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MU : Et si c’était Lolo White ?
José Mourinho – enfin – dégagé par le board mancunien, la question de sa succession se pose. Si la piste Zidane fait rêver, celle menant à son compatriote n’est pas dénué d’intérêt, autant pour des raisons historiques que pratiques.
Pourquoi se sépare-t-on ? Parce qu’on a trouvé mieux ailleurs, ou parce qu’on n’en peut tout simplement plus. Visiblement, United appartient à la seconde catégorie. Trop de buts encaissés (déjà plus que toute la saison dernière), de points de retard (19 sur Liverpool), trop de prises de bec, de compositions sans foi ni loi, de jeu dégueulasse, de sorties aberrantes en conférence de presse, de Pogba jeté en pâture. José, loin de son lustre d’antan, était devenu ce vieux monsieur acariâtre qui n’impressionnait plus personne, même pas les gamins d’à côté, tout juste bon à ressasser le passé. Or, les Red Devils, tout historiques qu’ils soient, se doivent de regarder vers l’avenir, avec une équipe dans la fleur de l’âge, dont le potentiel 11 « type » – avec des gros guillemets tant il est difficile de dégager quoi que ce soit du marasme actuel – (DDG, Dalot, Bailly, Lindelöf, Shaw, Pogba, Fred, Lingard, Rashford, Martial, Lukaku) tourne autour des 25 piges de moyenne.
Au sommet avec les Girondins
Entre alors Laurent Blanc. Avant tout, le Cévenol a pour lui de connaître la maison. Sir Alex Ferguson va le chercher à l’Inter en 2001 pour remplacer Jaap Stam. Des années qu’il lui courait après. Si à 35 ans, il n’a plus ses jambes d’antan et commence mal son aventure anglaise, sa science du jeu et son expérience n’ont jamais disparu. Suffisant pour glaner une deuxième année de contrat et transmettre quelque clefs à un certain Rio Ferdinand, tout juste débarqué de Leeds. Blanc raccroche les crampons sur un titre en Premier League. Historique, check.
Quelques années plus tard, Laurent Blanc succède – déjà – à un coach lusophone adepte de la défense béton. Sous Ricardo, Bordeaux avait fini la saison 2006-2007 à la 6e place (comme United actuellement). Sous Blanc, les Girondins grimpent au rang de dauphin, puis de champion, avant de marcher sur l’Europe à l’hiver 2010, sortant premier d’un groupe comportant la Juventus et le Bayern sans perdre un match. Avec une charnière Planus-Ciani, ce qui laisse songeur sur ce qu’il pourrait faire de la paire Bailly-Lindelöf. Il a aussi fait croire à la France du foot à Yoann Gourcuff. Alors autant dire que la cote de Paul Pogba Ballon d’or va remonter en flèche, pour le plus grand bonheur des 3 bandes. Capable de reconstruire sur un chantier, check.
Un beau pansement
En équipe de France, le Blanc sélectionneur pèse près de 60% de victoires, et est seulement tombé contre beaucoup plus fort en quarts de l’Euro 2012. Il suffit de regarder les compositions et la suite de l’histoire pour réaliser que l’EdF d’alors n’avait tout simplement pas le même niveau de talent que l’Espagne, encore moins que les Bleus actuels. À Paris, il a pris un doublé et deux triplés domestiques et battu une belle ribambelle de records. Rajoutez les titres en tant que joueur, et palmarès, check.
Au PSG, Lolo a aussi démontré malgré tout qu’il savait s’entendre avec les stars. Zlatan Ibrahimović, dans une interview accordée il y a un mois à L’Équipe Mag : « Avec Laurent Blanc, on a vécu une période positive, on a gagné beaucoup de choses. Il a fait en sorte que les joueurs restent eux-mêmes et puissent s’exprimer. Il imposait très peu de restrictions et il avait un très bon adjoint (Gasset, N.D.L.R.), un type vraiment fantastique. À deux, ils ont créé un jeu que j’ai rarement joué en club, qui m’a rappelé Barcelone. » Voilà qui devrait faire plaisir à Pogba et Martial, deux recrues pharaoniques abonnées au banc de touche, et aux supporters lassés par le jeu stéréotypé actuellement pratiqué par les Red Devils. Blanc n’a jamais caché son attirance pour le jeu de possession des Blaugrana, et son 4-3-3 immuable construit sur la relation télépathique Motta-Verratti et l’omniprésence du Z envoyait quelques séquences de très haut niveau. Style, stabilité et management, check.
Bien sûr, il existe des points d’ombre, notamment sur son véritable niveau sans son ultra-précieux Gasset. Mais après des années de tumulte, United aurait bien besoin d’un mec gentil et attentionné, qui ne l’ouvre pas trop. Un rebond peut-être, un pansement sûrement. Lolo White, c’est comme un soleil dans le gris du ciel. Et si United élimine le PSG en 3-5-2, alors Blanc tiendra enfin sa revanche.
Par Charles Alf Lafon