ACTU MERCATO
Mukiele, cap au Nordi
Lâché par Montpellier pour seize millions d’euros au RB Leipzig, ce qui en fait la plus grosse vente de l’histoire du club français, Nordi Mukiele a quitté le sud de la France pour s’envoler vers l’Allemagne. Avec, à seulement vingt ans, l’ambition de poursuivre sa belle ascension.
Ils sont peu nombreux, les joueurs de Montpellier à avoir été cédés, par le passé, dix millions d’euros ou plus. Il y eut Steve Mounié, lâché treize millions l’été dernier à Huddersfield. Rémy Cabella, vendu dix millions à Newcastle en juillet 2014. Younès Belhanda, parti pour la même somme au Dinamo Kiev un an plus tôt. Et, surtout, Olivier Giroud, qu’Arsenal a acheté douze millions en 2012 pour le succès qu’on connaît. S’il ne sait pas encore de quel destin il va se rapprocher le plus, Nordi Mukiele peut au moins se targuer d’avoir déjà dépassé les noms évoqués dans un domaine : en rejoignant le RB Leipzig pour cinq ans en échange de seize millions, le défenseur est devenu l’homme qui a rapporté le plus de sous au MHSC dans l’histoire du club français. Une belle plus-value quand on sait que ce dernier avait recruté le garçon pour 1,5 million à Laval en janvier 2017.
Très heureux de vous annoncer ma signature au @DieRotenBullen ?⚪️ un immense merci @MontpellierHSC de m’avoir donné ma chance et de m’avoir fait grandir ?? il est temps pour moi de passer un nouveau cap ?? pic.twitter.com/zzkVDjuPpQ
— N O R D I (@NordiMukiele) 30 mai 2018
Au vu du marché économique actuel observé dans le milieu du football, on peut se dire que Mukiele, la vingtaine pas encore dépassée, vaut le billet investi. Car en une petite saison et demie passée à la Mosson, le Français a réussi à convaincre tout le monde et à se démarquer parmi les siens. Titularisé à 31 reprises en championnat (quatre fois en Coupe de la Ligue, deux en Coupe de France) en 2017-2018, celui qui était également suivi par l’Olympique de Marseille et par la Roma (pour ne pas parler d’Hambourg, de Lyon et du Benfica Lisbonne) a amplement contribué à faire de l’arrière-garde montpelliéraine la deuxième plus efficiente de l’Hexagone (33 buts encaissés seulement, contre 29 pour le Paris Saint-Germain et 41 pour Nantes, troisième dans ce classement). Que ce soit en tant qu’arrière central droit (22 matchs toutes compétitions confondues dans une ligne de cinq), latéral droit (quatorze matchs), ou même milieu droit (un match).
Complet, mais jeune
Plutôt rapide, costaud dans les duels, efficace dans les airs, doté d’un gros jeu de tête, pas mauvais dans la relance, à l’aise dans la passe et polyvalent, le gamin garde évidemment des défauts propres à sa jeunesse. Celui de la concentration inconstante, par exemple, et celui du manque de rigueur au quotidien, selon son ancien entraîneur Michel Der Zakarian – qui le voit davantage comme un arrière central que comme un latéral. Rien de plus normal pour un môme de vingt piges, finalement.
Un petit gars formé au Paris FC – il vient de Montreuil –, puis au Stade lavallois, avec lequel il découvre le monde pro de la Ligue 2 à 17 printemps. Précoce, le monsieur. « J’ai commencé très tôt le football, en suivant mon père, mais je ne m’attendais pas à devenir professionnel » , s’étonne-t-il lui-même dans les colonnes de Ouest-France. Avant d’enchaîner : « Je connais mes qualités, je savais que je pouvais jouer à ce niveau, mais je ne m’attendais pas à ce que tout arrive aussi vite. »
Pas n’importe quelle Allemagne
Quitter son pays pour l’étranger à cet âge, n’est-ce justement pas un peu tôt ? Les choses ne devraient-elles pas ralentir à un rythme plus raisonnable pour que la maturation se fasse à vitesse « normale » ? La réponse est bien entendu non pour le principal intéressé, qui explique, toujours dans Ouest-France, avoir mûri plus rapidement que la moyenne en raison d’une solitude combattue dès ses débuts : « Mon passage à Laval m’a obligé à me débrouiller seul. Et Stéphane Moreau, le responsable du centre de formation, m’a recadré quand j’avais l’impression d’être arrivé. » Un choix de carrière réfléchi, donc.
D’autant que Leipzig est reconnu pour sa philosophie consistant à faire confiance aux nouveaux talents en s’appuyant sur un effectif constitué de petites pépites. Récemment, d’autres Français ont d’ailleurs tenté l’aventure, comme Jean-Kévin Augustin, Ibrahima Konaté ou Dayot Upamecano. Sans, pour le moment, avoir à le regretter. « Les ambitions du club sont parfaites pour moi » , a en tout cas réagi Mukiele durant sa présentation avec sa nouvelle équipe. Tout en ayant à l’esprit que les siennes sont désormais rendues à un niveau très élevées. Et qu’il est capable d’y répondre avec succès.
Par Florian Cadu