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Mourinho et Porto, un amour très vache
Le FC Porto l'a révélé, il a presque tout gagné avec le FC Porto... Entre José Mourinho et son ancien club, les relations devraient être chaleureuses. Au lieu de ça, les deux camps se font plus ou moins la gueule depuis une bonne dizaine d'années. Retour sur une anomalie qui fait toujours couler de l'encre à l'ouest de la péninsule Ibérique.
Porto et Mourinho. Deux grands noms du football européen qui doivent beaucoup l’un à l’autre. Le premier a offert au second un double tremplin sur la scène internationale, d’abord en tant qu’adjoint de Sir Bobby Robson, puis dans le rôle d’entraîneur principal, au début du XXIe siècle. Le Mou a quant à lui remis sur pied une institution qui avait entamé le nouveau millénaire fort négativement – les Dragons n’ont pas gagné le moindre championnat de 1999 à 2002 inclus -, en lui donnant, en prime, deux nouveaux titres européens qui permettent alors au FCP de devancer le rival benfiquista sur la scène continentale. Dire que chacune des parties doit quelque chose à l’autre revient à affirmer qu’elles sont quittes. C’est donc avec le sentiment d’avoir accompli sa tâche et aucun remord que José Mourinho laisse les rives du Douro pour celles de la Tamise.
Pinto da Costa, lui, sait qu’il ne peut pas en vouloir à un entraîneur qui a pillé quasiment tous les trophées qui se sont présentés à lui de 2002 à 2004 pour remplir un peu plus le musée portista. Les deux parties avaient tout pour s’aimer malgré la distance et le destin qui les sépareraient. Pourtant, elles entretiennent aujourd’hui des relations froides, pour ne pas dire glaciales. Mais peut-on vraiment parler de divorce si le mariage n’a jamais été consommé ? Car la vérité, c’est que José Mourinho a toujours été respecté pour son travail à Porto, sans réellement être adoré. Réciproquement, le Special One ne faisait pas grand-chose pour montrer ses sentiments à un club qui marche essentiellement à l’affect. Autant dire que la relation à distance avait peu de chances de fonctionner.
Silence radio et clash par médias interposés
Les adieux de Mourinho au FC Porto auraient pu être couronnés d’une cérémonie spéciale avec les supporters de retour au Dragão, d’une accolade avec son président, d’un bain de champagne ou d’un bain tout court. Au lieu de ça, José Mourinho s’est fait la belle comme un voleur et a provoqué l’ire du peuple azul e branco. En abandonnant les siens le soir même du sacre de Gelsenkirchen en mai 2004, le technicien validait involontairement les tensions qui existaient entre Pinto da Costa et lui, cellee-là mêmes qu’il niait en bloc depuis plusieurs semaines. À l’origine de la brouille entre les deux hommes, le futur du Special One. Le président du club portuense a toujours eu pour habitude de parler avenir et prolongation de contrat directement avec ses coachs. Étrangement, après s’être vu proposer un salaire très juteux suite à l’accès en demi-finale de la Ligue des champions, le Mou décide qu’il ne parlera à la direction portista que par la voix d’un intermédiaire. Un certain Jorge. Une dizaine de jours avant la finale contre Monaco, les deux camps calment le jeu pour ne pas nuire à la préparation mentale de l’effectif. Si certains croient à un apaisement diplomatique, il ne s’agit bien que d’un manège médiatique orchestré par deux personnes qui n’échangeront plus le moindre mot doux à partir de là.
Plus de dix ans après avoir quitté o Estádio do Dragão, l’actuel manager de Chelsea n’est toujours pas en paix avec la formation qui l’a réellement lancé. Invité à réagir sur le mercato du FC Porto (et du Sporting), le Portugais s’indigne du fait que « Porto a payé 20 millions d’euros pour Imbula et offert un salaire incroyable à Casillas, alors que le Portugal est un pays avec beaucoup de problèmes économiques, sociaux et politiques » . Une pique à laquelle ne manque pas de répondre Pinto da Costa, citant un article de Marca. « José Mourinho a récemment décidé de critiquer les dépenses faites par le FC Porto. Ce n’était pas très joli, et, après avoir tiré dans tous les sens, voilà que Marca a fait les comptes et conclu que José Mourinho est l’entraîneur qui a le plus dépensé d’argent au monde depuis 2004, précisément après son départ de Porto. » Rap Contenders. Et ce ne sont pas les déclarations d’avant-match de celui que l’on surnomme « le pape » à l’encontre de son ancien entraîneur « et ami, Mourinho » , qui change quoi que ce soit à l’opinion que l’un à sur l’autre.
Maillot déchiré, batifolage et crachat
Dire que José n’a pas que des amis dans son ancienne demeure est un bel euphémisme. Outre son ancien boss, l’autoproclamé meilleur entraîneur du monde a aussi réussi à se mettre les sltras des Super Dragões à dos, à tel point qu’il y a onze ans jour pour jour, l’un d’entre eux est même allé jusqu’à cracher à deux reprises sur la figure du Mou. Ce dernier était alors venu saluer les supporters portistas qui avaient fait le déplacement à Stamford Bridge à l’occasion des premières retrouvailles entre le FC Porto et son ancien commandant. L’auteur du geste, évacué quelques minutes plus tard, n’est autre que la personne qui avait menacé à mort le Special One, 48 heures avant la finale de Gelsenkirchen. Le récidiviste lui reprochait d’envoyer des textos un peu trop doux à sa femme et de l’appeler de temps à autre.
Le leader des Super Dragões, à l’époque Fernando Madureira, avait profité de l’occasion pour expliquer aux médias que le groupe d’ultras avaient cessé de scander le nom de Mourinho au stade au terme d’un Porto-Sporting à Alvalade bien avant cette affaire, qui n’a fait que confirmer qu’il ne méritait pas d’être vénéré à leurs yeux. Pourquoi ce match, précisément ? Ce soir-là, alors qu’un membre du staff était venu échanger amicalement le maillot de Rui Jorge (ancien Portista) contre celui de Vitor Baia, dans le vestiaire du FCP, le coach portugais est entré dans une colère noire et a déchiré le maillot du Sportinguista, qu’il accusait d’avoir manqué de fair-play pendant le match avant de souhaiter qu’il « décède sur le terrain un jour » . À l’heure actuelle, il est difficile de savoir où en sont les relations entre José Mourinho et la majorité des supporters de Porto. Le match de ce soir nous en dira peut-être plus.
Par William Pereira