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Muhammed Cham : « Raymond Domenech m’a comparé à Ousmane Dembélé »

Propos recueillis par Mathis Healy

Avec trois buts et une passe décisive sur les cinq derniers matchs de championnat, Muhammed Cham (22 ans) est l’un des acteurs majeurs de la bonne période clermontoise. Avant de recevoir l’Olympique lyonnais ce dimanche (13h), « Mo » revient sur sa première saison en Ligue 1 qui l’a mené jusqu'à la sélection autrichienne.

Muhammed CHAM of Clermont during the Ligue 2 BKT match between AC Ajaccio and Clermont at Stade Francois Coty on October 2, 2022 in Ajaccio, France. (Photo by Michel Luccioni/Icon Sport)
Muhammed CHAM of Clermont during the Ligue 2 BKT match between AC Ajaccio and Clermont at Stade Francois Coty on October 2, 2022 in Ajaccio, France. (Photo by Michel Luccioni/Icon Sport)

Tu es comeilleur passeur (3) et comeilleur buteur (7) du club cette saison, est-ce que tu t’attendais à des débuts aussi réussis en Ligue 1 ?

Bien sûr. J’ai beaucoup travaillé pour vivre tout cela. Mais je ne regarde pas trop combien de buts je marque ou combien de passes décisives je fais. Ça, c’est mon job, c’est pour cela que Clermont m’a signé, ils ont besoin que je sois décisif, donc je suis content que cela se passe bien.

Pascal Gastien a déjà annoncé qu’il prendrait sa retraite à l’issue de la saison 2023-2024, comment as-tu accueilli cette nouvelle ?

Vous me l’apprenez tout juste. (Rires.) C’est une légende de ce club. Je pense que beaucoup de gens ici seront tristes de le voir partir. Aujourd’hui, quand on pense à Clermont, on pense à Pascal Gastien. Je vois tous les jours à quel point il est apprécié par les habitants, par les salariés du club. Personnellement, je suis très reconnaissant envers lui de me donner ma chance tous les week-ends d’évoluer dans ce championnat. J’apprécie beaucoup l’homme, mais aussi l’entraîneur.

Qu’est-ce qu’on fait de son temps libre à Clermont-Ferrand ?

Moi, je vais toujours au club même pendant les jours de repos. Si je reste deux jours loin du foot, je ne me sens pas bien. (Rires.) Ça me permet d’être toujours prêt et sûr de moi quand arrive le match du week-end.

Tu es arrivé au club en octobre 2020, alors que tu étais sous contrat avec l’Admira Wacker. Comment s’est fait ce transfert ?

Je n’étais pas heureux à l’Admira, je voulais quitter le club. Ingo Winter (conseiller du président) et Ahmet Schafer (président) l’ont appris. Ils sont venus m’expliquer le projet et ce qu’il voulait faire de moi sur les trois ou quatre prochaines années. Aujourd’hui, tout se goupille comme prévu et c’est très satisfaisant.

Ensuite suivent deux prêts en seconde division au Danemark (Vendsyssel FF) et en Autriche (Austria Lustenau), comment tu as vécu le fait de redescendre d’un échelon ?

Je ne l’ai pas mal vécu. À ce moment-là j’étais conscient de ne pas avoir le niveau pour jouer à Clermont. Je savais aussi que le club ne m’avait pas recruté pour être sur le banc ou pour jouer les derniers quarts d’heure des matchs. Ces deux années m’ont permis de travailler sur moi-même, de devenir plus mature dans ma manière d’évoluer sur le terrain et d’être plus constant dans mes performances. C’était le plan, et quand les dirigeants de Clermont m’ont récupéré l’été dernier, ils m’ont dit : « Ok, maintenant tu es prêt pour jouer ici. »

Je me suis retrouvé dans le stade Gabriel-Montpied plein à craquer dès mon premier match et avec des joueurs immenses en face. J’en ai eu la chair de poule.

Justement, lors de ton deuxième prêt, tu réalises une grosse saison à l’Austria Lustenau, tu es élu meilleur joueur du championnat, et l’équipe monte en première division. Ce n’était pas trop dur de revenir à Clermont après ça ?

Non, c’était très simple. Contrairement à mon premier prêt, au Danemark, ou il n’y avait pas de joueur français et encore moins de joueur de Clermont, à Lustenau la saison dernière, je jouais avec Bryan Teixeira, Brandon Baye et d’autres joueurs qui appartenaient à Clermont comme moi et qui parlaient français. Donc en revenant, j’ai pu immédiatement avoir une bonne connexion avec les joueurs du vestiaire. Je n’étais pas trop dépaysé.

Pour ton premier match en L1 tu affrontes le PSG, vous perdez 5-0, c’était comment ?

Paris c’est fantastique, c’était dur pour l’équipe, mais pour moi, c’était une expérience géniale. Avant le match, je me souvenais d’où j’étais deux ou trois mois en arrière. Je jouais en seconde division autrichienne dans des petits stades sans supporters. Là, je me suis retrouvé dans le stade Gabriel-Montpied plein à craquer dès mon premier match et avec des joueurs immenses en face. J’en ai eu la chair de poule.

Quelles sont tes impressions sur le championnat de France ?

Je suis un grand fan du football français. J’adore le style de jeu, je suis impressionné par le niveau et je prends évidemment beaucoup de plaisir à évoluer tous les week-ends dans ce championnat. Je pense qu’à l’étranger, les gens ne se rendent pas vraiment compte de la qualité du championnat ici.

On dit souvent que c’est un championnat plus physique que technique, tu es d’accord avec ce constat ? 

Non, je pense que les gens disent ça parce que beaucoup de joueurs français sont costauds et rapides. Mais dans chaque équipe, il y a des joueurs incroyables capables de tout faire avec le ballon. Il suffit de regarder les anciens joueurs de Ligue 1 comme Diaby ou Nkunku qui sont aujourd’hui en Bundesliga et qui sont excellents. Donc c’est impossible d’affirmer une chose pareille.

Tu joues n°10 derrière l’attaquant, c’est un poste qui n’existe plus beaucoup dans le football. Quel est ton regard sur le poste ?

Oui, c’est vrai qu’aujourd’hui, les numéros 10 sont des joueurs un peu atypiques. Moi, c’est là que je me sens le mieux sur le terrain, quand je reçois le ballon entre les lignes. Quand je peux me retourner et avoir le jeu face à moi, je sais comment mettre mes partenaires d’attaque dans les meilleures dispositions, faire de belles passes ou même marquer des buts.

 

Les dirigeants savent que mon ambition est de jouer un jour la Ligue des champions avec un top club européen.

Ce n’est pas dangereux pour la carrière d’un joueur de ne savoir évoluer que dans la position de n°10 ?

Je ne pense pas que ce soit mon cas, je peux aussi jouer à d’autres postes. Je pense que c’est l’une des clés du football d’aujourd’hui. Notre génération doit être capable d’être bonne à plusieurs postes. Un joueur qui n’est bon qu’à un seul poste n’ira pas très loin dans sa carrière. C’est pour cela que je suis ouvert à tous les postes dans la zone offensive du terrain. Ce qui m’importe par-dessus tout, c’est d’être sur le terrain.

Dans l’histoire du foot, le n°10 est plus associé à la passe qu’au but. Toi, au contraire, tu es plus décisif par le but que par la passe. À choisir, tu préfères quoi ?

Je préfère marquer. Mais bien sûr, ça ne me déplaît pas de faire des passes décisives. (Rires.) Mais je crois que je peux encore marquer plus de buts. Je vendange encore quelques occasions qui devraient finir au fond.

Paul-Georges Ntep qui t’a vu évoluer au début de ta carrière à Wolfsburg disait que tu lui faisais penser à Ousmane Dembélé, ça te convient comme comparaison ?

Oui, j’ai beaucoup entendu ça, parce que je pense qu’on a un peu le même style de jeu. Quand je m’entraînais avec Paul-Georges, il me disait qu’il n’avait plus vu un joueur avec autant de talent depuis qu’il avait côtoyé Ousmane Dembélé à ses débuts à Rennes. J’ai vu que votre ancien sélectionneur Raymond Domenech m’a également comparé à lui. Je trouve ça plutôt flatteur.

 

Tu as récemment été appelé en sélection autrichienne, tu pouvais également choisir le Sénégal ou la Gambie, comment s’est fait ton choix ?

D’abord, ce n’était pas facile parce que je suis très attaché aux pays de mes parents. Dans mon enfance, j’allais régulièrement en Gambie et au Sénégal. Malgré ça, j’ai fait toutes les catégories de jeunes avec l’Autriche et je ne me voyais pas poursuivre ailleurs. Le sélectionneur Ralf Rangnick a également joué un rôle dans ma décision. Ce n’est pas un monsieur qui va vous appeler tous les jours, mais de temps en temps, il vient aux nouvelles, et je trouve ça très sympa de sa part.

Comment as-tu vécu tes premiers rassemblements aux côtés de gros joueurs comme Alaba et Sabitzer ?

Au début, j’avais peur, même si j’avais déjà joué contre Messi et Neymar, ce n’était que 90 minutes. Là, je me suis retrouvé à m’entraîner tous les jours avec ces grands joueurs. Les premiers entraînements, j’étais nerveux à chaque fois que la balle s’approchait de moi. J’avais peur de la perdre ou de faire mal les choses. Mais petit à petit, je me suis souvenu qu’eux aussi étaient des humains comme moi, qu’ils pouvaient faire des erreurs comme moi, et c’est tout de suite devenu plus simple. Alaba m’a dit de faire comme chez moi, que la sélection était ma deuxième maison et qu’il était très heureux que je sois là.

Sept buts, trois passes décisives, nouvel international autrichien, tu risques d’attirer les convoitises de plus gros clubs. Quelles sont tes ambitions pour l’avenir ?

Je suis sous contrat avec Clermont (jusqu’en 2026, NDLR). Je suis très heureux ici et je continue de progresser sous les ordres du coach. À un moment, peut-être qu’il y aura quelque chose qui pourra aider le club et me permettre de progresser, et on discutera à ce moment-là. Les dirigeants savent que mon ambition est de jouer un jour la Ligue des champions avec un top club européen.

 

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Propos recueillis par Mathis Healy

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