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- Nantes-Fribourg (0-4)
Nantes : La désunion européenne
Bloqué dans une spirale infernale, le FC Nantes a touché le fond, ce jeudi soir lors de la réception de Fribourg (0-4), confirmant son incapacité à évoluer sur deux tableaux, ses difficultés à se hisser au niveau du ventre mou européen et la réelle crise qu'il traverse. Tout ça, cinq mois seulement après l'immense bonheur d'avoir soulevé la Coupe de France.
On disputait la 88e minute de jeu à la Beaujoire, ce jeudi soir, et Jeong Woo-yeong venait de planter la quatrième cartouche du SC Fribourg dans le buffet du FC Nantes, lorsque les tribunes Océane et Jules Verne ont commencé à se vider. C’en était trop, pour une partie des 30 000 supporters locaux du soir, qui pensaient certainement passer une meilleure soirée, après avoir pris la peine de s’extirper du bureau en fin d’après-midi pour filer au stade avant 18 heures 45. Une scène somme toute classique, dans le monde du ballon rond, mais que l’on avait perdu l’habitude de voir dans la cité des ducs de Bretagne, ces derniers mois. Et pour cause : ce 0-4 est la plus lourde défaite nantaise à domicile depuis près de deux ans et un naufrage sur le même score face au RC Strasbourg, en décembre 2020, alors que le FCN filait tout droit vers la Ligue 2, avant de se sauver sur le fil en barrage quelques mois plus tard.
Dix-neuf buts encaissés en sept matchs
Entre les deux, il y a donc eu ce cru 2021-2022, plein de frissons, de gloire et de Randal Kolo Muani. Et un héritage laissé par le crack de Villepinte en partant : un ticket pour l’Europe qui, s’il a permis une soirée historique et mémorable contre l’Olympiakos le 9 septembre, ressemble aujourd’hui plutôt à un cadeau empoisonné. Car depuis son succès plein d’entrain face aux Grecs, pour son entrée en lice en Ligue Europa, la Maison jaune marche de traviole : en sept rencontres toutes compétitions confondues, Nantes s’est incliné six fois, n’a pris qu’un point (0-0 contre Lens le 18 septembre), n’a marqué que trois buts et en a mangé dix-neuf. Ce mercredi contre Ritsu Doan et consorts, c’était tout simplement le quatrième revers de rang pour les hommes d’Antoine Kombouaré, dix-neuvièmes de l’élite. Et les trois dernières sorties nantaises en C3 ont donné lieu à de jolies roustes (3-0 à Bakou contre Qarabağ, 2-0 à Fribourg avant le 0-4 de cette semaine).
Certes, la réussite a complètement fui les Canaris, qui ont touché deux fois les montants alors que le score était de 0-0, ce que le coach allemand Christian Streich n’a pas manqué de souligner : « Le score n’est pas un bon résumé du match, car Nantes a été très actif, on a été chanceux. » Il n’empêche que depuis plus d’un mois maintenant, quelque chose ne tourne pas rond à la Jonelière, entre des cadres méconnaissables (Alban Lafont, Jean-Charles Castelletto, Pedro Chirivella), des recrues qui ont du mal à confirmer (Moussa Sissoko, Evann Guessand, Mostafa Mohamed) et un collectif éteint, Ludovic Blas et Moses Simon avançant – lorsqu’ils le veulent – seuls dans la pénombre. « On a pris une claque, elle est méritée, n’a pas hésité à lâcher Marcus Coco après la douche. C’est la faute de tout le monde, personne ne donne le maximum. » Même constat chez Antoine Kombouaré : « Il y a beaucoup de joueurs en difficulté. Alban Lafont ? J’en attends toujours mieux, il doit faire beaucoup mieux. Mais il n’est pas le seul. Quand vous prenez quatre buts… »
Reste que cette saison à quatre relégations en championnat est encore longue et que Nantes (toujours troisième devant l’Olympiakos) a encore des choses à jouer en C3. « On n’est pas assommés, mais déçus, a aussi expliqué Kombouaré. Il va falloir travailler pour faire basculer un résultat en notre faveur, se relever, aller de l’avant, montrer qu’on est des champions. Il y a eu des erreurs individuelles qui nous coûtent très cher, mais je n’ai pas le sentiment que les joueurs ont lâché. On est costaud mentalement, même si sur la durée on flanche. J’ai envie de me battre avec mes joueurs. » Le Kanak, qui a été interrogé sur son avenir sur le banc nantais ( « Ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question » ) et a qualifié de « première finale » la réception de la lanterne rouge brestoise dimanche, semble démuni face à la gestion de ces deux tableaux, européen et domestique : « On a tout fait pour faire la Coupe d’Europe, il faut être content de la disputer, mais être préparé à ça. Il faut croire que la C3 nous met dedans en championnat. En Ligue 1, on est capables de faire beaucoup mieux, avec l’effectif et la qualité qu’on a. » En 2023, la ville de Nantes sera la capitale européenne des carnavals. À croire que les Nantais ne sont bons qu’à faire les clowns sur la scène continentale.
Par Jérémie Baron, à la Beaujoire
Propos de Christian Streich, Marcus Coco et Antoine Kombouaré recueillis par JB, à la Beaujoire.