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Moyes Story
Débarqué début novembre sur le banc d'un West Ham en chute libre, David Moyes vient d'enchaîner trois matchs sans défaite en Premier League, mais a surtout déjà remis de l'équilibre dans une famille bancale depuis son déménagement de l'été 2016. Assez pour nettoyer une réputation de dinosaure déjà dépassé par l'évolution de son sport ?
Comme un père de famille fraîchement divorcé, coincé dans un F2 rapidement décoré où le sourire se conjugue en soirée sous la forme d’un plat préparé combiné à un épisode de série pourlingue, David Moyes a d’abord tenté de convaincre ceux qui avaient perdu sa trace depuis son départ précipité de Sunderland en mai dernier : « Aujourd’hui, on ne donne plus de contrat longue durée aux entraîneurs…(…)Si c’est ma dernière chance ici ? Non, et je pense que West Ham a un bon coach. Cette situation est bénéfique pour le club, comme pour moi. » Moyes est donc revenu début novembre, avec ses outils et ses méthodes que Jermain Defoe en personne estimait la saison dernière « dépassés » .
West Ham est donc la nouvelle étape d’un drôle de voyage, débuté sur le banc de Preston North End en janvier 1998, marqué par la mise en place d’une réputation de constructeur à Everton (2002-2013), et progressivement parti en vrille, explosant ses rêves sur la succession de Sir Alex Ferguson à Manchester United pour ensuite se perdre entre la Real Sociedad et Sunderland, où il a accompagné la chute des Black Cats en Championship la saison dernière. Quatre années qui ont vu les nuages s’accumuler au-dessus de son crâne : pourquoi, alors, penser à lui au moment de remplacer Slaven Bilić, contremaître d’un navire à la dérive depuis le déménagement des Hammers au London Stadium lors de l’été 2016 ? Car Moyes aura été le candidat « le plus sincère » selon la doublette Sullivan-Gold, tout en étant le plus obsolète aux yeux de supporters dont la situation actuelle n’était pas prévue sur le PowerPoint qu’on leur avait filé au moment de quitter Upton Park. Peu importe, le Wrong One a renfilé sa veste face aux sceptiques et bombé le torse, annonçant à la plèbe qu’il serait « plus agressif » que jamais du haut de ses 54 piges.
Le temps des dinosaures
« Quand j’étais plus jeune, c’était : « Ça se passe comme ça, soit vous êtes d’accord, soit vous partez. » Avec l’âge, vous devenez plus tendre, mais, probablement que cette fois, je vais redevenir le David Moyes de Preston, lorsque les joueurs pleuraient probablement à l’entraînement, ou celui des premiers jours à Everton.(…)J’espère que les joueurs ne pleureront pas si l’on travaille trop. C’est une question de responsabilité maintenant. » Une question de sauvetage, surtout, là où Moyes a récupéré une institution perdue dans la mer Premier League avec la plus mauvaise défense du championnat. L’Écossais est alors arrivé à Londres avec ses brassards, a bousculé Arnautović, recrue la plus chère de l’histoire du club, a réinstallé des bases de travail en s’arrêtant comme point de départ sur des statistiques inquiétantes (West Ham était l’équipe de Premier League qui courait le moins, ndlr), de la confiance et fait sauter le confort qui entourait le groupe sous Bilić. Plus d’un mois après, voilà les fruits : à l’heure de retrouver les Gunners en quart de finale de League Cup et après quatre premiers matchs sans victoire, West Ham vient d’enchaîner deux succès et un nul face à Arsenal (0-0) lors des trois dernières rencontres. Ça, c’est pour les chiffres.
Dans les faits, les Hammers ont surtout trouvé de la consistance, du cœur, ont largement bousculé City à l’Etihad (1-2) et ont fait valser Chelsea il y a dix jours (1-0) avec notamment un Arnautović enfin redevenu collectif et un Joe Hart qui a définitivement perdu sa place – « j’attends que les joueurs qui surfent sur leur réputation me prouvent qu’elle est méritée » – au profit d’Adrián. Moyes, lui, ferme sa gueule et attend, un CDD qui court jusqu’en mai prochain entre les doigts, dans l’attente d’un contrat qui devrait être prolongé en cas de maintien, même si une clause existe en cas de non-satisfaction des puissants en costume qui volent au-dessus de sa tête. En quelques semaines, le bonhomme semble (enfin) avoir retrouvé une maison dans un club qui cherche encore ses repères dans son nouveau quartier et a réussi l’exploit de convaincre les supporters du bien fondé de son approche. Non, le temps des dinosaures n’est pas encore révolu.
Par Maxime Brigand