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Nantes, un truc de flou
Après une lourde défaite contre Lille pour la première journée de championnat et alors que son mercato stagne, le FC Nantes de Waldemar Kita et de Claudio Ranieri est dans l’incertitude quant à son avenir. Pas forcément un problème, tant les Canaris semblent se complaire depuis quelques années dans un certain flou artistique.
Quelle belle matière première que ce début de saison du FC Nantes pour tous les amateurs de conclusions précoces. La défaite inaugurale à Lille (3-0) dimanche dernier est pour ces derniers le signe d’un échec annoncé, et les consultants annoncent déjà qu’il ne servait à rien de recruter Claudio Ranieri si c’était pour lui confier un effectif aussi médiocre. En première lecture, les faits leur donnent raison : Nantes a livré une prestation plus que pâle ; Nicolas Pallois ressemble comme deux gouttes d’eau à l’héritier du classique grand défenseur central canari qui ne sait pas jouer au football, dans la lignée des Delhommeau, Poulard, Douglão et autres Vizcarrondo ; Guillaume Gillet, leader technique du groupe la saison dernière, a pris un jaune treize secondes après son entrée en jeu et ne semblait clairement pas avoir envie de jouer. Le Belge a d’ailleurs fini par signer à l’Olympiakos le lendemain, blâmant Ranieri pour l’avoir fait débuter sur le banc. D’un point de vue général, malgré l’arrivée du prestigieux coach italien, les déclarations des joueurs suintent la nostalgie de l’éphémère, mais marquant Sergio Conceição. Waldemar Kita lui-même n’a pas hésité à louer à plusieurs reprises la « révolution » menée par le Portugais dans le club avant de balancer à Ouest France qu’il avait failli recruter Wesley Sneijder, mais que Ranieri « ne voulait pas » . Présenté comme ça, le futur des Ligériens sent le renfermé. Mais il y a un mais.
Spoiler et Sneijder
Car si l’on peut lire l’avenir dans les lignes de la main, personne n’a jamais lu dans les lignes des ailes, et les Canaris volent dans des cieux parallèles au reste de la Ligue 1. Depuis leur retour dans l’élite il y a quatre ans, ils ne font plus rien comme tout le monde. Au départ, il y a eu l’époque Der Zakarian : un début de saison tonitruant, une phase retour décevante, un maintien tranquille. Puis l’année dernière, on inverse tout : 19e à la trêve, 7e à l’arrivée, meilleur classement depuis treize ans avec un effectif pourtant plus faible que les saisons précédentes. Spoiler : en affrontant Lille, Marseille et Lyon lors des quatre premières journées, le FCN risque à nouveau de finir le mois d’août avec un triste total de points. Deuxième spoiler : cela ne veut pas dire que Waldemar et Claudio ne vont pas se faire un ou deux petits plaisirs avant la fin du mercato. D’autant que le coach l’a confirmé en conférence de presse ce jeudi, c’est bien lui qui a refusé Sneijder, qu’il avait entraîné une saison à l’Inter, parce qu’il considérait qu’il n’en avait pas besoin. Pour lui, les choses sont claires : « Il nous reste encore quelques joueurs à trouver. Le président me propose des noms et moi je dis si ça marche ou pas. »
Problèmes d’identité
Évidemment, les choses ne se passeront pas aussi simplement. Nous sommes à Nantes, et à Nantes, artistique ou pas, le flou est toujours là. Depuis quelque temps, le FCN est devenu une copie bordélique de l’OGC Nice sur le marché des transferts, avec pourtant un budget exactement identique cette saison (45 millions d’euros). Outre l’idée de recruter un entraîneur étranger au pedigree excitant (Favre pour Nice, Conceição puis Ranieri pour Nantes), les deux clubs sont régulièrement cités comme destination possible de tous les joueurs frisson errant dans les limbes du mercato. Ben Arfa, Balotelli et Sneijder ont tous été évoqués à Nantes et ont tous signé à Nice. Dans l’autre sens, celui des ventes, le club de la Côte d’Azur semble aussi plus en réussite. Alors que Nantes a vendu sa pépite Amine Harit pour 10 millions à Schalke 04, le Gym devrait récupérer un total de 29 millions pour Dalbert. Plus problématique, les Nantais sont devenus tellement flous qu’ils ne savent même plus vraiment qui fait partie de leur effectif. Prêté à Galatasaray l’année dernière, Kolbeinn Sigthorsson s’est d’abord blessé, puis a disparu, puis est revenu sur les bords de l’Erdre. Début juin, il était censé se faire à nouveau opérer du genou et, depuis, il n’a plus donné signe de vie. Interrogé sur le sujet ce jeudi, Claudio Ranieri a semblé penser qu’on lui parlait d’une piste possible pour le mercato et a tranché : « Ce n’est pas mon joueur. » Si les Kita jouent bien leur coup, ils peuvent le faire passer pour une recrue.
Par Thomas Pitrel