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Nantes, génération enchantée

Par Jérémie Baron, à la Beaujoire
4 minutes
Nantes, génération enchantée

Ce jeudi soir, à l'occasion de son retour en Coupe d'Europe après deux décennies de disette, c'est tout Nantes qui a tremblé de passion. Encore plus que la victoire arrachée face à l'Olympiakos (2-1), c'est la communion générale d'un peuple avec son équipe qui restera dans les mémoires.

Espérons que le Royaume-Uni n’y verra pas une offense. À 20h55 ce jeudi, lorsque le speaker de la Beaujoire a annoncé un instant de recueillement en hommage à la reine Élizabeth II disparue quelques minutes plus tôt, le silence attendu n’a pas vraiment été respecté. Chauffé à blanc, le stade était déjà entré vocalement dans son match et, pire, la Brigade Loire avait choisi ce moment pour enflammer l’enceinte à coups de torches jaunes et vertes (comme ouvertement espéré par Antoine Kombouaré la veille), après son hommage XXL à la Bretagne – à cinq départements – lors de l’entrée des 22 acteurs. Le ton était donné, pour cette soirée si particulière : celle du retour d’un géant endormi du patrimoine français, le FC Nantes, en Coupe d’Europe.

Les amoureux de la tribune Loire

De la bascule lors de la réception de Lens au derby contre Rennes en passant par le sommet face à Paris, la demi-finale devant Monaco ou le feu d’artifice contre Bordeaux, l’antre de Louis-Fonteneau en a connu, rien que la saison passée, des moments à graver dans le marbre. Mais ce qu’a retrouvé le public nantais ce 8 septembre, c’est un parfum encore différent. Bien loin des grosses affiches hexagonales durant lesquelles un tiers de l’assistance peut parfois pencher pour l’adversaire, le FCN a eu droit face à l’Olympiakos à une horde de 31 000 adorateurs prêts à chavirer sur chaque contrôle orienté de Quentin Merlin, remise en pivot de Mostafa Mohamed ou transversale de Pedro Chirivella. Et qui a donné de la voix 90 minutes durant – avec un écho de virage à virage – même dans un contexte de fronde envers Waldemar Kita & co. La génération jaune du nouveau millénaire, celle qui a accompagné Valentin Rongier, Emiliano Sala ou Ludovic Blas, ne pourra jamais comparer cette nuit face aux Grecs à toutes celles qu’avait connues leurs aînés sur la scène continentale. Mais elle a à coup sûr vécu l’un de ses plus beaux frissons, sur le rythme d’un nouveau tube, enivrant et prémonitoire, qui résonne depuis août dans la cité des ducs : « Te souviens-tu encore du jour, du jour où tout a commencé, du jour où tu es tombé amoureux, amoureux du Nantes FC ! »

C’est monté d’un cran. En Coupe d’Europe, on voit la différence.

On comprend pourquoi Evann Guessand, buteur une seule fois au tableau d’affichage, mais qui a glissé sur les genoux à deux reprises en l’espace de dix minutes (une clim’, une réalisation validée), a voulu profiter de l’instant, face à une foule qui avait déjà enfiévré Saint-Denis en mai dernier. Et cette atmosphère a même donné des ailes à Kombouaré, méconnaissable et parti jusqu’au point de corner, sur la tête victorieuse de son attaquant, au bout de ce scénario irréel : « C’est la première fois que j’agis de la sorte, car je ne sais plus courir. Mais sur le moment, je ne sens plus les douleurs, c’était plus fort que moi, je n’ai pas pu me contrôler. Il y a eu une belle communion, ça amène des émotions très fortes. » Pour le Kanak (appuyé par Ludovic Blas), la musique de la Ligue Europa – même pour une simple première journée de phase de poules – a amené comme prévu la Beaujoire dans une autre dimension, inatteignable lors des joutes domestiques : « C’est monté d’un cran, le stade était de toutes les couleurs, c’était une énorme ambiance. En Coupe d’Europe, on voit la différence, c’était électrique, et la ferveur du public nous oblige à aller au-delà de ce qu’on est capable de faire. C’est une victoire collective. » Pourtant plutôt habitué aux climats brûlants, l’Olympiakos a semblé broyé par l’accueil qu’on lui avait réservé. Et posséder une tribune crainte sur le Vieux Continent serait déjà un bon début pour redevenir une place forte du foot tricolore, non ?

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Par Jérémie Baron, à la Beaujoire

Propos de Kombouaré recueillis par JB, à la Beaujoire

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