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Mourinho, saisons 3 à la loupe
C'est bien connu : José Mourinho, en pleine galère actuellement avec Manchester United, ne réussit jamais ses troisièmes saisons dans un même club. Vraiment ? Retour sur ces dernières, qui noircissent la carrière du Portugais.
C’est paradoxalement une troisième saison qui a révélé José Mourinho aux yeux du monde. Arrivé à Porto en janvier 2002, le Lusitanien construit son groupe de main de maître durant un an et demi… Avant de tout exploser en 2003-2004. Contre toute attente, l’entraîneur s’empare en effet de sa première Ligue des champions, éliminant Manchester United en huitièmes et battant à plate couture Monaco en finale. De là part la réputation du Portugais, qui répond favorablement aux sirènes anglaises en s’engageant à Chelsea après cet exploit relevé. Merci à cette troisième saison, donc. Qui est à ce jour la seule réussie. Enfin, il paraît…
Comment une union aboutissant à une période aussi faste peut-elle prendre un virage aussi puant ? Après avoir remporté deux Premier League et une League Cup, celui qui s’est autoproclamé le Special One échoue dans sa nouvelle quête de titre national suprême. Mais atteint tout de même le dernier carré de la C1 (éliminé par Liverpool) et glane surtout les deux autres coupes anglaises. Sauf que des frictions commencent à apparaître entre le technicien, le vestiaire et les dirigeants. Les relations entre le Mou et Roman Abramovitch, notamment, ne sont plus au beau fixe. En cause ? Le manque de pouvoir illustré par l’achat à l’été 2006 d’Andreï Chevtchenko, que le coach ne désirait pas et qu’il s’est senti imposé. Suivra un licenciement en septembre 2007 déguisé en arrangement à l’amiable. Des médailles plein les valises.
Ou l’année de toutes les dissensions. Pour la première fois depuis 2003, le tacticien clôture une saison sans soulever le moindre trophée. Mais cela n’est que la conséquence symbolique d’un Real qui implose de toutes parts. Plus du tout en bons termes avec les cadres du club (Sergio Ramos, Iker Casillas…) et obnubilé par le Barça, Mourinho montre son visage le plus laid et se nourrit du conflit perpétuel pour terminer l’exercice. Comme si son défi personnel d’ego l’obligeait à s’isoler le plus possible en s’embrouillant avec tout le monde et avec tous les médias. Si les résultats ne s’avèrent pas véritablement mauvais, l’image de la Maison-Blanche en prend un coup. De quoi tourner la page rapidement, et ne pas regretter le départ d’un entraîneur tout de même capable de briser l’hégémonie catalane (champion de Liga en 2012).
« Au bout d’un an et demi, deux ans maximum, Mourinho finit par cramer ses joueurs. C’est ce qu’on m’a dit quand il était à Madrid, et c’est maintenant le cas à Londres. Je reste persuadé que les joueurs ont arrêté de le suivre. » La sentence est signée Fabio Capello pour Fox Sports. À l’époque, nous sommes en 2015, et Chelsea, pourtant champion en titre, réalise un début de saison catastrophique. Incapable de briser la machine à perdre, José crée en plus la polémique en s’emportant contre Eva Carneiro (alors médecin du club), continue de garer son bus devant les cages et zappe le visage du Happy One, comme il s’est qualifié lors de son retour chez les Blues. Sans trop de surprise, le président Abramovitch casse finalement sa tirelire pour dégager la bombe loin de son équipe. Comme sept ans plus tôt.
La question qui se pose aujourd’hui entoure davantage la date du départ de Mourinho que la position au classement de Manchester United en fin de saison. Car l’entraîneur des Red Devils semble une nouvelle fois en fin de parcours. Déjà critiqué pour le jeu déployé malgré quelques succès (une Ligue Europa et une League Cup), le Mou n’en finit pas de donner du grain à moudre aux journalistes en raison de ses disputes avec ses joueurs (Paul Pogba, Alexis Sánchez…). Le problème, c’est que le monsieur ne paraît pas en mesure de se réinventer pour changer les choses et s’adapter aux nouveaux défis du football actuel. Et si on se remettait en question, José ?
Par Florian Cadu