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Nani, un pas en arrière pour mieux rebondir
Après deux saisons de lose totale du côté de Manchester, Nani fait son come-back au Sporting pour reprendre confiance et aider son ancien club à atteindre son objectif principal : remporter le championnat portugais. Si des doutes subsistent sur sa capacité à retrouver son meilleur niveau, une chose est sûre : il ne sera pas mis à l'écart cette saison.
Ce devait être la Juventus, ou bien le Milan AC. Cela pouvait même tomber sur Benfica, qui s’était porté volontaire pour le sortir de son trou, il y a quelques semaines encore. Finalement, le prix a été décroché par le Sporting. Sept ans après être parti d’Alvalade où il fera son retour face à Arouca ce soir, Nani portera à nouveau le maillot qui l’a révélé et permis de rejoindre Cristiano Ronaldo, son modèle, à Manchester United. Les Red Devils ont accepté de le céder un an aux Leões dans le cadre du transfert de Marcos Rojo. Ou comment cacher une grosse perte à l’aide d’un retour impensable, par Bruno de Carvalho. Faire revenir Nani au Portugal est une prouesse que seul un come-back de CR7 pourrait surpasser. Les supporters sportinguistas l’ont bien compris et se sont chargés de l’accueillir en conséquence à l’aéroport de Lisbonne. Parmi les groupies du nouveau numéro 77, de nombreux ultras ont fait résonner les chants du club au milieu de « Nani! Nani! Nani! » répétés inlassablement en l’hommage de celui qui, vêtu du maillot que les Leões porteront en Ligue des champions, avait la tête d’un môme recevant timidement son premier bain de foule. « Je ne m’attendais pas à voir autant de monde à l’aéroport. C’est une joie énorme pour moi. Je n’oublierai jamais ce moment de ma vie » , a-t-il déclaré peu de temps après au micro de Sporting TV.
Un retour applaudi
Le président De Carvalho, lui, jubile encore plus. Critiqué sur la gestion tyrannique des cas Rojo et Slimani – le deuxième s’entraîne toujours à part -, il remonte dans l’estime des principaux acteurs du football portugais qui voient dans ce prêt un signe d’ambition . C’est le cas de Jorge Jesus. L’entraîneur de Benfica était intéressé par le Mancunien depuis plusieurs mois et n’a pas caché sa satisfaction de le voir revenir au pays, bien que ce soit chez le frère ennemi du SLB. Fair-play. « Il faut applaudir le retour de Nani. C’est un très grand joueur. » Sur le premier point, tout le monde est d’accord. Sur le second, les avis sont partagés. Nani a été un grand joueur et il a le talent pour renaître de ses cendres. La question reste de savoir s’il y parviendra. Le dernier vrai match mémorable de Nani date de 2013, et cette fameuse expulsion injustifiée face au Real Madrid qu’il était en train d’éliminer tout seul. C’est-à-dire il y a longtemps. Trop longtemps. Dans le jargon, on appelle ça une traversée du désert. Ou « une Quaresma » .
Entraînements et déjeuners à part
Pour Marco Silva, l’entraîneur des Verdes e Branco, il est hors de question de mettre toute la pression du monde sur le dos de sa dernière recrue. « Nani ne va pas résoudre nos problèmes, il ne pourra pas tout faire tout seul » , a-t-il fait savoir en conférence de presse. Difficile de lui reprocher d’essayer de préserver l’ailier portugais. Car il est loin, le temps où ce dernier distillait caviar sur caviar tous les week-ends en Premier League. C’est un fait, Nani n’a ni la confiance ni le niveau du double meilleur passeur du championnat anglais qu’il a un jour été. Mais avant de retrouver les hauteurs du football mondial, le natif du Cap-Vert devra surtout éviter les blessures et faire preuve de régularité. C’est ce qui lui manque depuis le début de l’année 2012, et ce sont les raisons pour lesquelles il a été peu à peu écarté du groupe par Ferguson, Moyes et enfin Van Gaal. Avec ce dernier, il ne s’est jamais vraiment entraîné. Les médias anglais faisaient carrément état d’une vie à l’écart du groupe aux côtés des autres indésirables, parmi lesquels Anderson. Le Brésilien et lui-même n’avaient pas le droit de s’entraîner avec le groupe principal, pas plus qu’ils ne pouvaient déjeuner avec le reste des joueurs ni leur parler pendant les heures de travail. C’est donc peu dire que Nani manque de rythme. Le Portugais va non seulement devoir rattraper le retard accumulé du fait de sa préparation physique incomplète, mais aussi réapprendre à vivre en groupe.
Titulaire probable contre Arouca
Pour autant, il paraît improbable de voir Marco Silva pointer le banc du doigt au seul joueur de dimension mondiale dont il dispose. Nani a de quoi apporter beaucoup de choses dans l’immédiat aux Leões. Percussion, caviars, frappes et expérience sont autant d’armes dont il peut se servir, avec ou sans préparation digne de ce nom. Par ailleurs, le Portugais n’aura à faire face à aucun problème d’intégration. La barrière de la langue est inexistante, l’accueil chaleureux et les lieux familiers. Sans oublier que si les dirigeants du Sporting se sont arrachés pour obtenir le certificat nécessaire à l’alignement d’un nouveau venu, ce n’est pas pour le foutre sur le banc contre une équipe qui en a pris 5 à Lisbonne il y a tout juste un an. La Liga Sagres devrait donc avoir l’opportunité d’assister à au moins une bonne heure de Nani. La première depuis 2007. Une mise en bouche pour un pays qui espère retrouver un jour l’artiste qui sommeille en celui que beaucoup ont surnommé « le nouveau Figo » , cet esthète altruiste qui laisse de côté grigris et gestes inutiles pour faire briller autrui. La classe, la vraie. À bientôt 28 ans, il est temps pour lui de refaire surface. Après, il sera trop tard. Ça serait bête pour lui et dommage pour le football.
Par William Pereira