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Nabil El Zhar : « Valerón, c’est le Zidane espagnol »

Propos recueillis par Robin Delorme
11 minutes
Nabil El Zhar : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Valerón, c&rsquo;est le Zidane espagnol<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Auteur d’un début de saison canon avec l’UD, et notamment MVP de la seconde journée de Liga, Nabil El Zhar s’éclate à Las Palmas. Un plaisir retrouvé qu’il explique en grande partie grâce à la philosophie de Quique Setién, véritable druide de la formation canarienne, mais aussi par la culture historique du tiki-taka sur l’île.

La saison passée, le Real Madrid s’était imposé contre le cours du jeu dans les derniers instants à l’Estadio de Gran Canaria. Samedi dernier, c’était à votre tour de les rejoindre au score en toute fin de match. La boucle est bouclée ?Exactement, on peut dire que justice a été rendue (rires). La saison passée, on avait fait un très bon match contre eux. Malheureusement, on se fait punir en toute fin de match sur un coup de pied arrêté. J’avais parlé avec Zizou au coup de sifflet final, il n’était vraiment pas content de la prestation de ses joueurs, je crois même que c’était l’une des rares fois où il avait poussé une gueulante en conférence de presse. La semaine dernière, il était bien plus content de la performance de son équipe malgré le match nul. Mais c’est le football, ce n’est jamais logique.

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Plus sérieusement, ce nul arraché face au Real est à l’image de votre début de saison : réussi autant qu’inespéré. Quelles sont les ambitions de Las Palmas ?Avant le coup d’envoi de la saison, et c’est toujours d’actualité, notre ambition est avant tout de nous maintenir. Notre début de championnat nous apporte beaucoup de confiance.

Même si, en Espagne, beaucoup d’observateurs racontent que nous sommes la surprise de la Liga, il ne faut pas faire de plan sur la comète.

Nous avons battu Valence à Mestalla, on a tenu Séville au Sánchez-Pizjuán… Ce n’est que du bonus pour nous et ça nous permet de déjà compter dix points après six journées. Ici, les gens ne sont pas du genre à s’enflammer. Même si en Espagne, beaucoup d’observateurs racontent que nous sommes la surprise de la Liga, il ne faut pas faire de plan sur la comète. En revanche, il faut que l’on continue à produire du jeu, sans cesse. C’est la meilleure manière de pouvoir engranger des points, car de toute façon nous ne savons pas jouer autrement.

Depuis ton arrivée en Liga en 2011, la différence de niveaux entre les trois gros et le reste a nettement diminué. Pourquoi ?C’est vrai que depuis que je suis arrivé à Las Palmas, nous n’avons jamais été ridicules contre les gros. On perd de peu contre l’Atlético, le Barça, on arrive à décrocher le nul contre le Real… Avant tout, je pense que ce resserrement est en grande partie dû aux très fortes identités que cultivent toutes les équipes de Liga. Si l’on regarde chacune des vingt équipes de Liga, on peut clairement dire quel type de football il joue. Désormais, on ne voit plus de champion terminer la saison avec 100 points au compteur comme c’était le cas avec Guardiola et Mourinho. Idem, on assiste encore à des manitas ou à des 6-1, mais c’est beaucoup moins régulier que par le passé.

Pareil, la Liga marche sur les compétitions européennes depuis quelques saisons. Selon toi, cette réussite est due à quoi ?C’est la conjugaison de plusieurs facteurs. D’une, en Espagne, il n’y a presque que de bons entraîneurs qui savent très clairement ce qu’ils souhaitent voir de leur équipe. Ensuite, la qualité des effectifs a clairement augmenté. De nombreux clubs ont su ou ont été obligés d’assainir leur situation financière. Certains ont actuellement moins de moyens qu’avant, mais ils ont su contre-balancer ça par un projet très clair. Il n’y a pas de formule magique, il y a seulement des structures qui ont su s’adapter à de nouvelles exigences et aussi des centres de formation qui travaillent très bien. Et puis la marque España est la plus en vogue dans le football mondial actuel, car elle a basé sa réussite sur la qualité technique de ses joueurs.

En parlant d’entraîneur, celui de Las Palmas, Quique Setién, est réputé pour être atypique et intransigeant. Quel discours tient-il ?Je n’ai jamais eu dans ma carrière un entraîneur qui nous demande de produire autant de jeu. Lorsqu’il a débarqué, je trouvais ça incroyable, d’autant plus que quelques mois avant, j’étais à Levante qui basait tout son jeu sur la contre-attaque.

Quique Setién n’imagine pas un football sans prise de risque. Au début, je pensais qu’il était fou, qu’il prônait un jeu limite suicidaire.

Quique Setién n’imagine pas un football sans prise de risque. Au début, je pensais qu’il était fou, qu’il prônait un jeu limite suicidaire. Et puis après quelques séances, quelques matchs, nous avons tous pris conscience que ces prises de risques nous apportaient tellement, que c’était un pari gagnant qui faisait la différence face à nos adversaires. Par exemple, avec le gardien, il lui demande toujours de relancer court, même sous pression. Et si l’on encaisse un but sur une telle phase, il dit à notre portier qu’il n’y est pour rien, que c’est de sa faute à lui. Idem avec les défenseurs qui, même dans les 18 mètres, doivent toujours tenter de trouver une solution à terre. Il nous donne une telle confiance…

Ce plaisir, tu le retrouves également lors des entraînements ?Il y a du plaisir, mais il y a également de la souffrance. Pour se permettre d’évoluer avec un tel jeu, on bosse sans relâche pour trouver les bons ajustements, travailler les automatismes, comprendre comment se placer par rapport à nos partenaires… Mais il ne faut pas croire que nous bossons exclusivement la possession du ballon. Il nous demande également de travailler notre jeu long, de jouer dans le dos des défenses pour que nos adversaires soient également surpris par des variations.

Cet été, tu as été l’un des meilleurs au test physique de pré-saison. C’est ce qui explique en partie ton bon début de saison ?Se sentir bien dans son corps, savoir que tu peux enchaîner les efforts, c’est forcément un gros plus et ça explique en partie mon bon début d’exercice. Mais c’est surtout la confiance que m’apporte le coach qui me permet d’être dans de telles dispositions. Pourtant, il ne m’aligne pas toujours dans le onze titulaire, je ne suis pas un indéboulonnable. Pas plus tard que ce matin (jeudi matin, ndlr), j’ai passé une bonne dizaine de minutes avec lui. Il n’était pas là pour me cajoler, c’est quelqu’un de très franc, mais il m’apporte une sérénité, une liberté que je n’ai que rarement connue.

Il te rend meilleur footballeur ?C’est l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur entraîneur que j’ai eu dans ma carrière. Depuis qu’il est arrivé, je n’ai jamais autant progressé. Pourtant, j’ai la trentaine, je suis plus vers la fin que le début. Mais avec son discours, sa philosophie, tout colle. Avant, à Levante, si je jouais comme je le fais actuellement, je me faisais tuer (rires). Par exemple, à Levante, quand j’arrivais aux 18 mètres adverses, je devais soit tirer, soit centrer. Ici, je ne centre presque jamais dans ces conditions. Je dois d’abord analyser la situation, rapidement prendre une décision, et toujours privilégier la sécurité pour ne pas rendre trop facilement le cuir. Et je recommence jusqu’à ce que l’on trouve une faille, un décalage dans la défense adverse.

En Espagne, certains racontent même que le tiki-taka vient de Las Palmas, et non de Barcelone. Les nombreux joueurs de l’effectif qui sont formés dans la cantera sont en tout cas les ambassadeurs de ce jeu…

Il y a un climat tropical, il fait beau toute l’année, les gens sont toujours en terrasse. Pour comprendre le jeu que l’on pratique, il faut comprendre la mentalité des gens de Las Palmas.

(Il coupe) Si la méthode et la philosophie de Quique fonctionnent si bien, c’est qu’ici, il y a une vraie culture du jugones, ces joueurs petits, techniques, rapides et très intelligents. Il est en symbiose avec l’histoire et la culture du football de Las Palmas. Quand je suis arrivé, on me disait que les Canaries, c’était comme le Brésil de l’Espagne. Ici, les gens aiment voir le ballon vivre, les une-deux, les dribbles, les mouvements perpétuels de l’équipe… Et puis il y a un climat tropical, il fait beau toute l’année, les gens sont toujours en terrasse. Pour comprendre le jeu que l’on pratique, il faut comprendre la mentalité des gens de Las Palmas. L’un ne va pas sans l’autre. Il suffit de regarder les joueurs qui sortent d’ici : David Silva, Jesé, Vitolo…

Et puis il y a surtout Valerón, qui a pris sa retraite à la fin de la dernière saison…Quelle chance j’ai eue… Valerón, j’entends ce nom depuis que je suis petit, il fait partie de la génération dorée espagnole qui n’a malheureusement rien gagné. C’était la star de notre équipe. Même s’il était sur le banc et n’entrait pas, il était acclamé dans tous les stades d’Espagne. Quand il était sur le terrain, ou alors durant les entraînements, il réussissait des trucs techniquement… C’est la grande classe, le Zidane espagnol. S’il n’avait pas eu toutes ses blessures au genou, quelle carrière il aurait eue… Il avait tout : la technique, la vision, l’intelligence… Un monstre qui avait toujours le sourire.

Cet été, lorsque le club a annoncé le recrutement de Kevin-Prince Boateng, la surprise a été grande. Comment s’intègre-t-il dans le vestiaire ?Bien, très bien, c’est un super mec qui est avenant, qui va vers les autres. Mais il ne faut pas oublier qu’ici, l’important, c’est le groupe et ça le restera. Ce n’est pas lui qui va nous faire gagner des matchs à lui seul. Il amène sa qualité, son expérience, c’est une super chose pour nous. Je pense aussi que son recrutement ressemble à un coup de pub pour le club, Boateng c’est un nom que tout le monde connaît, ça attire les projecteurs, un peu comme Balotelli à Nice.

Il racontait récemment dans une interview qu’il était tombé sous le charme de la ville de Las Palmas et de ses habitants. Toi aussi ?Je viens de Valence, qui est pour moi l’une des plus belles villes du monde, en tout cas en matière de qualité de vie. Ici, il fait toujours beau, je ne sors jamais le moindre pull de ma penderie, et tu peux aller à la plage quand tu veux. Dès que j’ai un ou deux jours de repos, on part avec la famille visiter différents endroits des Canaries. Et des endroits magnifiques, il y en à revendre. Mais plus encore que moi, ce sont mes deux garçons qui adorent la vie ici. Le plus vieux apprend même l’espagnol, l’anglais, le chinois et l’allemand…

Il y a les avantages liés au climat, mais il y a également les inconvénients de vivre sur une île, comme pour les déplacements. Dans la préparation des matchs, ça a changé quelque chose pour toi ?Rien que d’y penser, c’est une galère.

On revient souvent les lendemains de match si l’on joue assez tard en Espagne, ça nous fait perdre une journée.

C’est vraiment le seul et gros point négatif quand tu joues à Las Palmas (rires). Même si ça a pu arriver que l’on parte deux jours avant un match, en général on part la veille. Mais ce n’est pas le plus chiant, c’est pour le retour que ça l’est. On revient souvent les lendemains de match si l’on joue assez tard en Espagne, ça nous fait perdre une journée. Par exemple, la semaine dernière pour le match à la Real Sociedad, on est partis pour trois jours… Enfin bon, je ne vais pas trop me plaindre, car après le match à Pampelune, on rentre directement.

Tu as raconté récemment que l’un de tes défis cette saison est de retrouver la sélection marocaine, malheureusement tu n’as pas été appelé pour la prochaine trêve. Tu as des retours de la part du sélectionneur Hervé Renard ?Non pas encore, mais un retour en sélection du Maroc est l’un de mes plus grands objectifs de la saison. Je pense que depuis la saison dernière, j’ai retrouvé mon meilleur niveau et j’ai même progressé. Mais je ne vais pas baisser les bras, je continue à travailler, je ne me plains pas. Pourtant, avec le changement de sélectionneur, je pensais que j’aurais encore plus mes chances, mais je n’ai eu aucun contact. C’est dommage, mais je ne perds pas espoir. Et puis il y a de très bons joueurs déjà en place dans la sélection, qui méritent leur place, mais je pense que je pourrais apporter ma petite touche dans cette équipe. Surtout qu’ici, à Las Palmas, pas mal de mes coéquipiers sont cités parmi les postulants sérieux à la Roja. Alors pour moi avec la sélection marocaine, j’espère que ça va le faire si je continue ainsi…

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