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Moussa, pourquoi t’es encore là ?
Depuis que Didier Deschamps est sélectionneur, Moussa Sissoko fait partie des meubles. Quand bien même il s'enlise avec Newcastle dans les bas-fonds du classement de Premier League. Une situation qui ne plaît pas forcément aux supporters des Magpies, incrédules de voir un joueur qui les déçoit intouchable avec sa sélection.
« Il n’a sûrement pas regardé un seul match de Newcastle s’il l’a pris. » Comme beaucoup d’autres, ce tweet acide d’un fan de Newcastle en réaction à la nouvelle convocation de Moussa Sissoko traduit le malaise entre les supporters du club du nord de l’Angleterre et le Français. Longtemps considéré comme l’un des joueurs clés des Magpies, l’ex-Toulousain est devenu cette saison l’une des cibles prioritaires de St James’ Park. Les reproches à son égard ? Un décalage entre ses ambitions de Ligue des champions et des prestations ternes depuis près de 18 mois. Alors que Newcastle est relégable et jouera quasiment sa vie le 2 avril prochain à Norwich, il peine à tirer son équipe vers le haut. En près de 30 titularisations en Premier League, il n’a inscrit aucun but, n’a réalisé que cinq passes décisives – dont trois lors de la large victoire sur Norwich en octobre – et donne l’impression à certains fans de ne plus vouloir mouiller le maillot blanc et noir.
Sifflé contre Bournemouth
Le désamour a pris une nouvelle ampleur le 5 mars, lors de la défaite des Magpies à la maison contre Bournemouth 3-1. À la 69e minute, le milieu polyvalent a été sorti sous les huées de St James’ Park. Injuste et sévère ? Le joueur a sûrement livré la pire prestation de sa saison contre le promu, mais la Toon Army lui reproche surtout un manque d’allant apparent et des limites techniques criantes. Un sondage du Chronicle Live, l’un des principaux médias de la région de Newcastle, faisait état de plus de 80% de personnes favorables à ce qu’il soit relégué sur le banc de touche avant la rencontre contre Leicester. Si Rafa Benítez lui a apporté son soutien dans la foulée de la défaite contre les Foxes, l’un des journalistes du Chronicle, Mark Douglas, n’a pas hésité à qualifier le Français de « joueur le plus frustrant de la saison » à St James’ Park. Car pour beaucoup d’observateurs, le décalage est immense entre ce que peut réaliser le joueur – à l’exemple de son match à Tottenham (victoire 2-1 de Newcastle) – et ses performances sur l’ensemble de la saison, avec seulement quatre à cinq bonnes prestations sur une trentaine de rencontres.
Meilleur en arrière gauche ?
À sa décharge, Sissoko a été baladé à divers postes avec les Magpies, d’un poste de milieu axial à celui de milieu droit, puis récemment milieu gauche par Benítez. Mais à l’image de sa bonne prestation comme arrière gauche en fin de match contre Sunderland – à la suite de la sortie de Colback -, le joueur formé à Toulouse a toujours su jouer les couteaux suisses. Pour les observateurs et supporters de Newcastle, le Français donne surtout la sensation d’avoir la tête ailleurs, à des rêves de Ligue des champions dont il n’a encore jamais disputé le moindre match. Il y a quelques semaines, la presse anglaise voyait en lui la victime toute désignée de l’arrivée inéluctable de N’Golo Kanté chez les Bleus. Au final, les membres de la Toon Army ont préféré en rire sur la toile, certains jugeant la présence de Sissoko comme un signe de la faiblesse actuelle de la sélection française ou le signe que Didier Deschamps ne juge pas tous ses joueurs sur leur forme actuelle. Faut-il pour autant s’inquiéter de la pertinence des choix du champion du monde 1998 ?
Souviens-toi Dugarry et France 98
Il y a près de 20 ans justement, Aimé Jacquet avait essuyé une vague de critiques pour avoir insisté dans les convocations de Christophe Dugarry, alors considéré comme l’un des plus faibles sélectionnés du groupe France. Ce qui n’avait pas empêché les Bleus de remporter le Mondial avec l’ami intime de Zinédine Zidane pour débloquer la situation en ouverture du tournoi contre l’Afrique du Sud. Avec 36 sélections au compteur à seulement 26 ans, Moussa Sissoko a déjà ses habitudes dans le groupe France, a rarement déçu en Bleu et affiche une polyvalence précieuse dans le contexte d’une compétition internationale. Et Didier Deschamps continue sûrement de voir en lui un parfait soldat pour la mission commando que représente l’Euro.
Par Nicolas Jucha