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Nantes la jolie
Si le FC Nantes n'a pas fait le poids lors de son match retour face à la Juve (0-3), le parcours des Canaris et l'émotion de la Beaujoire ce jeudi resteront dans les mémoires.
Il n’était que 16 heures, mais il fallait voir tout Nantes déjà parti pour converger vers la Beaujoire, ce jeudi, comme si la journée avait été trop longue et que l’heure du rendez-vous avec l’histoire avait sonné : le périphérique surchargé, des trams bondés et dans lesquels même les chauffeurs ont donné de la voix pour encourager le FCN, les grilles du stade prises d’assaut avant même leur ouverture, le tout sous un déluge bien breton. Depuis combien de temps la cité des ducs de Bretagne n’avait pas été aussi excitée avant une rencontre de football disputée en ces terres ? Un, dix, quinze, peut-être vingt ans ? Le Kombouarismo ne sera sans doute jamais un modèle de football pour qui que ce soit, mais force est de constater que depuis son arrivée sur le banc des Canaris, le Kanak aura redonné beaucoup de choses à cette ville : un redressement, des soirées de légende, un trophée, un doux parfum d’Europe et des déplacements mémorables, de la fierté envers son équipe, mais aussi une vitrine continentale aux travaux colossaux de la Brigade Loire, encore exemplaire face à la Juve lorsqu’il a fallu enflammer l’avant-match à grands coups de fumigènes et de symboles locaux.
Une ville en fusion, la Beaujoire en éruption #volcan #FCNantes #artentribune pic.twitter.com/z94tlSuAHr
— Folliot Loïc (@loicfolliot) February 23, 2023
Mieux : entre le petit miracle de Turin (1-1) et la deuxième manche de ce barrage/seizième de Ligue Europa, le peuple jaune s’était surpris à y croire, à cette qualification contre l’ogre bianconero. Fou, quand on se rend compte que la classe d’écart entre les deux formations était bel et bien énorme, au point de sauter aux yeux ce 23 février devant une Beaujoire garnie de 34 420 personnes, sous l’impulsion du seul Ángel Di María (0-3). Venue en Italie sept jours plus tôt pour se retrancher et piquer en contre, l’escouade de Loire-Atlantique avait cette fois attaqué la rencontre avec davantage d’ambition : elle l’a payé cher, mais avec panache, à l’image de l’expulsion prématurée de Nicolas Pallois, qui disputait certainement le dernier match européen de sa carrière et a filé à la douche sous les hourras de la populace, dont il restera l’idole. La génération de supporters du FCN de 2023 pourra d’ailleurs raconter à la suivante – avec la dose de romantisme et d’amertume qui agrémente ce genre d’histoire – la cruauté de l’arbitre espagnol José María Sánchez au moment de tuer le match lors de cette fameuse 17e minute, tout comme leurs aînés de 1996 n’ont pas fini de narrer comment Dermot Gallagher a saboté les chances nantaises lors de la demi-finale de C1 face à cette même équipe turinoise, il y a 27 ans.
« Un public monstrueux, unique »
« C’est une défaite qui fait mal, mais si on regarde toute la campagne, on peut être fiers du parcours qu’on a fait », pose Moussa Sissoko, qui n’oubliera pas certaines images : le pion au buzzer d’Evann Guessand contre l’Olympiakos, celui d’Ignatius Ganago face à Qarabağ, la qualification apprise sur la pelouse du Pirée depuis un smartphone et fêtée avec un parcage de 700 Nantais, la Juventus de Di María, Dušan Vlahović, Wojciech Szczęsny, Adrien Rabiot, Federico Chiesa et Leandro Paredes vacillant à Turin sur une minasse de Ludovic Blas à la conclusion d’un rush fou de Fabien Centonze, ou encore le tour d’honneur plein d’émotion d’Andrei Girotto et consorts, ce jeudi soir dans leur enceinte, pour marquer la fin de cette aventure européenne. « Quand j’ai vu les cinq premières minutes, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire, regrette tout de même Centonze. On se sentait soutenus par le public, ce qui est extraordinaire. On encaisse ce but vraiment trop vite. C’est dommage parce qu’il y avait vraiment quelque chose de beau à faire pour le club, pour la ville, pour nous, pour tout le monde. Ils nous ont donné une leçon d’efficacité. »
C’était la Coupe d’Europe du Nantes FC, et c’était magnifique. 💛
6 mois, 8 matchs, 4 déplacements : Bakou, Fribourg, Athènes, Turin. 🇦🇿🇩🇪🇬🇷🇮🇹
Des souvenirs pour la vie. pic.twitter.com/AgypwG9sBK
— Alexis Vergereau (@Alexis_Vrg) February 23, 2023
« On n’a pas été à la hauteur de l’évènement, à l’inverse des supporters qui ont su répondre présent, a de son côté estimé Antoine Kombouaré. J’ai énormément de fierté de voir ce public monstrueux, unique, nous soutenir malgré ce score et ce non-match. On va surtout se féliciter du parcours qu’on a accompli. On a fait des choses exceptionnelles, on a réussi à se retrouver en seizièmes de finale face à la Juve, à entretenir l’espoir avec ce match nul à l’aller. On sait d’où l’on vient, on sait ce qu’on a traversé, et nous retrouver ici à remplir le stade et avoir un public qui nous remercie à la fin du match pour ce qu’on a montré, il ne faut pas jeter ça à la poubelle. » À moins d’aller chercher un dernier carré de Coupe de France dans quelques jours contre Lens, c’est sans doute le chant du cygne de ce groupe, celui de Lafont, Blas, Simon, Pallois et Girotto, auquel on vient d’assister. Mais quand on s’est remis d’un départ gratuit de Randal Kolo Muani, on peut survivre à beaucoup de choses.
L’énorme craquage de la Brigade Loire à 5 minutes de la fin du match 🔥#UEL #FCNJUV #FCNantes pic.twitter.com/8SzqU6DQE5
— Antoine Mazère (@MazereAntoine) February 23, 2023
Par Jérémie Baron, à Nantes
Propos de FC et MS recueillis par fcnantes.com