ACTU MERCATO
MU et le grand bleu
Après Juan Mata et Romelu Lukaku, Nemanja Matić est le troisième gros poisson passé par Chelsea à signer pour Manchester United lors de ces trois dernières années. Comme si les Blues étaient devenus une petite équipe seulement bonne à se faire piller par un concurrent direct. Normal ?
Les supporters londoniens ont longtemps cru à une bonne blague. Des rumeurs dans la presse qui envoient un des leurs chez un concurrent direct ? Rien que du bla-bla. Des envies de départ du même joueur ? Que des mensonges. Même quand Twitter a diffusé une photo de leur protégé habillé d’une veste de Manchester United – cliché dont on ne sait toujours pas si sa nature est fiable -, les fans de Chelsea n’ont rien voulu entendre. Mais ce lundi 31 juillet, ils ont dû se faire une raison : après deux passages et quatre saisons de victoires (trois championnats, une Coupe d’Angleterre, une Coupe de la League), Nemanja Matić s’est engagé pour trois ans en faveur des Red Devils. Oui, les Diables Rouges de José Mourinho, qui postulent eux aussi pour le titre de Premier League. Autant dire que la semaine commence mal pour ceux qui ont aimé le milieu de terrain quand il se baladait avec le maillot bleu sur le dos.
#MUFC is delighted to announce the signing of Nemanja Matic from Chelsea on a three-year contract. https://t.co/AH5KfCr9ZI #MaticIsRed pic.twitter.com/vbl8kSLbEO
— Manchester United (@ManUtd) 31 juillet 2017
La question n’est pas de savoir s’il vaut ou non les 45 millions d’euros lâchés par United. Certains trouveront ce prix bien bas pour un titulaire indiscutable depuis plusieurs années qui part chez un rival. D’autres estimeront cette somme un poil exagérée pour un homme qui fête ses 29 piges et dont les meilleures années sont, peut-être, derrière lui. Qu’importe, en vérité. Car ce transfert met surtout en lumière un autre fait : Manchester se comporte avec Chelsea comme l’Olympique Lyonnais se comportait avec Lille il y a quelques temps. En d’autres termes, Manchester se sert à Chelsea comme s’il s’agissait d’une petite équipe, qui renforce depuis plusieurs années un club aux gros moyens. Et même si cela ne concerne pas les meilleurs joueurs des Blues(à la différence du binôme Lyon-Lille), ce constat n’est pas franchement flatteur pour l’entité de Roman Abramovitch. Romelu Lukaku avait pourtant annoncé la couleur du mercato en début de mois. Pisté depuis de nombreux mois par son club formateur, l’attaquant (dont le destin aurait dû s’écrire à Londres) a préféré s’orienter vers l’équipe rouge qui a devancé un Chelsea complètement pris à contre-pied sur ce coup-là. En janvier 2014, c’est Juan Mata, pourtant élu meilleur joueur du club en 2012 et 2013, qui passait des Bluesaux Reds. Certes, ces derniers avaient payé environ cinquante millions d’euros. Mais une grosse cylindrée n’est pas censée subir les lois fixées par un ennemi.
Mourinho, la caution sociale
Le point commun entre les trajectoires de Lukaku et Mata porte un nom : Mourinho. C’est en effet le Special One qui a indiqué la porte de sortie aux deux joueurs offensifs lorsqu’ils évoluaient chez le champion d’Angleterre en titre. C’est aujourd’hui ce même Special One qui peut compter sur deux éléments potentiellement titulaires dans toutes les teamsd’Angleterre. C’est encore ce Special One qui a fait jouer son charisme et ses relations pour faire séduire Lukaku et rapatrier Matić, qu’il avait déjà réclamé à Chelsea en 2014. C’est toujours ce Special One qui fait marcher sa tête et sait pertinemment qu’un titre dans une compétition dépend autant des armes qu’on a en sa possession que de celles de ses adversaires. Avec ce raisonnement, et si personne ne s’y oppose, pourquoi s’empêcher d’affaiblir directement (achat de Matić à Chelsea) ou indirectement (achat de Lukaku au nez et à la barbe de Chelsea) des adversaires ?
Conte, la réponse inadaptée
De son côté, Antonio Conte semble faire preuve d’une certaine faiblesse. Doté d’un effectif actuellement très loin d’être pléthorique pour une équipe qui souhaite conserver son titre et bien figurer en Ligue des Champions (seulement deux milieux récupérateurs de haut niveau pour deux postes, quatre défenseurs centraux pour trois places, aucun avant-centre de niveau mondial confirmé, peu de joueurs de côté alors que l’équipe évolue en 3-5-2), l’entraîneur italien tente de faire face sur le terrain de la communication. « On sait que cette saison sera difficile, a-t-il prévenu en conférence de presse avant d’envoyer une pique à son confrère.Deux entraîneurs ont été virés de Chelsea après avoir gagné le championnat. Les joueurs et moi, nous voulons éviter ce qu’il s’est passé avec Mourinho. » Histoire de rappeler que le véritable gagnant dévoilera son identité sur la pelouse, et pas en sortant le chéquier. Reste que ce n’est jamais bon de recroiser ses ex.
Par Florian Cadu