoli-Lazio. Trois mois plus tard, les superstitieux peuvent respirer. Oui, le SSC Napoli est bel et bien champion d’Italie.
Naples résiste à l’Inter et garde sa première placePar Tristan Pubert