- France
- Barrage L1-L2
- Nantes-Toulouse (0-1)
Nantes-Toulouse : ces barrages qui ne cèdent jamais
Malgré une saison cataclysmique et un barrage retour raté à domicile face à Toulouse (0-1), le FC Nantes a sauvé sa peau en Ligue 1. En profitant d'un sytème qui favorise chaque année le dix-huitième du championnat, au détriment des clubs de l'antichambre.
Au coup de sifflet final de la double confrontation perdue par leur Toulouse FC contre Nantes, le sanguin Damien Comolli – président du club – et Patrice Garande – l’entraîneur des Violets – ont d’abord insisté, à chaud, sur une main de Charles Traoré qui aurait été oubliée par Benoît Bastien à dix minutes du terme du match retour, et qui aurait pu faire basculer le destin des deux équipes. Mais les deux hommes se sont trompés de combat, car il y en a un autre, plus évident, qui mettrait beaucoup plus de monde d’accord : le principe même du barrage qu’ils ont disputé cette semaine en clôture de la saison de Ligue 1 et Ligue 2.
Arroseur arrosé dans la Ville Rose
D’ailleurs, lorsque l’on a lancé Garande sur ce sujet après qu’il a fini de cracher son venin sur la VAR, le coach du Téfécé s’en est donné à cœur joie : « Il y a énormément de présidents intelligents, je n’arrive pas à comprendre comment cela a pu être décidé, a-t-il lâché. Ça donne de l’attrait à ce championnat, oui, mais j’ai un peu de mal avec ça. On a 29 joueurs sur 31 qui ont eu la Covid, on dispute cinq matchs en quinze jours sur la fin de saison à cause de ça, on joue un match de plus, on dispute le retour à l’extérieur… Là dans cette formule, c’est très compliqué pour le club de Ligue 2. On dit qu’il faut être dans le Top 5 mais il n’y en a que deux qui montent. C’est clair que tout est fait pour que les clubs de Ligue 1 restent là. La seule fois où il y a juste eu le troisième de Ligue 2 contre le dix-huitième de Ligue 1, sans playoffs, c’était Troyes contre Lorient(en 2016-2017, NDLR) et c’est le club de Ligue 2 qui l’a emporté. »
L’ancien attaquant de l’AJ Auxerre est dans le vrai : depuis ce simple barrage aller-retour qui avait souri à l’ESTAC de Benjamin Nivet (2-1, 0-0), la donne a changé, et le scénario n’a plus jamais souri à celui qui venait d’en bas. Maintenant, trois équipes de l’antichambre – du cinquième au troisième – doivent s’entretuer pour avoir le privilège d’affronter l’antépénultième de l’élite, qui finit toujours par retomber sur ses pattes comme si sa dix-huitième position était en fait déjà synonyme de maintien. Le TFC a d’ailleurs profité de ce système, puisque c’est comme cela qu’il avait évité la chute en 2017-2018 en dominant (3-0, 1-0) un AC Ajaccio qui restait sur un duel dantesque terminé aux tirs au but contre Le Havre (2-2, 5-3 t.a.b.) et n’avait eu que trois jours pour souffler. La saison suivante, c’était le Dijon d’Antoine Kombouaré (tiens tiens) qui avait fauché en plein vol (1-1, 3-1) un RC Lens cinquième de L2 et restant sur deux matchs à rallonge entre les 21 et 24 mai (tirs au but face au Paris FC, prolongation contre Troyes) : autrement dit une mission impossible pour les Sang et Or.
Sans parler de l’édition 2019-2020, qui avait vu Nîmes être sauvé par la Covid-19 et l’ACA, l’ESTAC ou Clermont rester coincés au sous-sol. Depuis quatre ans maintenant, les pensionnaires du sommet du football français sont protégés, même quand ils y mettent du leur et que les courbes des équipes laissent penser à une autre issue. Les Canaris ont livré ce dimanche leur « pire match de la saison » de l’aveu d’Alban Lafont ; mais en face, c’était un Téfécé cramé, qui s’est retrouvé à courir après le score loin de ses bases parce que c’est comme cela que l’histoire a été décidée depuis 2017. Si le barrage originel, aboli après 1993, souriait autant aux clubs de deuxième division qu’à leurs homologues de première, le revival des années 2010 n’en est qu’une pâle et fausse copie. « On est une équipe de Ligue 1 qui joue en Ligue 2 », a osé – sans doute à raison – Manu Koné lors de sa dernière conférence de presse toulousaine. Le problème est que chaque année, une formation de Ligue 2 reste tranquillement attablée parmi l’élite.
Par Jérémie Baron, à la Beaujoire
Propos de Garande recueillis par JB, à la Beaujoire