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- Nigeria-Islande (2-0)
Musa règne
Double buteur contre l’Islande, Ahmed Musa est le grand monsieur du retour nigérian dans les affaires de ce groupe D. Exemplaire dans son comportement, l’ailier prêté la saison dernière par Leicester City au CSKA Moscou, permet par ricochets à l'Argentine de garder son destin en main.
Cette accélération folle rappelle les grandes heures du Nigeria supersonique des années 1990. Oui, le temps d’une poignée de secondes, Ahmed Musa a enfilé le costume de son aîné Tijani Babangida pour déposer l’arrière droit Kári Arnason sur vingt mètres et dribbler Hannes Halldorsson d’un habile crochet extérieur. Le reste témoigne de tout le parcours effectué par le dribbleur des Super Eagles : du sang-froid afin de temporiser et prendre conscience que deux défenseurs islandais sont sur leur ligne de but, suivi d’une frappe sous la barre pour faire chavirer Gernot Rohr dans un bain de bonheur (2-0, 75e). L’Islande partait favorite après son match nul contre l’Argentine et son statut de quart-de-finaliste de l’Euro 2016 ? Musa et ses coéquipiers s’en fichaient pas mal, la preuve avec ce match accompli sur le plan collectif… enfin surtout après la mi-temps.
L’atout mystère de Rohr
Si la Croatie était un adversaire trop talentueux pour leur première étape dans ce Mondial, l’Islande devait être le match à ne plus manquer. Voilà la mission du Nigeria avant d’aborder la rencontre ce vendredi à Volgograd. Pour Gernot Rohr, en conférence de presse, il n’était pas question de dévoiler son plan d’attaque au moment où les médias l’interrogeaient sur le possible changement d’Alex Iwobi par Musa dans le onze de départ. « Nous ne souhaitons rien cacher, confiait l’ancien entraîneur des Girondins de Bordeaux, dans les années 1990. La seule chose que vous devez comprendre, c’est que nous cherchons à nous préparer de la meilleure façon possible. » Intérieurement, Rohr doit désormais avoir une part de regret : celui de ne pas avoir titularisé Musa lors du premier match face aux Croates.
Voir Musa être aligné ce vendredi, ce n’était donc qu’une demi-surprise pour tout le peuple nigérian. Le voir marquer impressionne davantage. Grâce à son ouverture du score (1-0, 49e), le natif de Jos est tout simplement devenu le meilleur buteur du Nigeria en Coupe du monde avec trois buts inscrits (après deux réalisations en 2014) devant la légende Daniel Amokachi. Et il avait la dalle. 25 minutes plus tard arrive ce deuxième but en soliste, après avoir couché le gardien, s’il vous plaît. Sans être un pur buteur, Musa parvient à semer la pagaille dans les défenses, comme en témoigne sa belle saison avec le CSKA, facturée à 9 buts et 6 passes décisives en 23 rencontres, lui qui appartient à Leicester City.
La bête noire de l’Argentine
Indirectement, la victoire du Nigeria pourrait faire les affaires d’une autre sélection de ce groupe D : l’Argentine. Car, si l’Albiceleste bat les Super Eagles lundi soir à Saint-Pétersbourg, et que dans le même temps l’Islande ne bat pas la Croatie ou bat la Croatie sur un score moins élevé que l’Argentine contre le Nigeria, alors, c’est la bande à Lionel Messi qui se qualifierait. Cela dit, ce mini 16e de finale ne devrait pas rappeler que des bons souvenirs aux hommes de Jorge Sampaoli. Un gros mois après avoir acquis leur qualification en Équateur grâce à un triplé de Messi, les Argentins abordaient un match amical face… au Nigeria, à Krasnodar. Dans le climat russe, le Nigeria, mené 2-0 par l’Argentine au bout de 36 minutes, avait finalement vaincu son adversaire grâce à un incroyable renversement de situation (4-2). Autre souvenir plus agréable pour l’Argentine : sa victoire contre les Super Eagles lors de la Coupe du monde 2014 (après celles de 1994, 2002, 2010) au Brésil grâce, entre autres, à un doublé de Messi (3-2). Et qui avait marqué ce jour-là les buts du Nigeria ? Ahmed Musa, auteur d’un doublé, évidemment.
Par Antoine Donnarieix