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Nantes-Domenech : dry january
Le Kita Circus suit son cours : un mois et demi après avoir été sorti de la retraite pour prendre les rênes d'un FC Nantes en pleine glissade, Raymond Domenech va déjà prendre la porte sans avoir eu le temps de redresser quoi que ce soit, avec un tout petit bilan à la clé. Au fond, comment aurait-il pu en être autrement ?
Lors de son intronisation le jour de la Saint-Sylvestre, c’est de « plaisir » – ou plutôt de redécouverte d’un plaisir – dont Raymond Domenech avait parlé. Une denrée qui se fait très rare, ces dernières années, dans le club où il mettait les pieds dix ans et demi après sa dernière expérience sur un banc. Peut-être naïvement ne savait-il simplement pas dans quoi il s’embarquait, ou peut-être préférait-il ne pas y penser, lui qui avait décidé sur un coup de tête qu’il était temps de relancer la machine l’année de ses 69 ans. Mais de plaisir, il n’en a que très peu été question pendant ses six semaines sur la banquette du FC Nantes, et l’ancien sélectionneur sera passé en coup de vent sur les bords de Loire sans même avoir donné l’impression d’être pleinement installé : on a déjà tout lu, vu et entendu sur Waldemar Kita, mais il faut dire qu’il réalise encore un exercice 2020-2021 de haut standing.
L’amour dure quatre points
On ne saura jamais vraiment ce que le président avait derrière la tête, si ce n’est s’offrir quelques semaines de répit en prenant tout le monde de court, lorsqu’il a convaincu Raymond de s’offrir une pige chez les Jaune et Vert. Sur le terrain et en dehors, le contexte avait tout du traquenard, et même s’il était arrivé autrement que les mains dans les poches, le coach aurait eu tout le mal du monde à faire des merveilles. Mais les faits sont là, et ils font mal : en sept matchs, le presque septuagénaire n’a jamais vu la victoire, a rapporté quatre petits points (quatre nuls et trois revers), a vu son équipe chanceler jusqu’à la 18e place et la contestation des supporters envers la direction prendre une nouvelle dimension. Ces derniers ont d’ailleurs bien compris une chose, qu’ils affichaient dès le 31 décembre : « Le problème, c’est pas Der Zak’, Baup, Rohr, Furlan, Gentili, Anziani, Chauvin, Girard, Conceição, Ranieri, Cardoso, Halilhodžić, Gourcuff, Domenech… Le problème, c’est la famille Kita. »
Pendant cette parenthèse quelque peu hors du temps dans la cité des ducs de Bretagne, on a pu retrouver le Raymond à qui on ne la fait pas, taquin – c’est un euphémisme – en conférence de presse et toujours surprenant dans tout ce qu’il entreprend. Footballistiquement, on ne pourra pas dire qu’il a réussi grand-chose, mais malgré plusieurs sorties indigentes, il aura au moins procédé à quelques coups de poker plus ou mois pertinents : Andrei Girotto remonté d’un cran dans l’entrejeu, Kader Bamba progressivement placardisé, le lampadaire Kalifa Coulibaly relancé devant ou encore la mise en place d’un 4-1-4-1 joueur qui, avant de voler en éclats contre le leader lillois (0-2) et de certainement tomber aux oubliettes avec ce nouveau twist, avait permis à son équipe d’offrir un peu de football à Geoffroy-Guichard (1-1) : là aussi, une denrée rare. Ainsi se dessine le quinzième – et le plus prématuré – changement de technicien (hors intérims) depuis la prise de fonction de Waldemar Kita il y a treize ans et demi. Quelques mois avant cette arrivée, en 2006-2007, un FCN déjà à l’agonie avait également fait appel à un gros nom en pré-retraite pour tenter de faire bouger les choses à la mi-saison : il s’appelait Fabien Barthez et n’a pas non plus terminé la saison. À l’issue de cet exercice, c’est la descente qui attendait les Canaris.
Par Jérémie Baron