ACTU MERCATO
Nabil Fekir, eh Mersey hein
Nabil Fekir quitte le championnat de France et rejoint Liverpool contre 65 millions d’euros. L’international français aura l’occasion de saluer une dernière fois le public lyonnais, samedi, lors de France-États-Unis, ultime match de préparation des Bleus avant le Mondial russe.
Jean-Michel Aulas sait manier l’art de la surprise comme personne. Face aux journalistes, jeudi après-midi, le président de l’OL répondait aux questions sur l’avenir de Nabil Fekir en toute décontraction : « Le dossier est au point mort. Il n’y a pas du tout d’avancée. Ça ne se bouclera certainement pas pendant la Coupe du monde et je ne pense pas qu’il y ait de changement avant le Mondial. » Mais la version du boss lyonnais semble assez éloignée de la réalité, à en croire les informations des médias britanniques.
Dans la soirée, le Liverpool Echo annonçait que l’international français se trouvait sur le point de s’engager avec les Reds, moyennant un chèque de 65 millions d’euros plus 7 millions de bonus. Un montant record pour le club rhodanien, qui dépasse les 41 millions offerts par le Bayern pour Tolisso et les 60 millions déboursés par Arsenal pour Lacazette, l’été dernier. Sollicité par les Bavarois et l’Atlético ces dernières semaines, Nabil Fekir a finalement opté pour le projet exposé par Jürgen Klopp et évoluera la saison prochaine chez le finaliste de la dernière C1.
Les adieux au Groupama Stadium
Les prochaines quarante-huit heures de l’international français (11 sélections) ne s’annoncent pas de tout repos. Attendu sur les bords de la Mersey, ce vendredi, pour passer sa visite médicale avant de s’engager avec les Reds, le meneur de jeu rentrera ensuite en France, chez lui, à Lyon pour y disputer le troisième et dernier match de préparation des Bleus face aux États-Unis. Si Deschamps ne l’a pas utilisé contre l’Italie vendredi dernier, Fekir, buteur contre l’Irlande, compte bien grappiller du temps de jeu sur la pelouse du Groupama Stadium, son futur ex-jardin, et soigner ses adieux au public lyonnais.
Critiqué par une partie des supporters à l’issue de l’exercice 2016-2017 pour sa nonchalance et ses prestations trop souvent décevantes, le numéro 18 a su inverser la tendance en s’imposant cette saison comme le leader technique de la formation lyonnaise. Décisif et étincelant (18 buts, 7 passes décisives) aux côtés de Memphis, Mariano et Traoré dans un quatuor offensif de choc, le joueur, propulsé capitaine par Bruno Génésio à la suite des départs de Gonalons, Lacazette et Tolisso, a assumé son nouveau statut avec sérieux. Il quitte son club formateur à 24 ans, après l’avoir porté jusqu’à la troisième place du championnat, directement qualificative pour la prochaine Ligue des champions.
Houllier, l’homme-clé
Pourtant, ce choix de carrière semble se faire au moment optimal. En réglant son avenir avant le Mondial, cela fait toujours une prise de tête en moins. Surtout, ce transfert renvoie à une image qui avait marqué les mémoires lyonnaises. Avant de s’envoler pour Arsenal l’été dernier, Lacazette était venu saluer une dernière fois ses coéquipiers lyonnais. Fekir lui avait alors glissé « Bonne saison, arrache tout frérot ! » devant la caméra d’OLTV. Le Guadeloupéen tentait l’aventure outre-Manche pour optimiser ses chances de disputer le Mondial russe avec les Bleus. Ironie du sort, Lacaz’ suivra la compétition depuis son canapé, tandis que son compère, resté à l’OL une saison de plus, pourrait avoir une belle carte à jouer dans la rotation de Didier Deschamps durant cette Coupe du monde.
Et si Nabil Fekir arrivera libéré en Russie, c’est en partie grâce au travail de l’ombre de Gérard Houllier. L’ancien sélectionneur des Bleus, entraîneur de Liverpool et de l’OL, a joué un rôle-clé dans ce transfert en facilitant les négociations entre les intermédiaires. Les Reds, très actifs lors de ce début de mercato, bâtissent petit à petit un onze qui fait figure d’épouvantail pour la saison à venir. La perspective de voir évoluer les trois recrues Naby Keita, Fabinho et Fekir derrière l’attaque de feu Mané-Firmino-Salah pourrait enchanter Anfield de nombreux week-ends. Le début du conte de Nabil et mille nuits.
Par Maxime Feuillet