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MSV Duisburg, la tête dans le charbon

Par Ali Farhat
MSV Duisburg, la tête dans le charbon

Ancien pensionnaire de la 1.Bundesliga, le MSV Duisburg sombre petit à petit depuis une décennie. L'an prochain, les Zèbres évolueront dans le zoo de la troisième division. Une tristesse pour ce « Traditionsverein » (club à tradition), membre fondateur de la Bundesliga telle que nous la connaissons aujourd'hui. En même temps, ce n'est guère étonnant, au vu des épreuves que traverse la ville de la Ruhr depuis un bout de temps...

La dernière fois qu’on a été heureux à Duisburg, c’était en mai 2011. Olivier Veigneau s’en rappelle très bien, il était là. « On avait réussi à se hisser jusqu’en finale de Coupe d’Allemagne, c’était dingue » , raconte l’actuel joueur du FC Nantes, ancien capitaine du MSV. « Pour aller à Berlin, le club avait affreté un train spécial pour les supporters, avec un DJ et tout. » Si la finale face à Schalke 04 est anecdotique (défaite 5-0), on retiendra quand même tout l’engouement autour de ce parcours, qui s’est fini de fort belle manière. « Nous, les joueurs, nous sommes rentrés avec les fans, on a discuté avec eux, on a fait la fête, c’était super sympa. »

Cette finale de Coupe, c’était un peu l’occasion pour les Duisburger d’oublier leurs problèmes quotidiens. On parle d’une ville dont le taux de chômage est de plus de 12% (12,7% selon un rapport de juin 2013), soit un taux presque une fois et demie plus élevé que dans le reste du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie (8,8%) et quasiment le double de la moyenne nationale (6,6%). On parle également d’une ville pas totalement remise de la catastrophe du 24 juillet 2010, où 511 personnes ont été blessées et 21 ont trouvé la mort à la suite de bousculades dans des tunnels durant la Loveparade – la célèbre manifestation de musique électro a d’ailleurs été suspendue depuis. Bref, cette finale, c’était un peu comme un rayon de soleil pour les Duisburger, pour les fans du MSV. Mais un rayon de soleil qui va très vite disparaître. Les nuages sont nombreux, et ce, depuis un moment.

Cinq millions de loyer

Voilà cinq ans que le Meidericher SpielVerein se trouve dans l’antichambre de l’élite, et ce, après avoir fait l’ascenseur entre la 1. et la 2.Bundesliga lors de la dernière décennie. Un sort un peu triste pour l’un des clubs fondateurs de la Bundesliga « nouvelle formule » , vice-champion dès la première édition, en 63-64, qui a connu ses heures de gloire dans les années 60-70 (finales de Coupe d’Allemagne, demi-finale de C3 en 79…) et qui a compté des joueurs célèbres comme Bernard Dietz, Ewald Lienen, Michael Preetz, Thomas Strunz, Michael Tarnat ou encore Stig Tofting dans ses rangs. Mais quelque part, on peut dire que le MSV l’a bien cherché. « Déjà, au début des années 2000, il n’y avait pas beaucoup d’argent dans les caisses. Alors Walter Hellmich, le président, a voulu faire un coup marketing et construire un nouveau stade de 30 000 places » , raconte Tobias, un fan de longue date. Une construction à laquelle a participé la ville ainsi que de gros investisseurs, qui se sont constitués en société et qui louent le terrain à 5 millions d’euros l’année au club. « Ce qui en fait le 5e ou 6e plus gros loyer pour un club pro en Allemagne. Et quand ton club a une affluence moyenne de 10 000 personnes, c’est difficile de rentrer dans tes frais » , constate ainsi Tobias.

Outre cette location qui coûte un bras, il y a aussi toute la gestion du club. Un véritable cercle vicieux : des achats de joueurs qui ne confirment pas et qui sont revendus au rabais, des coachs qui se font licencier et dont il faut payer les indemnités… Tout cela amène le club dans le rouge. Lentement, mais sûrement. Et cette saison, le MSV s’est installé dans la crise, la vraie : en fin de saison, alors que le club se maintient en 2.Bundesliga sur le terrain, la menace d’une descente en 3.Liga devient réelle, tant le club est criblé de dettes (on parle de 8-9 millions d’euros) et n’a vraiment les moyens de les rembourser. Ou plutôt, si, mais gère ça n’importe comment. Walter Hellmich n’est plus au club, mais Roland Kentsch, le gérant du MSV, a obtenu une garantie de la part de Hellmich pour qu’il allonge la thune qui manque pour espérer obtenir la licence pour la 2.Bundesliga auprès de la DFL. La Ligue allemande donnera au club une deadline fixée au 29 mai 15h30 ; un malentendu entre Hellmich, Kentsch et le MSV retardera la présentation du dossier, qui sera refoulé. Duisburg jouera donc la saison prochaine en 3e division, Kentsch – qui avait déjà « coulé » l’Arminia Bielefeld – sera viré et le club devrait prochainement l’attaquer en justice. « Toutes ces intrigues, ces guéguerres, ça a miné le club. Ce n’est pas la première fois que ça arrive. À l’époque, Hellmich s’était brouillé avec ThyssenKrupp, qui a son siège dans la ville. Du coup, jamais le MSV ne pourra être sponsorisé par ce qui est l’une des plus grosses boîtes au monde » , regrette Tobias.

Une chaîne humaine de six kilomètres

Est-on en train d’assister à la mort de l’un des clubs historiques de la Ruhr, de l’Allemagne ? On serait tenté de dire oui. On peut également dire non. Car, même s’ils ne sont pas les plus nombreux les supporters de Duisburg sont des vrais de vrais. Dès l’annonce de la descente du club, une manifestation – à laquelle ont participé des fans d’autres clubs de la Ruhr – ainsi que des concerts ont été organisés au profit du MSV. Les deux géants de la région, Schalke et Dortmund – sans oublier le Bayern, toujours présent quand il s’agit d’aider des clubs qui ont une certaine tradition – ont lâché de l’argent au club pour qu’il puisse obtenir sa licence en 3e division et ont même promis d’organiser des matchs amicaux pour aider un peu. « C’est là l’expression parfaite de la solidarité dans la Ruhr » , se réjouit Sören Link, le maire de la ville. Une ville qui s’est d’ailleurs retrouvée peinte en bleu et blanc et qui a vu naître une immense chaîne humaine formée par ses habitants. « Les gens ont commencé à se donner la main, d’autres sont sortis de chez eux et ont rejoint le mouvement, car tout le monde se sentait concerné » , ainsi Tobias. Une chaîne longue de six kilomètres, entre la gare principale et le stade. « Quand j’ai vu ça, ça m’a fait vraiment chaud au cœur » , ajoute Olivier Veigneau. Malgré ses déboires, le MSV sait qu’il peut encore compter sur la population de sa ville, forte de près d’un demi-million d’habitants. « De toute façon, avec nous, c’est toujours la même chose : quand on est là, personne ne s’en rend compte, mais quand on n’est plus là, les gens se disent qu’il y a un problème, il leur manque quelque chose. » Un drôle de zèbre que ce MSV Duisburg.

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