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Nacho assure dans la défense du Real Madrid et regarde devant
Pour sa fin de saison excitante, le Real Madrid va pouvoir compter sur la présence de Nacho Fernández en défense. Véritable guerrier, l'habituel remplaçant n’a cessé de prendre la lumière par sa régularité et son sens du devoir. Une fidélité rare face à une concurrence rude, qui a fait de lui un joker de luxe dans la spacieuse Maison-Blanche.
« Je vis sûrement le meilleur moment de ma carrière, je me sens bien et suis en pleine confiance. » Ces mots sont signés José Ignacio Fernández Iglesias, dit « Nacho » , à la fin du match opposant le Real Madrid à Liverpool ce mercredi. Alors que l’on promettait le pire aux Merengues en l’absence de Sergio Ramos et Raphaël Varane, le défenseur est sorti de trois performances remarquables pour mener son club à la victoire en ce début de mois d’avril. Une double confrontation franchie haut la main face aux Reds en quarts de finale de Ligue des champions et un Clásico brillamment remporté dans la course au titre en Liga sont venus récompenser le travail du défenseur, qui semble enfin reconnu à sa juste valeur.
L’homme de Zidane
Aux côtés d’Éder Militão, Nacho assure cette saison dans les tâches qui lui sont dévolues par Zinédine Zidane. Face aux absences de ses deux tauliers, le technicien n’a pas réfléchi à deux fois avant de désigner son éternel bras droit. Le grognard au caractère bien trempé a su peser sur les attaquants du Barça et de Liverpool, en l’absence du capitaine Ramos. À Anfield, il a ainsi intercepté onze ballons dont sept de la tête. Surtout, il a su se faire entendre. Cette scène de fin de match, le montrant en train de hurler sur ses coéquipiers à la suite d’un ballon perdu par Ferland Mendy, suffirait presque à résumer son impact tout au long de la partie. Un retour quasi miraculeux pour celui qui pensait quitter le navire durant une campagne 2019-2020 nourrie de dix pauvres rencontres, disputées au milieu des blessures. Mais même dans la galère, la symbiose entre Nachito et son entraîneur a toujours pris le dessus sur les envies individuelles. Une relation que leur belle étreinte face au Real Valladolid l’an dernier a parfaitement symbolisé, les deux hommes s’entendant à merveille : depuis la nomination du Français en janvier 2016, le défenseur dispute en moyenne vingt matchs par saison. Un bilan honorable, lorsque l’on connaît le niveau et la voracité dont font preuve ses concurrents.
En sortie de banc, Nacho a toujours dû pallier les absences (Ramos, Varane, Marcelo, Carvajal ou encore Pepe en son temps). Une liste prestigieuse qui n’a jamais effrayé le natif d’Alcalá de Henares, ni son entraîneur. La polyvalence de l’Espagnol sied, en effet, parfaitement aux exigences de l’esthète chauve. Formé au poste de latéral gauche, il quitte peu à peu son couloir pour s’installer comme un back up essentiel en défense centrale. Sa balance globale de 146 rencontres jouées dans l’axe, 44 à gauche et 36 à droite, l’a définitivement installé comme la quatrième roue de l’arrière-garde blanche. Loin de se contenter des simples prérogatives défensives, Nacho sollicite régulièrement ses qualités de joueur de couloir pour faire briller son apport offensif. En témoigne son déboulé face à l’Inter pour provoquer un penalty en C1 cette saison, tout comme quelques-unes de ses réalisations souvent somptueuses. Subtil plat du pied contre le PSG en 2015, ciseau inscrit en Copa del Rey face à la Cultural Leonesa, reprise de volée contre le Portugal lors du Mondial russe… Une panoplie complète pour un joueur loin d’être le plus talentueux, mais qui répond toujours présent.
De blanc immaculé
Lancé dans le bain par José Mourinho un soir d’avril 2011 face à Valence, le jeune Nacho commençait une aventure qu’il n’aurait jamais crue aussi longue. Car 226 rencontres plus tard, il est devenu un élément clé du paysage madrilène : le premier auquel on pense quand il faut suppléer un blessé, mais également le porte-drapeau d’un madridismo exacerbé. Une passion qu’il partage avec son frère cadet Álex Fernández, également formé chez les Merengues et qui fait aujourd’hui les beaux jours de Cadix. Cette histoire au long cours, il aurait pu ne jamais la connaître à cause de son capricieux diabète de type 1 l’obligeant « à tout le temps faire attention et à surveiller une alimentation drastique ». Une longue maladie diagnostiquée à l’âge de douze ans, alors qu’il se rendait à son premier tournoi avec l’académie du Real Madrid. Les médecins lui interdisent alors la pratique du sport ? Comme sur le terrain, il fait abstraction des parasites pour se concentrer sur son objectif : devenir footballeur professionnel. Normal, donc, de le sentir attaché à cet écusson qui lui a donné sa chance. Logique, aussi, de le voir s’interroger sur son avenir à un an de la fin de son contrat : « La prolongation de Sergio Ramos, le recrutement d’un défenseur… Tout cela entre en ligne de compte dans ma réflexion, et cet été, je discuterai avec mes dirigeants. »
Un discours légitime, cependant nuancé de manière très naturelle durant la même intervention : « Mon souhait est avant tout de finir ma carrière au Real Madrid, ça serait un rêve de pouvoir y parvenir. » Surprenants pour les uns ou anecdotiques pour les autres, ses 31 ans traduisent surtout le lien tissé entre un joueur de devoir souvent tapi dans l’ombre et une équipe de luxe (même en période de récession). Un parcours qui fait de lui un vieux briscard, et sent bon le football à l’ancienne avec une coupe de cheveux sans fioriture ou une fidélité promise à une institution. À l’instar de Federico Valverde et Lucas Vázquez, la fiabilité de Nacho permet en tout cas aux Blancos de s’assurer une stabilité certaine et de faire briller leurs soldats dévoués. Lui qui dit « avoir été un peu déçu de ne pas avoir été convoqué lors du dernier rassemblement de la sélection au mois de mars » pourrait, comme en 2018, venir jouer les trublions dans le groupe de la Roja pour l’Euro. Une figure incontournable, donc, devenue indissociable d’un Real Madrid qui gagne et avant tout respectée par ses supporters. Eux savent pertinemment que ce Nacho est à consommer sans modération.
Par Adel Bentaha
Propos de Nacho tirés de Marca, UEFA.com et conférences de presse.